La même chanson, encore et toujours, depuis vingt ans. Un beat'em all 2D à papa Golden Axe reçoit la visite d'un licencieur en mal de produits dérivés. Pour un résultat boursouflé de ringardise, techniquement honteux, minimaliste jusqu'au moindre kick mal animé. On l'arrête quand cette blague ?
Evidemment, Activision ne va pas changer son petit laïus promotionnel pour cette version GameBoy Advance. Le fun dans Marvel Ultimate Alliance, c'est la perméabilité du cross-over : un nombre important de personnages jouables, une grande personnalisation de ses super-héros et une multitude de rencontres manichéennes face à des légendes des comics. Sûr que dans ce domaine le titre apporte aux joueurs, ou plutôt aux fans de Marvel, quelques plaisirs. Pour chaque niveau, vous devez sélectionner trois héros, et il vous sera des fois imposé de composer avec un ou plusieurs vilains. Vous obtenez ainsi seize personnages jouables, 10 chez les gentils, le reste du mauvais côté de la force. En cours de jeu vous pouvez donc switcher entre les trois gueules de comics sélectionnées et profiter de compétences assez hétéroclites.
A la fin de chaque niveau, vous avez le droit d'appliquer des améliorations sur l'ensemble des personnages avec un certain quota de points dont le volume est manifestement basé sur le nombre d'ennemis tués. Sauf qu'on est dans un beat'em all des temps anciens là, et qu'il faut de toute manière massacrer tous les adversaires pour achever un niveau. Allez comprendre. Sorti de ces améliorations physiques et durables, dont on ressent très faiblement l'effet, des boosts de diverses catégories (attaque, défense, santé...) viennent agrémenter la progression du joueur. Encore une fois, difficile de comprendre pourquoi ces bonus sont administrés au groupe entier et non pas seulement au personnage qui les a ramassés. Cela aurait mis un peu de subtilité dans le gameplay. Spiderman, par exemple, fait preuve de peu de résistance. La force de la Chose cumulée à un boost d'attaque permet d'obtenir un tank sur pattes. Iceman est toujours un peu court en santé. Vous voyez pointer le petit jeu dans le jeu qui aurait été intéressant si les bonus étaient personnels et non appliqués à tous les membres du groupe.
Car de subtilité, le jeu n'en fait pas état au moindre moment et se montre d'un rare abrutissement, même dans le cadre du beat'em all. C'est bien simple, malgré les trois ou quatre coups par personnages, plus les strikers (ces invocations définitives qui percutent tous les ennemis de l'écran), l'impression de répétition s'installe après même pas une demi-heure. Cela tient à un mélange malheureux de difficulté inexistante, d'ennemis aux approches offensives vieillottes, de level design désolant, de prise en main vétuste et de réalisation visuelle poussiéreuse. Oui, tant que ça. Le renouvellement des environnements est flingué par des niveaux bichromes remplis de vide. Le moindre frisson de puissance est anéanti par ces animations d'attaque faites en deux ou trois étapes maximum. Toutes les combinaisons sont trop simples à sortir et ne servent finalement pas à grand chose vu que les boss eux-mêmes peuvent être vaincus avec de simples coups. La marche du joueur consiste à vider des tableaux qui se remplissent d'ennemis mollement et au compte-gouttes. On vous demande même d'effectuer assez souvent des allers-retours indigents. Bref, tout ici respire le projet exécuté sans passion, sans véritable envie ou moyen d'en faire plus que le cahier des charges ne l'imposait. Dans le genre, la GBA a connu bien meilleur. Mettez-vous un bon Final Fight, vous m'en direz des nouvelles.
- Graphismes7/20
A vouloir faire du character design détaillé sur GBA, on se dirige souvent tout droit vers des personnages bien reproduits mais mal animés. Ultimate Alliance n'y échappe pas et, mis à part quelques éclats comme Spidey, nos super-héros ont tous cette démarche rigide caractéristique du beat'em all des années 80. Les décors sont d'une grande pauvreté, la palette de couleurs est moins étendue que celle d'un arc-en-ciel.
- Jouabilité7/20
Le coup de poing, ça marche. La charge, ça suffit amplement. Pourquoi alors utiliser des combinaisons, pourtant honteusement simples à sortir, quand 95% des ennemis ne résistent pas à ces deux attaques simples ? Et le coup spécial Striker ou les bonus ne peuvent rien face à la ferme monotonie du level design, découpé en "tronçons" de quelques ennemis toutes les deux minutes. Bâillements. Et il n'y a même pas de balayettes ! M'enfin ?
- Durée de vie5/20
Aucun embouteillage n'est à signaler entre le début et la fin du jeu. Bison futé vous recommande de foncer sans vous poser de question. Comptez trois à quatre heures pour accomplir votre aventure.
- Bande son8/20
C'est tellement oubliable qu'un commentaire serait superflu. J'ai cru vaguement reconnaître quelques mesures du score de Top Gun. Rassurez-moi : on a bien enfermé Faltermeyer et jeté la clé dans le tout-à-l'égout ?
- Scénario/
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Si la chair est triste, hélas, et que vous avez lu tous les livres, ne fuyez pas dans ce Marvel Ultimate Alliance sur GBA, malheureux. Le divertissement qu'il contient a 20 ans d'âge, et n'a pas profité du meilleur conditionnement, loin de là. Aussi répétitif que les épisodes de Pokémon, moins pêchu que n'importe quelle vignette du comics, réalisé petitement, sans aucune conviction, cet Ultimate Alliance est d'une grande fadeur. Les fans eux-mêmes n'y trouveront que très moyennement leur compte.