"Pffffff" Pourquoi pffffff ? Parce que bien souvent un petit soupir vaut mieux qu'un long discours. Un soupir, ça résume bon nombre de choses en une brève mais éloquente exhalaison d'air qui ne fatigue même pas les cordes vocales. Et en plus, c'est compréhensible dans toutes les langues. Le soupir, c'est l'esperanto du jeu vidéo.
Pffffff disais-je donc. Une façon comme une autre de commencer la rédaction du test de The Mark, FPS qui avait déjà fait les frais d'une preview peu enthousiaste. Je ne reviendrai pas sur le scénario rocambolesque et inutile du jeu qu'on synthétisera en expliquant que The Mark comporte deux héros jouables courant après une bande de terroristes. Deux héros entre lesquels on pourra choisir à chaque début de chapitre. D'un côté, nous avons donc Steve Fletcher, qui n'a définitivement rien à voir avec Jessica Fletcher, un marine bien lourdaud, de l'autre nous trouvons Austin Hawke, mercenaire de son état et anglais si je ne m'abuse. La principale différence entre ces deux personnages tient à leur capacité spéciale. Pour Steve, un mode bullet time, pour Austin, un repérage des ennemis qui ressemble comme deux gouttes de sueur à celui de Ghost Recon Advanced Warfighter. Dans un cas comme dans l'autre, on oublie pratiquement systématiquement de s'en servir. L'autre impact du choix de personnage portera sur le chemin emprunté. Si la plupart du temps les deux héros se déplacent de pair, il sera assez fréquent qu'ils se séparent afin de subtilement duper l'ennemi. Ce qui revient en fait à prendre le couloir de gauche pour l'un et celui de droite pour l'autre et n'apporte aucune rejouabilité potentielle au titre. Pour ça, il en faudrait plus, beaucoup plus.
Car The Mark est mauvais, une incarnation du soupir, et du genre qui file mauvaise haleine en plus. Comment dire, à force de voir défiler des FPS médiocres, on finit par réaliser une chose : ils se ressemblent tous. Leur scénario est une vaste blague, ils ressortent les poncifs des plus mauvais films d'action, ils sont rectilignes, ne présentent aucune forme d'I.A. et encore moins d'originalité. Pour illustrer le propos afin que l'idée pénètre bien le cerveau de tout un chacun, le game design de The Mark est tellement navrant, que lorsque les développeurs posent un piège en plaçant une mine laser au sol, le seul endroit d'où, en marchant, vous pourriez la faire sauter, est tellement éloigné de celle-ci que vous ne sentirez rien. Faut-il vraiment en dire plus ? Oui sans doute pour évoquer, comme dans la preview, le problème d'équilibre du jeu. Le grand nombre d'ennemis et leur agressivité ont tendance à faire baisser votre niveau de vie à vitesse grand V, alors pour contrebalancer un peu les choses, les développeurs ont eu la joyeuse idée de littéralement tapisser le sol de medikits. Le résultat final, c'est que jouer à The Mark revient à vider ses chargeurs en gardant le doigt appuyé sur la touche de soin. Franchement, si ce n'est en glissant sur sa propre grenade, je ne vois pas comment on peut courir le risque de mourir.
Cela dit, The Mark peut au moins être drôle. Pour la preview, je m'étais arrêté aux premiers kamikazes. Pour ceux qui n'ont pas lu : pensez à Serious Sam, voilà vous y êtes. Il faut s'imaginer ce jeu qui se veut sérieux vous lancer des terroristes enturbannés, les bras en l'air, courant de guingois pour venir se faire sauter la tronche sous votre nez. Et bien il y a mieux, il y a les kamikazes à moto. La même chose mais en moto, et dans des grottes en plus. Je ne dis pas que dans un éventuel No One Lives Forever 3, ça ne serait pas vraiment drôle, mais là je suppute que l'effet comique soit involontaire et d'un goût des plus douteux. Dans le genre amusant, si on cherche la petite bête, je suis également assez fan des doubles chargeurs. Vous savez, quand on scotche deux chargeurs de façon à ce que l'on retourne l'ensemble afin de recharger plus vite. Là, pareil, mais à l'infini, vous ne verrez jamais le héros prendre un nouveau chargeur, juste retourner le sien indéfiniment. Oui, on va me dire que je suis tatillon et un peu de mauvaise foi, mais quand on passe quelques heures à jouer à The Mark, l'indulgence devient un vague souvenir qui s'évanouit dans les brumes d'un... soupir.
- Graphismes12/20
Le moteur est du genre bancal, s'efforçant d'avoir recours à quelques effets modernes qui font jolis mais sans jamais parvenir à offrir une réelle esthétique ou un minimum de maîtrise. De plus, modélisation et animations sont complètement à la rue.
- Jouabilité6/20
Dans The Mark, on reçoit une pluie de balles compensée par un torrent de médikit, le tout ne rime strictement à rien. Le level design n'a aucun intérêt et les mécaniques de jeu sont archaïques.
- Durée de vie11/20
On enquille les 18 niveaux assez rapidement et l'argument de la rejouabilité en changeant de personnage prête à sourire.
- Bande son9/20
Doublés en français, les héros lancent une somme de répliques minables du genre "j'espère que ça ne lui a pas fait trop mal". Ah, ah, on rit. La présence du doubleur de monsieur Jack Bauer n'arrange rien à l'affaire. Les effets sont fadasses et les musiques heroïco-gonflantes tapent vite sur les nerfs.
- Scénario2/20
Souvent, en l'absence de scénario, l'indication "non significatif" apparaît dans ce champ. Là, ce n'est pas vraiment ça, on sait que le scénario existe quelque part, il est juste pas dans le jeu.
Inspiré par ce qui se fait de pire en matière de films d'action, The Mark n'arrive même pas à raconter son scénario tant sa narration manque de cohérence. Quant au gameplay, il souffre d'une tare assez similaire, sa balance est absurde, son design dénué d'intérêt.