Bien que Rocky se soit brillamment illustré à travers ses deux dernières exactions sur 128 bits, cette franchise n'a jamais vraiment décollé, du moins en comparaison du Fight Night d'Electronic Arts. Autant dire que ce bilan est un peu désolant sachant que les deux sagas sont parfaitement complémentaires dans le sens où l'une privilégie le réalisme pendant que l'autre s'évertue à puiser dans le genre Arcade. Rocky Balboa ne fait pas exception sur PSP et autant dire qu'on prend un pied immense à enchaîner, droite, gauche et uppercut.
Si papy Balboa peut remonter sur le ring à 60 balais, il n'y a pas de raison que la franchise vidéoludique ne puisse pas revenir sur le devant de la scène elle-aussi. Pari tenu par Ubisoft et Digital Fiction qui ont profité du sixième opus cinématographique pour concocter un nouvel épisode sur la Playstation Portable de Sony. Dans l'absolu, rien ne change : les coups pleuvent, les boxeurs tombent, se relèvent et repartent au combat. Ce terme n'est pas trop fort car si il est toujours question de crochets, de contres et d'esquives, l'aspect arcade du jeu permet quelques fantaisies qui décuplent l'impact des coups et par la même la fulgurance des affrontements. Ainsi donc, si le puriste peu tolérant sera outré par tant d'excentricité, le joueur plus ouvert d'esprit prendra un pied énorme grâce à une mise en scène énergique gonflant la puissance de chacun de nos coups.
Disons-le tout net, Rocky Balboa est un très bon jeu. Un très bon jeu qui souffre malheureusement de quelques défauts à commencer par son absence de mode Histoire, fait assez rare pour être signalé puisque nous parlons ici d'une adaptation d'un long-métrage. En sus, ne cherchez pas de mode Tournoi, il n'y en a pas. Pardon ? Eh oui, à croire que les développeurs ont quelque peu oublié le b.a-ba de tout bon jeu de sport qui se respecte. Néanmoins, il ne faut surtout pas s'arrêter à ce genre de détails (importants, j'en conviens) puisque derrière cette première désillusion, se cache un jeu très dynamique. Ainsi donc, pour profiter un tantinet de vos nouveaux gants de boxe, vous pourrez, dans un premier temps, suivre les entraînements de Mickey qui passent en revue chaque aspect du gameplay (défense, esquive, coups spéciaux, combos...) puis partir sur la Partie Rapide, l'Exhibition (même topo que pour la Partie rapide sauf qu'ici, les paramètres du combat sont préselectionnés) ou ce qui se rapproche le plus d'un mode principal, les Combats historiques qui reviennent sur tous les combats des longs-métrages, mineurs comme majeurs, avec quelques extraits de films faisant la jonction entre chacun. Fermant la marche, n'oublions pas non plus le multi grâce auquel vous pourrez vous battre comme des chiffonniers avec un ami.
Comme précisé plus haut, si vous parvenez à franchir le premier obstacle synthétisé par l'absence de véritable aventure, vous arriverez tout naturellement sur le ring, prêt à en découdre avec des adversaires de plus en plus coriaces. Si vous n'avez pas tout suivi, sachez donc qu'en plus de Rocky, vous retrouverez les bien nommés Ivan Drago, Apollo Creed, Clubber Lang, Tommy Gunn, Rodney Frazier ou bien encore Mason Dixon. Pas mal de boxeurs donc même si on regrette que plusieurs d'entre-eux, disponibles en plusieurs "versions", viennent gonfler artificiellement les rangs. D'ailleurs, si on veut être précis, seuls 19 boxeurs sont présents dans le jeu, la plupart d'entre-eux étant à débloquer. Si chacun de nos athlètes dispose de caractéristiques propres (notamment au niveau de la vitesse et la puissance des coups), la différence se fera surtout au niveau de votre maîtrise du gameplay dont les bases sont assimilables en quelques minutes. En fait, la jouabilité est sans doute le point fort de Rocky Balboa, surtout si on laisse de côté les quelques errances d'une IA qui reste d'un très bon niveau malgré tout. Pour faire court, disons que la plupart des coups sont très simples à sortir, ceux-ci requérant une simple pression sur une touche ou une combinaison de plusieurs boutons. De fait, on peut très vite être le témoin d'affrontements dantesques d'autant qu'il est possible de rentrer en mode Déchaîné après avoir maintenu la pression sur votre adversaire. A ce moment, l'image devient diffuse, l'action ralentit et l'amplification des sons fait le reste : vous êtes un titan et il ne vous reste plus qu'à mettre au tapis l'homme qui se tient devant vous. J'en profite pour parler du K.O. et plus spécialement du système de relève. Simple en apparence (une jauge apparaît à l'écran et vous devez utiliser le stick analogique pour placer et maintenir pendant quelques secondes un curseur au centre de la barre), il est au final beaucoup trop sensible, ce qui est passablement énervant vu qu'on a alors un très faible pourcentage de chance de se redresser après s'être écroulé, ceci n'étant pas le cas de notre adversaire. A part ce gros écueil, le gameplay ne souffre d'aucun problème même si l'utilisation de la croix de direction pour repousser un boxeur n'est pas très intuitive.
