Est-ce pour brouiller les pistes que la licence Shrek s'est vue d'abord déclinée en party-game et en beat'em all avant de s'attaquer enfin aux courses de karting ? Le fait est qu'après Shrek : Super Party et Shrek : Super Slam, Shrek Smash'N'Crash Racing vient boucler la boucle des adaptations sans intérêt qui ne méritent pas vraiment notre attention de joueur.
Si l'on rajoute à ces déclinaisons douteuses les autres épisodes sortis à l'occasion des deux longs métrages, on se retrouve avec une véritable colonie de titres inspirés par les films de Dreamworks. Mais le personnage de Shrek a beau bénéficier d'un charisme redoutable, ces différentes adaptations ne nous ont jamais convaincus de la nécessitée de transposer l'univers du film en jeu vidéo, et ce n'est pas cette nouvelle tentative qui me contredira.
Sorti dans le but de nous faire patienter en attendant l'adaptation officielle du troisième long-métrage, cet épisode annexe aux aventures de Shrek vient donc rajouter son grain de sel dans une catégorie où bien des jeux à licence se sont cassés les dents. Comme bon nombre de ses concurrents, Shrek Smash'N'Crash Racing ne fait clairement pas le poids contre le modèle Mario Kart qui ne craint décidément pas grand-chose sur son piédestal. Malgré tout, le titre de Torus a quand même l'avantage de bénéficier du charme que dégage l'univers de Shrek, avec ses personnages décapants et son approche visant à parodier les contes de fées de façon très pertinente. Des ingrédients qui ne suffisent pourtant pas à pimenter la sauce trop conventionnelle ayant servi à l'élaboration du soft. Certes, les circuits font preuve de beaucoup d'humour, et voir les héros du film se bousculer mutuellement est quelque chose que l'on ne peut s'empêcher de savourer, mais il aurait fallu penser à rajouter un gameplay plus inspiré pour que le titre sorte du moule classique du jeu de courses de kart lambda.
Sur le papier, Shrek Smash'N'Crash Racing aligne pas moins de 12 personnages comptant sans aucun doute parmi les plus appréciés du dessin animé. Mais comme les seuls à être disponibles dès le départ sont Shrek, Fiona, l'Ane et Ti Biscuit, il faudra batailler ferme avant de réussir à débloquer tous les autres, dont l'indispensable Chat Potté, le Prince Charmant ou même Pinochio. Outre le charisme de ces individus qu'il n'est sans doute plus nécessaire de présenter, c'est surtout la perspective de les voir juchés sur des montures complètement improbables qui fait tout l'intérêt du soft. Une occasion rêvée pour découvrir l'Ane et sa dragonne enfin réunis, ou pour admirer la classe de Ti Biscuit à cheval sur une sorte de pinata en sucre. Les autres ne sont d'ailleurs pas en reste, comme le prouve le Petit Chaperon rouge agrippé à la fourrure du loup déguisé en mère-grand, ou encore les trois petits cochons tassés les uns sur les autres sur leur tapis volant. Le simple fait d'imaginer cette fine équipe au coude-à-coude sur des circuits tirés du film donne plutôt envie de s'y essayer, et c'est là que l'engouement retombe comme un soufflé.
Tout d'abord, et malgré quelques tâtonnements inévitables durant la phase de prise en main, on se rend vite compte que le "pilotage" ne diffère pas vraiment d'un personnage à l'autre. La jouabilité se révèle peut-être plus ardue lorsqu'on contrôle des montures sur pattes plutôt que des engins qui flottent au-dessus du sol, mais les sensations se révèlent à peu près les mêmes. L'impression de lenteur qui se dégage des courses est accentuée par la rareté des bonus d'accélération, et par la durée trop longue de certains effets liés aux options comme le glaçon qui vous gèle sur place. D'une manière générale, les power-ups ne font pas preuve d'originalité dans le sens où leurs fonctions renvoient aux options classiques de n'importe quel clone de Mario Kart. Par conséquent, ceux-ci ne sont originaux que dans la forme, les nains de jardin explosifs côtoyant sans honte les ballons-grenouilles et autres gaz nauséabonds, au point que l'on finit par ne plus y prêter attention. Des options qui ont également le désavantage d'être assez mal calibrées, puisque distribuées complètement aléatoirement et ne permettant pas de rattraper les échappés lorsqu'on est un peu à la traîne. Les concurrents sont de toute façon rarement éparpillés et forment plutôt un peloton qui franchit souvent la ligne d'arrivée avec seulement quelques dixièmes de secondes d'écart. C'est d'autant plus frustrant que les raccourcis ne permettent généralement de s'offrir qu'une très faible avance et qu'il est évidemment impossible de se protéger contre tous les malus qui peuvent nous tomber dessus.
Le jeu souffre donc déjà d'une difficulté non progressive, puisque les compétitions n'affichent aucune arborescence dans les catégories de challenges proposés. Ces derniers se limitent d'ailleurs à un tournoi global combinant toutes les courses, et à des coupes regroupant les circuits trois par trois. A condition de ne pas se laisser endormir par le gameplay archi-conventionnel et de faire preuve de réussite, il faut compter quelques bonnes heures avant de parvenir à déverrouiller l'ensemble des personnages disponibles ainsi que les 12 circuits du jeu, auxquels viennent s'ajouter leurs versions miroir. Du marais de Shrek au Château fort fort lointain, en passant par toutes sortes de zones étranges, le titre de Torus nous fait voir du pays, à défaut de nous offrir un vrai plaisir de jeu en solo. La version PS2 limite d'ailleurs le multijoueur à seulement deux participants, contre 4 sur GameCube en écran splitté. Si vous êtes en quête d'un Mario Kart-like et que vous n'êtes pas trop exigeant, laissez-vous tenter, mais le plus sage serait quand même d'attendre de voir ce que va donner l'adaptation du troisième long-métrage de Shrek, ou mieux encore de se limiter aux films.
- Graphismes12/20
Le rendu visuel est agréable et les animations restituent bien le caractère des différents personnages issus du film, mais les environnements demeurent tout de même trop classiques.
- Jouabilité10/20
Le gameplay a quelque chose de soporifique qui finit par nous endormir lorsqu'on n'est pas carrément frustré par la distribution aléatoire des options. Le "pilotage" ne diffère pas suffisamment d'une monture à une autre, et les circuits manquent de pièges dignes de ce nom.
- Durée de vie12/20
Le contenu se débloque au fur et à mesure et requiert pas mal de persévérance pour qui veut tout déverrouiller. Le jeu comporte quand même 12 circuits plus leurs versions miroir, et 12 personnages dont seulement 4 sont disponibles au départ. Dommage que l'on n'ait pas le choix du mode difficulté et que les challenges ne soient pas du tout progressifs.
- Bande son10/20
Les musiques sont anecdotiques et on aurait largement préféré retrouver les thèmes présents dans les deux films. Du coup, l'ambiance n'est pas vraiment au rendez-vous et les répliques des personnages sont tellement fréquentes qu'on finit par ne plus les supporter.
- Scénario/
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Avec le nombre croissant d'adaptations diverses basées sur la licence Shrek, l'ogre au coeur tendre se devait de faire une incursion dans le domaine des courses de kart. Malheureusement, le résultat est loin d'être exceptionnel, et seuls les moins exigeants ne regretteront pas leur achat. On s'en doutait un peu...