Geneviève et ses onze soeurs vivent avec le roi, dans un majestueux château sans doute érigé au prix de nombreuses vies de serfs suants et vociférants mais sans doute satisfaits de leur sort. Les jeunes princesses coulent une vie heureuse et aiment à batifoler dans les fontaines du parc, à manger de la choucroute avec les doigts et à renifler bruyamment lorsque le temps fraîchit. Mais tout cela n'est pas au goût du roi qui décide de dépêcher sur place la duchesse Rowena, réputée pour ses bonnes manières et son respect scrupuleux des règles de la bienséance. Il espère ainsi faire de ses filles des modèles de pureté et d'élégance pour ensuite les marier aux grands dignitaires du royaume tels Ken Kutaragi et Greg le millionnaire. Rowena s'invite donc au château et en profite pour ensorceler le roi et capturer toutes les soeurs de Geneviève d'un coup de baguette magique. Seule solution pour sauver le royaume et son roi : retrouver les chaussons de danse des princesses et les ensorceler à l'aide d'une flûte aux pouvoirs défiant l'imagination. C'est vrai que c'est ce qui vient immédiatement à l'esprit pour régler une crise de cet ordre. Le prince charmant local, Derek, prend donc le taureau par les cornes et décide d'envoyer sa frêle dulcinée Geneviève au charbon pendant qu'il attendra bien au chaud à la taverne du coin. Il en profitera d'ailleurs pour s'autoproclamer charmeur de chaussons officiel du royaume.

Geneviève doit donc traverser l'intégralité du château pour retrouver ses soeurs et les délester de leurs chaussons. Atteindre chacune des princesses implique un bon nombre de sauts qu'il ne sera pas si évident que ça de réaliser puisque Geneviève est horriblement difficile à déplacer. Aussi rigide qu'une bétonnière grippée, la Barbie à couronne ne semble répondre à vos sollicitations que quand cela lui sied. La poltronne saute quand elle veut et est même incapable de tourner sur elle-même pour s'orienter. De fait, elle évoque plutôt un semi-remorque qu'une véritable personne. Vous voulez faire demi-tour ? Je vous plains ! Priez pour disposer d'assez d'espace pour effectuer la manoeuvre. Pour couronner le tout, la vitesse de pointe de la donzelle approche celle d'un koala unijambiste. Il va sans dire que les petites filles souffriront beaucoup de cet aspect du titre, même si les chutes ne seront pas vraiment pénalisées. Mais attention, ce n'est qu'un début ! Avant d'atteindre une princesse, plus ou moins cachée dans une des quatre zones du château, vous serez obligé de passer par la case mini-jeu. Et là, c'est le drame. La plupart sont souvent mal pensés, peu originaux, plombés par les pitoyables déplacements des personnages, trop courts ou trop longs mais toujours ennuyeux et bien souvent très moches.

L'univers de Barbie souffre également beaucoup de son passage sur CD-ROM. Les personnages et environnements en 3D semblent avoir été taillés avec une hache émoussée. C'est bien simple, même les pommes des premiers mini-jeux évoquent des Rubik's Cubes. Pourtant les couleurs sont là, mais elle sont très injustement mises en valeur par des textures grossières et peu affriolantes. Les voix des personnages sont très mal synchronisées avec ce qui apparaît à l'écran et on aura bien souvent l'impression de regarder un épisode de l'inspecteur Derrick ou une pub pour Loréal. Enfin, la caméra ne parvient même pas à suivre correctement le peu d'action qu'on arrive péniblement à extraire du soft. Au moindre virage, celle-ci se cogne contre les murs où change de perspective sans qu'on puisse savoir pourquoi, ni même remédier au problème. Au final, l'impression que le monde de Barbie tangue et oscille au gré de vagues imaginaires est constante et incroyablement dérangeante.