Pour fêter dignement le grand retour de StarFox sur console, Nintendo a pris le risque de remanier considérablement la formule originelle en proposant un système de jeu plutôt étonnant. Comme toutes les choses originales, il faut toutefois prendre la peine de s'investir à fond dans le nouveau concept mis en place dans StarFox Command pour en saisir toute la saveur, faute de passer à côté d'un titre vraiment grandiose.
Si j'insiste d'emblée sur le fait qu'il faut savoir percer la carapace de StarFox Command pour libérer son potentiel, c'est parce que je fais moi-même partie des joueurs qui ont failli lâcher l'affaire avant de prendre conscience de toutes les qualités du soft. Pour schématiser, les premières heures de jeu sont assez décourageantes tant on est surpris par la difficulté générale du titre, et lorsqu'après avoir fait montre de persévérance on finit par venir à bout du boss de fin, on se dit que le soft a également le défaut d'être honteusement court. Voilà pourquoi il est indispensable de ne pas sceller le sort de StarFox Command après avoir vu les crédits, car c'est justement à partir de là que l'on commence véritablement à prendre la mesure de son efficacité.
En d'autres termes, c'est seulement lorsqu'on est suffisamment aguerri avec le gameplay et que l'on part en quête des 9 fins du jeu que l'on comprend à quel point les multiples facteurs d'échec qui nous paraissaient si contraignants sont nécessaires à la richesse du titre. Car s'il y a généralement plusieurs moyens de remporter une mission, il y en a bien plus de la faire échouer. A titre d'exemple, si vous n'assurez pas durant les gunfights, le nombre de vies perdues vous empêchera d'aller jusqu'au bout du parcours que vous avez choisi. Si vous ne maîtrisez pas parfaitement les commandes, vous ne pourrez contenir efficacement les assauts ennemis et finirez pas être à court de temps. Si vous prenez trop de risques en déplaçant vos vaisseaux sur la carte stratégique, vous risquez d'exposer inutilement votre vaisseau mère dont la protection est indispensable à la réussite de chaque mission. Et si au contraire vous avancez trop prudemment sur la map, vous ne disposerez plus d'assez de tours pour anéantir la totalité de vos adversaires, ce qui entraînera l'inéluctable Game Over. Autant dire que, durant les premières heures de jeu, on a le sentiment que les développeurs s'acharnent sur le pauvre joueur qui galère comme pas possible pour valider les toutes premières missions. Et plus on réalise à quel point on n'a pas le droit à l'erreur, plus la tension se fait sentir et plus on risque de réduire à néant les efforts accomplis auparavant.
Rassurez-vous, ces impressions mitigées prennent une toute autre tournure une fois qu'on commence à prendre ses marques, pour laisser la place à des sentiments beaucoup plus euphoriques. Savoir qu'il suffit de déraper d'un millimètre sur l'écran tactile pour rater la destruction d'une base ennemie ou l'interception d'un missile rend la manoeuvre d'autant plus palpitante en sachant que l'on n'a aucune raison d'échouer si tout se passe comme prévu. Les erreurs du début finissent presque par nous faire sourire à partir du moment où l'on sait comment surmonter chaque difficulté. Le soft s'amuse d'ailleurs à multiplier les phases à risque où l'on doit neutraliser une cible tout en suivant une trajectoire précise alors que la vitesse augmente à chaque seconde. Chaque ennemi doit également être éliminé d'une certaine manière, en tenant compte de ses méthodes d'attaque et de déplacement et en fonction de sa résistance vis-à-vis des différents types de tirs existants. A vous d'envoyer les bons pilotes aux bons endroits, sachant que le titre comporte plus d'une dizaine de vaisseaux qui se distinguent par leur arsenal (laser, plasma...), leur résistance et leur système de lock.
StarFox Command étant composé uniquement de gunfights en zones libres, le joueur peut voler sans aucune contrainte et abuser des loopings, accélérations, freinages, tonneaux et autres demi-tours pour explorer les quatre coins de la carte à la recherche de cibles potentielles. Concrètement, lorsqu'un de vos vaisseaux entre en contact avec un escadron adverse, vous devez consulter l'écran de briefing pour savoir quels ennemis sont à vaincre en priorité, les autres n'étant là que pour entraver vos manoeuvres et animer la zone de combat. On se retrouve ainsi avec des phases de jeu proches de celles que l'on pouvait voir dans Lylat Wars, avec une mention spéciale pour les duels avec la team StarWolf ou tout autre pilote capable de ruser pour transformer les gunfights en véritables balais aériens où chacun rivalise de génie pour piéger son ennemi. Les confrontations avec les boss constituent également un autre temps fort de ce titre, même si elles auraient gagné à être un peu plus nombreuses. D'une manière générale, les habitués de la série seront peut-être surpris de voir que les combats ne durent généralement guère plus d'une minute, mais il faut comprendre que la partie stratégie est au moins aussi importante que les phases d'action.
