Les jeux vidéo nous offrent parfois des expériences bien étranges. Mondes surréalistes, histoires surprenantes et souvent capilotractées, personnages fantastiques et loufoques, les créateurs de tout bord s'en donnent à coeur joie pour nous étonner. S'il est ici question d'un héros de dessin animé bien connu chez les plus jeunes, le fait est que nous faire vivre les aventures d'une éponge reste un concept assez curieux. Héros des enfants, Bob l'éponge est de retour dans cette énième adaptation de ses aventures.
Le titre du soft est déjà révélateur, vous allez pénétrer dans un univers complètement déjanté et décalé, tout comme celui de la série. Prisonniers de leurs cauchemars, Bob l'éponge, son pote Patrick et l'immonde Plankton se retrouvent embrigadés dans des évènements nés de leur subconscient déchaîné. A quoi ressemble le subconscient d'une éponge me direz-vous ? Si Freud ne s'est pas penché sur la question, le studio Wayforward a fait en sorte de vous exposer les moindres recoins d'un esprit spongieux. Apparemment, Bob se rêve champion de courses automobiles. Patrick lui, s'imagine en tant que justicier masqué. Quant à Plankton, il cherche à augmenter artificiellement la taille d'un pâté de crabe. Ce scénario étrange est prétexte à la traversée de toute une série de niveaux dans lesquels vous devrez tour à tour débarrasser une ville de ses bandits, protéger un train lancé à toute vitesse, gagner une course de karts, ou échapper à un cheeseburger géant.
En insérant la minuscule cartouche dans la console, on se dit qu'on va encore se retrouver devant un petit jeu de plates-formes simpliste et limité. Et cette fois, c'est tout à fait ça. Même si le soft vous proposera une petite série de jeux différents, il reste avant tout un jeu de plates-formes peu inspiré et difficilement jouable. L'ampleur du désastre tient surtout au choix discutable des créateurs. Alors que pour certains titres multisupports, les développeurs choisissent tout bonnement d'ignorer les super-pouvoirs propres à la DS, ceux de Wayforward ont eu l'attitude inverse. Intention fort louable tant que l'on s'en tient à la théorie. Ainsi, si vous aimez la douce texture du stylet, son design épuré, ses courbes délicates, sa couleur franche et exotique, alors vous allez être servi. Pourtant, je ne suis pas convaincu que vous demanderez du rab. Pas d'alternative donc, c'est avec le stylet, votre compagnon d'infortune, qu'il faudra tenter de survivre aux cauchemars de Bikini Bottom. Pour votre plus grand désespoir, Bob, Patrick et Plankton se transforment véritablement en Lemmings dans cette version DS. Pour faire avancer le carré spongieux, il faudra donc donner un élégant coup de stylet sur la droite ou la gauche. Si la manoeuvre est bien exécutée, ce qui n'est pas toujours évident, Bob se mettra donc à avancer dans la direction choisie, jusqu'à ce que vous le stoppiez d'un coup de stylet vers le bas. Sans ça, c'est avec délectation que Bob se plongera dans des puits de lave ou des cuves de produits toxiques. Enfin, et c'est un plus dans un jeu de plates-formes, un petit coup de stylet vers le haut le fera bondir. Simple comme bonjour dites-vous, l'ennui, c'est que ce système ne fonctionne tout simplement pas du tout.
Le problème vient surtout du fait qu'arrêter son personnage d'un geste du stylet n'est pas ce qu'il y a de plus pratique pendant les phases de plates-formes millimétrées. Les niveaux ne semblent pas avoir été conçus pour ce type de contrôle et ne vous pardonnent pas grand-chose. Parfois, Bob ne daigne même pas réagir et se contente juste de tomber mollement vers sa mort, vous obligeant par la même à rejouer tout le niveau, ce qui représente parfois près de dix minutes de jeu. Les différents personnages sont pourtant assez lents, beaucoup trop pendant les phases où bondir n'est pas nécessaire, et pas assez pendant les phases de plates-formes. Il n'y a donc pas vraiment de juste milieu et le joueur finit naturellement par avoir envie de mettre son stylet entre les dents et de serrer très fort, comme les soldats que l'on soigne sur le front. Dans ce Bob l'Eponge, se débarrasser des ennemis reviendra toujours au même : on les touche avec le stylet pour les assommer et on attend que Bob daigne marcher dessus pour les éliminer. Là encore, c'est très aléatoire et il faudra parfois revenir plusieurs fois sur la même misérable méduse avec votre sceptre en plastique pour en venir à bout. En dehors des ces phases ébouriffantes d'ennui et de frustration, le jeu vous propose aussi une course de karting et des sessions de vol ratées. Ainsi, quand Bob s'élance dans son véhicule fraîchement reconstruit, vous ne le contrôlerez pas directement mais devrez ôter les obstacles de sa route en les pointant avec l'inévitable stylet. En bref, cette version DS de Bob l'Eponge : La Créature Du Crabe Croustillant est sans conteste la plus calamiteuse.
- Graphismes8/20
Visuellement, les environnements en 2D ne sont pas très jolis ni inspirés. Au fond, la version GBA s'en sort mieux que sa soeurette à double écran. Les animations sont certes fluides, mais c'est loin d'être suffisant pour cacher la misère. En bref, Bob l'Eponge : La Créature Du Crabe Croustillant se contente de taper dans le registre du médiocre.
- Jouabilité7/20
Si les développeurs nous avaient laissés choisir entre le stylet et la croix de la console, Bob aurait peut-être pu s'en tirer, mais le pauvre vieux ne s'est même pas vu accorder cette ultime requête. C'est donc avec quelques regrets que je mets le titre à mort. Le stylet est le dernier clou à ajouter au couvercle du cercueil.
- Durée de vie8/20
Le titre vous offre gracieusement la possibilité de rejouer tous les niveaux dans l'ordre qui vous sied le plus. Mais tous les mondes s'abordent de la même manière, pour mieux se saborder. Comptez quatre à cinq heures de souffrance pour faire le tour du jeu.
- Bande son12/20
Etonnamment, la musique est sans doute l'aspect le plus positif de cette décevante sortie de Bob sur DS. J'ai presque envie de dire que les morceaux collent bien à l'action, si ce n'est qu'il n'y en a pas vraiment dans le soft. Malheureusement, les quelques voix présentes ne semblent pas être les mêmes que dans la série. Dommage.
- Scénario10/20
Complètement loufoque et donc fidèle à la version du petit écran, le scénario ne sera sans doute pas ce que vous retiendrez de ce soft, puisque c'est en fait trois histoires différentes qui se chevauchent sans trop de liens, et ce malgré la présence de petites cinématiques qui semblent sortir directement du dessin animé.
Le soft souffre terriblement de son système de contrôle mal calibré et peu précis. Le gameplay n'est finalement pas très innovant car on a déjà vu des jeux intégralement jouables au stylet sur DS, et certainement meilleurs que celui-ci. Ce n'est pas avec cette version DS que vous renouerez avec Bob et sa clique.