A peine rentré au garage qu'il sort à nouveau et ce de façon définitive cette fois. Ghost Rider, c'est un peu une ice-cream qui fond trop vite. On veut y goûter, on apprécie sa saveur, on prend son temps pour faire durer le plaisir mais finalement on se rend compte que les fragrances distillées par le produit s'estompent à mesure qu'on les hume.
Comme je le précisais il y a quelques jours lors de ma preview, Ghost Rider est un immense patchwork, un gros mélange, une symbiose des plus gros hits d'action de ces dernières années sur PS2. En piochant des idées graphiques, des idées de mise en scène et de gameplay à leurs petits camarades, Climax s'est évertué à recycler pour tenter de faire fleurir leur dernier-né. Cependant, si l'engrais est de qualité, on ne peut pas dire que la pousse ait vraiment pris dans le sens où le jeu manque diablement de punch, malgré le dynamisme de ses combats, d'inventivité, malgré les deux types de phases proposées, et de volonté, malgré une histoire originale s'appuyant malgré tout sur les comics d'origine. Il est d'ailleurs assez flagrant de s'apercevoir à quel point ce qui fait un bon jeu d'action n'est pas nécessairement son graphisme, son gameplay (bien que ces deux points y contribuent) mais bel et bien sa construction qui se doit d'amener une progression, qui peut être linéaire, mais qui doit surtout ne pas faire l'impasse sur les coups d'éclats, les surprises afin de relancer la machine. Bien entendu, en écrivant tout ceci, j'ai encore en mémoire le phénoménal God Of War qui avait tout compris à ce niveau-là et qui reste à l'heure actuelle un modèle du genre en terme de narration ludique et de réalisation punchy.
Ghost Rider s'articule donc autour de deux gameplays différents. Le premier vous invite à diriger Johnny Blaze, alias Ghost Rider, dans des phases à pied. Criblé de désarroi, rongé par le démon, notre tête brûlée va alors devoir enchaîner les niveaux en ligne droite afin d'aller sauver sa promise menacée par Mephisto, le roi des enfers. Ici, rien de bien particulier puisqu'avec une précision de métronome suisse (les pires !), on nous fait affronter des hordes de démons gardant le passage vers la zone suivante. Le hic est qu'après une heure de jeu, on ne ressent absolument plus rien en envoyant ad padres nos adversaires, en usant notamment d'actions contextuelles pour achever ces derniers. Pourtant, les combats sont pêchus et le fait de pouvoir utiliser plusieurs mouvements (à débloquer en récoltant des orbes), un fusil à pompe ou deux pouvoirs spéciaux (le premier éliminant tous les ennemis alentours, le second boostant vos capacités d'attaque et de défense), augmente l'intérêt des joutes. Il aurait suffit d'un peu plus d'ambition dans la façon d'aborder les combats, et a fortiori le jeu, pour que le tout décolle. Au lieu de ça, la longueur des affrontements dérange et la seule idée prétendument salvatrice se résume à insérer quelques stages à moto ici et là.
Une fois démarrée votre trottinette motorisée, il ne faudra plus lâcher l'accélérateur sous peine de finir dans un ravin, un mur ou de se prendre un ennemi en pleine face. Ainsi la jouabilité nous permet de glisser pour éviter des barricades ou tout autre obstacle de ce type et d'effectuer un saut pour passer par-dessus des précipices. A noter qu'après avoir défait l'élémentaire de pierre, vous obtiendrez un double saut pour... Heu... Sauter... Hum... Plus haut. Quoi qu'il en soit, le résultat est exactement le même qu'avec les phases à pied. Les premiers coups de pédale sont pleins de promesses, les checkpoints nous évitent de nous retaper des courses assez longuettes mais après trois ou quatre stages de ce type, on finit par se lasser, la grande mollesse de la réalisation y étant pour beaucoup. On peut bien tirer sur les ennemis jonchant le parcours ou utiliser notre chaîne pour combattre à la manière d'un Ben Hur mais ceci n'est pas suffisant pour nous donner envie de remonter sur notre bécane démoniaque.
Finalement, si ma première impression fut positive, la conclusion est beaucoup plus mitigée. Ghost Rider n'est pas un mauvais jeu, il serait bête de s'en priver vu son petit prix de vente de 40 euros, les bonus à débloquer (comics, vidéos) sont loin d'être inintéressants mais le manque d'hardiesse dans la réalisation énerve, fatigue et lasse. A force de trop vouloir singer ses concurrents directs, Climax a oublié de penser son jeu en terme de construction et le résultat saute aux yeux passées une ou deux heures de jeu. A ce sujet, sachez que la difficulté du titre pourra être variable en fonction du mode choisi : Facile, Normal ou Difficile. Cependant, la régénération du Ghost Rider (à l'aide de flambeaux disséminés à droite, à gauche) est moyennement convaincante et on eût préféré, pour le compte, que les développeurs optent pour le système d'orbes de Devil May Cry. Le verdict n'étant donc pas sans appel (en tant que fausse extension du film sortant le 21 février prochain, le jeu est assez concluant), je me permettrai de vous inciter à essayer la bête dans un premier temps et à compter jusqu'à 666 avant de prendre votre décision.
- Graphismes14/20
Le graphisme et les mouvements de caméra renvoient à Devil May Cry et divers styles architecturaux (western, baroque, gothique, contemporain) nous proposent de visiter des décors disparates. Les effets spéciaux et autres ralentis PoPesques apportent également un complément artistique aux rixes.
- Jouabilité14/20
Une jouabilité adaptée qui a fait ses preuves à travers d'autres grands noms du jeu vidéo comme God Of War, Onimusha ou Devil May Cry. Le système d'orbes permet de débloquer davantage de mouvements ou de booster ses caractéristiques et les phases à moto apportent un soupçon de diversité. Pas de gros problèmes de caméra à signaler mais une vraie baisse de rythme à mesure qu'on avance. Dommage.
- Durée de vie12/20
Le jeu est constitué de plusieurs chapitres, assez courts en règle générale, et c'est tant mieux car la plupart du temps, on souffre devant des combats qui s'éternisent. Les bonus se débloquent à la vitesse de la lumière et après avoir terminé le titre une première fois, aucune chance d'y revenir.
- Bande son13/20
Le doublage français n'est pas mauvais en soi et les musiques rock collent bien à l'atmosphère. Pas de remarques particulières à formuler concernant les bruitages.
- Scénario11/20
Par le biais d'un découpage comics-book, l'histoire progresse en faisant intervenir divers personnages de la BD originale, sans oublier l'apparition fugace de Blade. Le synopsis est tout de même très convenu et ne surprendra personne.
Ghost Rider accroche, appâte le chaland mais n'arrive pas à le retenir. Profitant d'une bonne réalisation et de quelques idées sympathiques, à défaut d'être originales, le produit de Climax est parfaitement calibré mais a complètement oublié de peaufiner sa progression qui s'enlise dans des débordements apathiques qui finiront par lasser le plus Blazé des joueurs.