Et c'est bien cet aspect-là qui pourrait rebuter les fans de StarFox, sauf s'ils prennent la peine d'y regarder en profondeur pour en déceler toutes les subtilités. Les déplacements sur la carte stratégique nous permettent de façonner la mission selon nos convenances, l'intérêt étant de pouvoir choisir soi-même les actions de chacun des pilotes. Libre à vous d'envoyer tel équipier récolter un bonus avant d'attaquer une base, tandis qu'un autre ira intercepter un missile qui menace de faire exploser le vaisseau mère. Avec un peu de pratique, on finit par comprendre qu'il suffit de faire preuve de logique pour planifier une tactique viable. Cela n'empêche pas l'adversaire de nous surprendre de temps à autres en profitant du fait que les unités de chaque camp se déplacent en même temps et non pas à tour de rôle, ce qui rend tout à fait possible le fait de croiser un ennemi sans couper sa trajectoire. Le brouillard de guerre ajoute encore un certain piment aux parties en renforçant les facteurs d'imprévus, le stylet ne permettant de dégager qu'une infime partie du brouillard entre chaque tour. Entre autres subtilités, les bases libérées ont le mérite de recharger vos vaisseaux en fuel pour leur permettre de rallonger leurs déplacements, il est donc crucial de les convertir rapidement.
Tous ces éléments qui rendent le système de jeu aussi riche prennent encore plus d'intérêt en multi, autre atout majeur de cet épisode. Les deathmatchs jusqu'à 6 joueurs avec une seule cartouche sont autorisés, mais le soft rend aussi possible les parties à 4 en Wi-Fi. Si je ne suis pas revenue en détail sur les contrôles de jeu déjà évoqués au moment de la preview, je rappelle quand même que le double écran et l'écran tactile sont utilisés de façon très pertinente. Le stylet offre toute la précision requise pour manoeuvrer habilement durant les phases de vol ou pour se déplacer au pixel près sur la carte stratégique. Le meilleur exemple étant l'utilisation des bombes qui implique de glisser directement à même la map l'icône de la bombe sur l'ennemi visé pour le faire exploser. Une fois le gameplay maîtrisé, on se rend compte qu'il surpasse facilement celui des épisodes précédents et offre des sensations plus immersives que jamais. Et pour revenir sur la durée de vie, dites-vous bien que vous gagnerez tout à recommencer l'aventure pour découvrir les 9 fins du jeu. Non seulement parce que le scénario se renouvelle considérablement d'un parcours à un autre, mais surtout parce que les embranchements proposés sont multiples et que la difficulté augmente à chaque nouvelle partie. De cette manière, les missions déjà réussies offrent un nouveau challenge, et même si celui-ci peut vous paraître redoutable au début, je vous garantis qu'il vaut la peine de payer de sa personne pour en profiter au mieux.
Le test a été réalisé à partir de la version américaine du jeu, mais tous les textes devraient être traduits en français
- Graphismes15/20
La réalisation renvoie aux précédents opus et s'en sort plutôt bien en matière de 3D. L'action est tellement intense qu'on ne fait pas vraiment attention aux décors, mais ceux-ci auraient gagné à être un peu plus détaillés.
- Jouabilité18/20
Le gameplay surpasse sans mal celui des épisodes précédents et devient réellement grisant une fois qu'on maîtrise les contrôles de jeu. Ceux-ci ont le mérite de reposer uniquement sur l'utilisation du stylet et de la gâchette, sans que l'on ait besoin de recourir aux autres boutons de la console. La visée peut être inversée de manière à ce que chacun trouve ses marques pour voler librement aux commandes d'un des nombreux vaisseaux proposés.
- Durée de vie15/20
Il serait ridicule de s'arrêter de jouer après avoir mené à bien les 7 premières missions et vaincu le boss de fin. Le soft ne prend tout son intérêt en solo que si vous prenez le temps d'explorer tous les embranchements pour débloquer les 9 fins proposées, et vous serez alors rodé pour livrer bataille dans les parties multijoueurs.
- Bande son15/20
Les musiques inédites viennent s'ajouter aux thèmes déjà connus, relatifs aux anciens personnages de la série. Chaque pilote a d'ailleurs son propre thème musical et son HUD personnalisé. Les voix yaourt ont un certain charme, mais il est possible d'enregistrer votre propre voix pour les remplacer.
- Scénario15/20
Il faut débloquer l'ensemble des fins proposées pour découvrir toutes les ramifications d'une histoire qui prend parfois une tournure complètement inattendue. On s'amuse ainsi à découvrir quels choix pourraient amener Crystal à rejoindre la team StarWolf, ou Falco à créer son propre escadron.
Si StarFox Command mérite d'être défendu, ce n'est pas seulement pour ses choix novateurs qui le démarquent des précédents volets de la série, mais c'est aussi pour le plaisir de jeu exponentiel qu'il offre à mesure qu'on enchaîne les parties. Même si les premières heures peuvent s'avérer déroutantes et décourageantes, ne commettez pas l'erreur de juger ce titre avant d'avoir exploré tout ce qu'il a à vous offrir. Car c'est seulement lorsque vous maîtriserez tous les aspects du soft que celui-ci vous livrera toute sa saveur, et je peux vous garantir que le jeu en vaut la chandelle.