Alors comme ça, on a envie de transformer sa PSP en champ de bataille ? On veut froisser de la tôle et humer l'odeur âcre de carcasses de tanks fumantes ? Si c'est là votre souhait le plus cher, alors BattleZone se pose en candidat sérieux, car les explosions, ça le connaît.
Le nom de Battlezone vous est peut-être familier. En effet, le jeu de combat de tanks futuristes d'Atari avait marqué son monde au début des années 80, grâce à d'excellents graphismes pour l'époque ainsi qu'une action survoltée. Plus tard, deux autres jeux inspirés du même univers déboulaient sur PC en 1998 et 2000 et mélangeaient avec succès le plaisir d'un jeu de stratégie en temps réel et l'action frénétique d'un FPS. Bien que boudés par le grand public, ces deux softs étaient pourtant parvenus à se créer une communauté de fans dévoués, et font encore aujourd'hui figure de référence pour celui qui tente à définir le genre de l'action-stratégie. Récolter du minerai, construire sa base avec ses usines et ses entrepôts, s'entourer d'une quinzaine de véhicules différents pour partir à l'assaut des installations ennemies tout en étant vous-même sur le terrain, en risquant votre vie avec vos hommes, voilà un concept qui fut responsable de nombreuses nuits blanches chez pas mal de joueurs. Mais laissons derrière nous la nostalgie d'une époque révolue et penchons-nous plutôt sur cette dernière version de BattleZone, avec un Z majuscule pour le démarquer de ses aînés.
Si la description ci-dessus était aguicheuse, il faut tout de même prendre en considération le fait qu'on est cette fois sur PSP. Exit donc l'aspect stratégie pour un retour brutal vers les racines profondes de Battlezone. Avec le petit UMD rutilant de la console de Sony, on ne conserve que les tanks et on plonge plutôt dans un univers de combats bruts et violents, d'arènes tortueuses érigées à la gloire d'un concept fondamental dans le monde du jeux vidéo : le frag. En bref, BattleZone sur PSP est résolument axé sur le multijoueur. Le scénario est donc minimaliste, et les diverses planètes du système solaire présentes dans les anciennes versions de la franchise ont été délaissées au profit de notre bonne vieille Terre. Les grandes nations se livrent à une course à l'armement effrénée et c'est à intervalle régulier que prend place une compétition d'aérotanks.
Chaque nation aligne ses meilleurs éléments et son équipement le plus perfectionné pour espérer remporter le tournoi et l'incroyable prestige qui en découle. On vous propose donc de prendre part à ces affrontements en servant sous les couleurs des Etats-Unis, de la Chine, de l'Allemagne, de la Russie, de l'Italie, du Japon et enfin du Canada. Chaque nation équipe ses chars d'une arme spécifique, tel un rayon paralysant pour le Japon et une armure renforcée pour les chevaliers de fer teutons. Avant chaque match, vous aurez le droit, non, le devoir, de customiser votre tank à l'aide d'une bonne petite sélection d'armes et d'attaques spéciales.
Dans BattleZone, on pourra choisir d'en découdre en solo au cours d'une campagne assez courte et facile, apparemment jetée là pour justifier le prix du jeu, ou bien avec quelques potes également possesseurs du soft. Les modes proposés sont classiques, du chacun pour soi à la confrontation de deux binômes, en passant par la capture de drapeau, de points de contrôle ou même d'une balle. En bref, BattleZone adopte la structure d'un FPS comme Unreal Tournament. D'ailleurs, le soft propose des arènes relativement bien pensées qui évoquent indubitablement le soft d'Epic. Les niveaux seront donc emplis de bonus d'énergie, de sorte de trampolines qui éjectent votre machine de guerre dans les airs et lui permettent d'accéder à d'autres zones, et enfin de mécanismes déclencheurs de pièges comme des barrières laser mortelles ou des tourelles fixes.
