Si vous aviez l'habitude de jouer à la bataille navale avec vos petits camarades pendant les cours soporifiques de votre prof de maths, vous serez peut-être heureux de découvrir Battlestations : Midway. Sorte d'hybride entre jeu d'action et jeu de stratégie, le soft d'Eidos vous propose de revivre le combat titanesque entre la marine impériale japonaise et les flottes américaines.
La guerre a beau être le protagoniste principal du jeu, on n'incarnera pas moins un jeune lieutenant tout juste affecté à la base de Pearl Harbor où se trouve rassemblée une grande partie de la flotte de guerre américaine. Henry Walker sera donc votre pseudonyme tout au long d'une campagne curieusement mise en scène à l'aide de cinématiques pas toujours très convaincantes. Entre un grain d'image volontairement granuleux pour donner l'impression de diffuser un reportage d'époque, des personnages proches des extraterrestres de X-files, et des dialogues et idées qui sentent le réchauffé, on ne sera pas trop gâtés. Mais ce n'est pas là l'essentiel du titre qui n'offre un scénario que par charité.
Une fois la galette avalée par votre machine, on ne saura que trop vous conseiller de passer par la case tutorial. Oh, je vous vois venir, on se dit que les initiations, ça ne sert pas à grand-chose et que rien ne vaut un apprentissage traditionnel, sans manuel et en tâtonnant, à la bonne franquette en somme. Alors oui, vous arriverez sans doute à vous en tirer dans les premières missions de la campagne, mais plus tard, je ne donne pas cher de votre cuirasse. En fait, n'espérez pas gagner la guerre sans passer par l'école navale. L'initiation de Battlestations : Midway vous paraîtra peut-être interminable, car elle prendra plus d'une demi-heure à compléter, mais les indications vous seront indispensables pour la suite. Un instructeur vous apprendra donc l'art de manoeuvrer, de combattre et même de réparer plusieurs types de navires, sous-marins et aéronefs. Et c'est là que l'on comprend la teneur du difficile pari que se sont lancés les développeurs : associer un aspect stratégie, certes basique, aux scènes d'action d'un jeu d'arcade.
Ainsi, on pourra par exemple ordonner à un porte-avions de lancer plusieurs escadrilles de chasseurs, dont vous aurez choisi l'armement au préalable, pour ensuite prendre place dans le cockpit et être le fer de lance de l'assaut. Si les différentes options stratégiques disponibles ne sont pas forcément évidentes à gérer avec un pad, rien ne sera hors de votre portée après quelques heures passées au combat. Le tout n'est pas forcément très intuitif, mais on finira par oublier ces défauts à l'usage. D'autant que les options ne sont pas finalement très nombreuses. On passera donc d'une unité à une autre, on donnera quelques ordres du type attaquer ou atterrir, on jouera un peu au pilote ou on regardera nos troupes se lancer au combat, avant de passer à une autre zone de la bataille. Pour en arriver là, il faudra passer beaucoup de temps sur une carte stratégique, accessible à tout moment et plutôt bien pensée. Mais l'essentiel du soft réside surtout dans les combats. L'I.A. n'est d'ailleurs pas des plus développées, et il sera souvent indispensable de prendre vous-même la direction des opérations pour torpiller un croiseur par exemple.
En fait, Battlestations : Midway n'est pas à proprement parler un véritable STR, mais reste avant tout un jeu d'action. Le pilotage des différents instruments de guerre est très arcade et plutôt agréable, même si on notera quelques réactions étranges de la part de certaines unités. Cependant, le reproche majeur que l'on peut adresser au titre, c'est le manque de pêche des affrontements qui ne sont accompagnés que par des bruitages manquants cruellement d'ampleur. On aimerait que ça explose, que ça tonne de tout côté, mais le fait est que Battlestations : Midway est austère, très austère. A trop vouloir faire le grand écart, le soft a tout de même du mal à tenir une position aussi instable.
Même chose du côté de la campagne qui ne propose malheureusement que onze missions, du raid sur Pearl Harbor à la victoire écrasante des Américains lors de la bataille de Midway, et qui souffre d'un rythme délibérément haché. Alors qu'on vous a fait goûter aux joies du commandement de plusieurs unités pendant vos classes, les trois premières missions ne vous permettront que de diriger un seul navire ou avion... C'est amusant un moment, mais on en veut vite plus. Heureusement que le jeu monte en puissance pour finalement vous laisser être le maître de la destinée de près d'une cinquantaine d'unités. Autre problème qui témoigne de l'aspect demi-jeu de stratégie du soft : il est impossible de vivre la campagne du côté des Japonais. On ne pourra incarner les soldats nippons qu'au court de missions spécifiques en marge de la campagne. Ces défis, au nombre de douze, sont d'ailleurs assez exigeants et plutôt amusants. Avouez qu'être aux commandes d'un sous-marin et devoir couler plusieurs bâtiments précis au beau milieu d'une gigantesque flotte est un concept assez excitant.
Reste à voir ce que pourra offrir sur la longueur un mode multi qui s'annonce intéressant. On pourra ainsi participer à une bataille navale grand luxe en duel, ou avec 7 autres officiers qui se partageront alors le commandement des deux armées. Un concept des plus aguicheurs, et on espère que les serveurs seront un peu plus stables à l'avenir car mes premières parties ne se sont pas faites sans mal. Un peu de lag, une interface qui n'est pas toujours très claire et des joueurs qui quittent ou se font déconnecter en cours de partie. C'est un peu le lot de tous les jeux sur le Xbox Live, mais tout de même, il y a là matière à faire quelque chose de très plaisant.
- Graphismes9/20
Battlestations : Midway n'est pas un titre impressionnant pour la Xbox 360, il est même plutôt austère. Il n'y a que peu ou pas d'effets visuels, l'océan et les îles ne semblent pas naturels, et même les explosions manquent de pêche. Les différents véhicules sont certes reconnaissables au premier coup d'oeil, mais il ne sont pas très détaillés ni très soignés. Voilà peut-être le résultat d'un développement long et tortueux destiné à tourner sur plusieurs plates-formes.
- Jouabilité13/20
Le soft est exigeant mais se laisse dompter si on y met le temps, un peu comme Bataille Pour La Terre Du Milieu II sur le même support. Les phases d'actions sont amusantes et agréables avec un pad mais la gestion des unités elle est bien plus délicate qu'avec une souris. Les options sont basiques mais le titre peut se targuer d'offrir une certaine richesse pour un joueur console.
- Durée de vie13/20
La campagne est un peu trop courte mais les différents challenges ainsi que le mode multi devraient pouvoir suffire à vous tenir en haleine quelque temps. Quel dommage qu'on ne puisse pas revivre la guerre du côté des Japonais !
- Bande son9/20
Musiques oubliables de film de guerre et bruitages qui semblent étrangement étouffés se conjuguent pour offrir à nos oreilles une bande-son des plus décevantes. Le jeu aurait beaucoup gagné en immersion s'il avait su se doter du son d'un Call Of Duty.
- Scénario/
Henry Walker n'est qu'un nom et une voix dans Battlestations : Midway. Si vous avez été attentif en cours d'histoire, vous connaissez le scénario...
Battlestations : Midway est-il un jeu de stratégie pour les fans d'action, ou l'inverse ? Tantôt agréable, tantôt poussif, le soft a tout de même le mérite d'offrir quelque chose de nouveau sur console. Si vous pouvez faire abstraction de sa réalisation décevante et de sa difficulté conséquente, vous pourrez trouver de quoi vous satisfaire dans les eaux tumultueuses du Pacifique.