L'essentiel dans un jeu de danse avec tapis, la base de la base dirait-on, c'est tout de même d'être en rythme, parce que quitte à avoir trop honte pour danser en boîte devant des vrais gens, on peut au moins souhaiter que le faire caché chez soi fasse preuve d'un minimum de qualité musicale. Pourtant ce principe tout simple semble avoir échappé à Codemasters.
Comme son nom le laisse vaguement entendre, Dance Factory ne vous impose pas sa playlist puisqu'il n'est livré qu'avec 5 chansons. Pour le reste, c'est à vous de l'alimenter avec vos petits disques que vous aimez vous coller dans les oreilles à plein ballon, le jeu se chargeant ensuite de générer les enchaînements de pas supposés correspondre. Je vous accorde que dit comme ça, la chose peut mettre en appétit et aide à pardonner le design affreusement laid du jeu ou son manque flagrant de modes (limités à du solo, du versus et un peu d'endurance). Seulement voilà, le résultat obtenu est lamentable. En premier lieu, les chorégraphies sont bien trop simples, y compris en mode hard et ne collent que rarement à la musique. Pour faire une image à deux francs, danser revient à donner un peu de forme à une musique. Autant dire que là, le portrait n'est pas des plus ressemblants. Chose qui peut encore passer pour une affaire de sensibilité, contrairement à l'autre problème plus que majeur du jeu : il n'est pas synchro avec la musique, à tous les niveaux possibles. Du plus strict point de vue musical, les temps forts sont souvent moins marqués que les autres, ce qui donne des enchaînements énergiques sur des passages certes rythmés mais calmes et des pas mollassons lorsque la musique s'emballe. On monte ensuite d'un cran dans le ridicule en s'attaquant au second aspect rythmique qui est en fait une absence de rythme totale. Les instructions à l'écran, mal calibrées, ne tombent pas en rythme.
En gros, écouter la musique pendant qu'on joue est certainement le meilleur moyen de développer une forme de schizophrénie sonore et visuelle. C'est ballot, pour un jeu de danse que ce que l'on voie à l'écran ne corresponde pas à ce qu'on entend. Reste bien sûr la possibilité de créer ses propres mouvements dans une sorte de mode freestyle. Il suffit alors de sélectionner une piste sur le CD audio et de définir soi-même les enchaînements. Le genre de feature qui fait se dire "ouha, de la balle". Mouais, si ce n'est qu'on se demande un peu quel est l'intérêt d'une telle option. Danser sur sa propre musique, on peut le faire quand on veut, comme on veut (avec un torchon dans la main quand on fait le ménage, en buvant son 28ème apéro, en boîte, dans la forêt autour d'un feu en sacrifiant un poulet etc.). Quand on utilise un tapis de danse dans un jeu, c'est généralement pour relever un défi, un challenge, mettre ses réflexes à l'épreuve, exactement ce qu'il n'y a pas dans Dance Factory, quel que soit le mode de jeu.
- Graphismes3/20
Abominablement pauvre, Dance Factory impose des thèmes visuels d'une laideur à vomir.
- Jouabilité3/20
Les enchaînements sont beaucoup trop simples et surtout le jeu réussit le pari osé d'être mauvais au point de ne pas être en rythme. On appelle ça le syndrome "Kyo en concert".
- Durée de vie4/20
Théoriquement, la playlist est infinie puisque c'est vous qui la faites, bien sûr, encore faudrait-il que le système de création de chorégraphies fonctionne un minimum.
- Bande son/
Vous avez quoi comme goûts musicaux ?
- Scénario/
S'il y a bien un genre qu'il est difficile de massacrer, c'est le jeu de danse avec tapis. Codemasters y est arrivé, jolie performance. Pour la peine, je laisserai le mot de la fin à Dionysos : danse dans ton anorak !