Après les arènes et l'armement, c'est bien sûr du côté du maniement qu'il faut se tourner pour juger de la qualité d'un soft tel que celui-ci. Et là, on déchante un petit peu même si ça ne part pas trop mal. De manière générale, le tank de base est assez lent mais peut se déplacer latéralement, à l'aide de pas chassés mécanisés en somme. Le système est d'ailleurs assez intuitif. A cela, on ajoute la possibilité d'utiliser un boost de quelques secondes pour filer comme le vent. Les aérotanks sont donc relativement mobiles, normal me direz-vous puisqu'ils ne touchent pas le sol. Mais cela ne veut pas dire que vous pourrez vous affranchir totalement du relief pour autant. Le fait est que le boost vous enverra régulièrement manger des murs et vous perdrez alors tout contrôle sur votre machine. Malheureusement, se réorienter n'est pas forcément évident car les tanks tournent trop lentement sur eux-mêmes. Dans BattleZone, l'inertie est encore plus dangereuse que vos ennemis. Et si par-dessus le marché, une adversaire décide de vous arroser pendant la manoeuvre, on sombre alors dans le grand et ténébreux royaume du n'importe quoi. En plus de ça, la caméra qui se place d'ailleurs derrière votre tank a elle aussi tendance à se coincer dans les murs et fera tout ce qui est en son pouvoir pour vous énerver.
La jouabilité bancale est véritablement le plus gros défaut du soft, mais il est vrai qu'on aura occasionnellement plaisir à participer aux combats de ces gladiateurs mécaniques. L'action est violente et rapide et la réalisation soignée. Ce qu'on pourra toutefois reprocher au soft, c'est le manque d'ampleur des combats, 4 tanks, ça ne laisse pas beaucoup d'espace pour faire des choix stratégiques. On peut certes donner quelques ordres basiques à son coéquipier artificiel, mais au final, le jeu s'envisage toujours de la même manière : on cherche l'ennemi, signalé par une petite balise, et on essaie de le noyer sous un torrent de flammes. Même en multi, il ne sera pas beaucoup question de feinter.
BattleZone fonctionne donc comme un titre arcade limité. Plombé par sa maniabilité délicate, amputé d'une véritable campagne solo, dénué de stratégie, ne proposant seulement qu'à 4 joueurs de s'affronter en réseau local, le soft ne se donne pas les moyens de convaincre et fait plutôt office de pétard mouillé. Le titre n'est pas fondamentalement mauvais, mais à moins de trouver plusieurs autres férus des vieux BattleZone, possédants tous une PSP et une capacité à oublier la tournure foncièrement tactique qu'avait pris la franchise, vous n'aurez pas grand intérêt à acquérir cette nouvelle version des aventures des hovercrafts blindés.
- Graphismes14/20
BattleZone est loin d'être laid mais il manque surtout de personnalité. En dehors de quelques explosions classieuses et des effets de lumières de bon aloi, rien n'est vraiment spectaculaire dans le soft. Alors que les niveaux sont plutôt jolis, ils ne sont pas tous très intéressants ni très différents les uns des autres. Même chose pour les aérotanks, disponibles en trois modèles différents seulement. Enfin, on note quelques baisses de framerate lors des combats les plus intenses.
- Jouabilité10/20
Les aérotanks ont tout de cyber-savonnettes intersidérales, et même si on finit par évoluer à peu près correctement, on ne pourra rien faire de la caméra capricieuse aux mouvements désordonnés. Si vous approchez trop d'un mur ou êtes malencontreusement propulsé dessus, elle aura bien du mal à se fixer sur un angle précis et se complaira dans son style stroboscopique.
- Durée de vie8/20
BattleZone est un titre quasi exclusivement axé sur le multijoueur mais ne propose pas de parties online. Ce paradoxe fait donc figure de paraphe sur document qui proclame la pendaison de BattleZone sur PSP. Le soft ne propose en plus que 8 arènes, dont 2 restent tout de même modifiables pour les possesseurs de PC et d'un accès à internet. Rendez-vous sur www.battlezonegame.com pour plus d'informations.
- Bande son11/20
Bon, à part le risque de ne pas entendre le commentateur vous annoncer que votre drapeau a été subtilisé, vous ne rateriez pas grand-chose en coupant le son du jeu. Les bruitages sont corrects sans être transcendants, de même que les morceaux rock qui accompagnent le carnage.
- Scénario/
Au risque de radoter comme un vieux singe édenté, je dirais qu'un soft aussi résolument axé sur le multijoueur mais qui ne permet pas de s'y adonner pleinement ne mérite pas la moyenne. BattleZone aurait pu être tellement meilleur s'il ne se bridait pas tout seul ! C'est d'autant plus rageant que le titre en avait clairement le potentiel. Les fans de la première heure s'y retrouveront peut-être, mais les adeptes des derniers volets PC et les néophytes des tanks à pédales seront sans doute très déçus de ne pouvoir profiter de leur soft dans son intégralité. C'est un Hiro dépité qui conclue ce test.