Finalement, passées quelques déceptions et des temps de chargements très longuets, on reste tout de même agréablement surpris par ce Rocky Balboa. Le système de jeu est intuitif, bien qu'on puisse aussi reprocher au titre un seul angle de vue (la caméra étant située dans le dos du boxeur incarné), la violence des coups ferait presque vibrer la portable et l'étalon italien semble plus vaillant que jamais. Maintenant, malgré une difficulté graduellement bien gérée, je voudrais une fois de plus mettre en exergue ce fichu rétablissement qui pourra vous donner envie de balancer votre console, surtout si après avoir maîtrisé le match pendant 10 rounds, vous vous retrouvez bêtement à terre sans possibilité de vous remettre sur vos deux pieds dans la limite des 10 secondes imparties. Pour vous donner un ordre d'idées, sur une vingtaine d'essais lors de l'entraînement, je n'ai réussi qu'à me relever une seule et unique fois. Toutefois, je ne serai point celui qui jettera l'éponge pour arrêter le combat car il se peut qu'au prix d'efforts intensifs, vous parveniez à maîtriser cet aspect de la jouabilité, auquel cas, Rocky Balboa pourra à nouveau lever les poings vers le ciel en défiant la mort elle-même.
Etant dans l'impossibilité de réaliser nos propres screenshots, les images de ce test proviennent de chez l'éditeur.
- Graphismes15/20
La modélisation des boxeurs surprend à bien des égards, d'autant que la gestion des dégâts est prise en compte. Une 3D, nette, sans éclaboussure, quelques beaux effets spéciaux embellissant un état de rage euphorique et plusieurs rings situés à Las Vegas, Moscou, etc., constituent le tronc principal de l'aspect graphique du titre.
- Jouabilité13/20
On aurait aimé pouvoir dire que le gameplay de Rocky Balboa est maîtrisé de bout en bout, ce qui aurait bien pu être le cas si ce satané système de rétablissement bien trop élitiste ne venait pas tout gâcher. Rageant vu qu'en dehors de longs temps de chargements, on jubile en enchaînant les séries de crochets et d'uppercuts jusqu'à profiter d'un mode Furie dévastateur.
- Durée de vie14/20
Pas de vrai mode Histoire ou Tournoi dans le sens où on l'entend mais les Combats Historiques comprennent 20 matches qu'il vous faudra débloquer. De plus, si on excepte la difficulté due au système de rétablissement, Rocky Balboa pourra vous retenir quelques heures de plus grâce à son mode Multijoueur.
- Bande son15/20
Le "Gonna Fly Now" de Bill Conti fait partie de ces morceaux qui font instantanément vibrer n'importe quel spectateur normalement constitué. En sus, la bande-son du jeu est de bonne facture, sans parler des bruitages (sur)réalistes selon l'action ou des commentaires anglais motivés.
- Scénario/
Si Rocky Balboa a bien du mal à légitimer le terme "noble art", il fait fi de cette auréole de noblaillerie pour assumer pleinement ses choix. Arcade jusqu'au bout des doigts, nerveux lorsqu'il s'agit d'asséner ses coups, rageur dans ses affrontements homériques, le jeu rend ici un bel hommage à l'étalon italien qui revient au sommet de sa forme. Pourtant, on ne peut nier que les temps de chargements sont trop longs, que le contenu aurait mérité d'être plus étudié et qu'il est regrettable que le système de rétablissement flingue une bonne partie du plaisir qu'on ressent quand on pose un pied sur le ring.