"Cher journal, aujourd'hui j'ai joué à Vivisector, et c'était pas terrible. Demain, avec de la chance, j'irai à la piscine.
Plus qu'un jeu, Vivisector était devenu une véritable marotte pour nous à la rédaction. Un FPS russe qui repompe sans vergogne l'intrigue de l'Ile Du Docteur Moreau en y ajoutant des militaires et qui en plus porte un nom qui est déjà tout un programme, ça vous marque une génération. Sorti depuis des lustres en Russie et en Allemagne et alors qu'on ne pensait plus que quelqu'un serait assez fou pour le distribuer en France, voilà que Nobilis a affronté ses peurs et pris la décision de nous offrir Vivisector, "le FPS 100 % sauvage". Qu'on ne vienne pas me dire qu'ils ne sont pas grave guedins chez Nobilis. Vivisector commence donc (mal) par une cinématique (laide) exposant comment vous et votre équipe partez à la rescousse d'un complexe militaro-scientifique perdu sur une île. Cinématique qui s'interrompt abruptement afin de mieux vous plonger sans plus de transition au coeur du jeu, boum, boum, paf, paf, tout le monde meurt sauf vous, des hyènes cybernétiques vous attaquent et voilà, c'est parti pour l'escalade animalière burlesque. Lentement, on apprendra que l'armée hébergeait en ces lieux un savant fou chargé de mener d'obscures expériences sur des animaux mais que son goût prononcé pour l'aventure scientifique a rapidement conduit à ajouter un facteur humain à ses recherches. Voilà comment on sert une resucée du Docteur Moreau pour un FPS qui, du coup, prend des allures de Far Cry du pauvre, voire du miséreux.
Certes, le jeu ne date pas d'hier et il lui a fallu du temps pour arriver jusqu'à nous, mais même son âge aura du mal à expliquer son état pictural sénile. Particulièrement laid tant par son aspect technique que dans ses choix, hem, esthétiques, Vivisector se complaît dans les teintes marron, mais pas un joli marron chocolat, non plutôt genre marron taupe. Alors ça peut être très joli le marron taupe, mais dans un jeu, non, c'est très vilain, surtout quand même l'herbe paraît sensiblement virer dans cette curieuse nuance. A sa physionomie ingrate, Vivisector ajoute en plus une difformité irritante. Son level design est un exemple supplémentaire de ce qui arrive quand on veut composer une campagne solo totalement linéaire perdue dans un environnement faussement ouvert. En extérieur, on a la sensation de errer sur des plaines désespérément vides pendant que les intérieurs sont terriblement étriqués, mais tout aussi vides.
Car voilà une autre caractéristique de Vivisector : il ne se passe rien. On arrive à traverser un niveau sur plus de sa moitié sans rien faire d'autre qu'avancer. Jusqu'au moment où l'on atteindra un point de combat. Une sorte de zone dans laquelle des créatures à quatre ou deux pattes vont se déchaîner sur nous. Ensuite, on reprend la marche, on se bat un peu, on marche etc. Généralement, une fois qu'on a commencé, on sait qu'il nous reste encore 3, ou 4 arènes de ce genre avant que, de nouveau, une morne inactivité s'empare de nous. Ce qui n'est pas plus mal, parce que les combats sont du genre à vous laisser dans un triste état. Encerclé par 15 bestioles qui courent à une vitesse folle et vous crachent du feu en pleine face (quand elles ne sont pas carrément invisibles), le temps de comprendre ce qui se passe et votre santé passera de 100 à 5 avant que vous n'ayez pu liquider un hybride. Et pour bien faire, il est fréquent que l'on tombe à court de munitions. Bilan des courses, pour dire halte à la prise de tronche, en cours de jeu appuyez sur la touche "ù" et tapez "godmode 1" puis Entrée. Oui, parfois être testeur, c'est agir comme un branleur, mais j'assume. Parce que vous filer un combat contre 15 chats aux hormones cracheurs de feu, sans munitions et ne pas offrir de médikits après l'affrontement pour mieux vous coller 10 mètres plus loin dans les pattes de 4 hyènes bioniques qui vous enferment dans une cage, c'est quand même un tantinet vouloir jouer avec les nerfs des joueurs.
Bref, moi qui me faisais grande joie de voir arriver ce que nous prenions pour un Graal ludique de la Sainte rigolade, me voilà bien déçu, car passés quelques petits pouffements, Vivisector m'aura surtout fait grogner. Notez cependant qu'une légende urbaine voudrait que j'aie la grogne aisée.
- Graphismes5/20
Verdâtre et marron moche en extérieur, Vivisector vire au gris bleu en intérieur. Les décors sont tellement plats et vides qu'il y a de quoi vous coller le bourdon. Animation, physique et modèles 3D sont d'un autre âge. Un âge lointain.
- Jouabilité2/20
Quand on ne se fait pas harceler par un zoo radioactif, il ne se passe absolument rien, même pas un oiseau qui s'envole, rien, le néant, pfuit, nada, que dalle.
- Durée de vie5/20
Franchement, à votre avis ? Vous y joueriez combien de temps vous ?
- Bande son8/20
Le contenu des dialogues est insipide, leur énoncé également. Le jeu est pratiquement dépourvu de musique in-game, ou même d'effets d'ambiance pouvant donner un peu de substance ou d'atmosphère.
- Scénario6/20
Celui de l'Ile Du Docteur Moreau mais en plus ringard et avec des gros militaires idiots.
Vivisector accumule un paquet de tares. Son rythme de progression est archaïque avec des sortes d'arènes successives où on s'en prend plein la tronche, suivies par des phases de marche parfaitement inintéressantes au milieu de décors aussi peu plaisants à l'oeil que mal conçus. On savait qu'il serait mauvais, sur ce point au moins, Vivisector ne nous déçoit pas, dommage qu'il ne soit finalement même pas drôle.