Crazy Frog aime les fêtes de fin d'année. Après avoir contrarié ma digestion en janvier dernier par un test qui restera longtemps dans ma mémoire, voilà-t-y pas que cette grenouille insupportable va tenter de me couper l'appétit à l'aube de quelques dégustations fidèles aux traditions de Noël ! Culottée la bête ! Raison de plus pour se montrer à la hauteur et digne de son appellation de jeu vidéo, afin d'effacer de nos mémoires le concentré d'erreurs et de mauvais goût proposé par un premier volet épouvantable...
Aussi surprenant que cela puisse paraître, oui, "The annoying thing" est de retour. Si le succès musical inexplicable de Crazy Frog tend à s'estomper singulièrement, sa piètre prestation en tant que daube vidéoludique n'a semble-t-il pas découragé Neko Entertainment de poursuivre l'expérience sur PC et PS2, entêtés qu'ils sont, persuadés de proposer un rapport qualité-prix suffisamment intéressant pour en légitimer l'achat. Laissons tout de même cette franchise tâcher de s'épanouir et de tirer des leçons d'une tentative avortée en mettant de côté nos a priori qui font de nous des joueurs un peu frileux au moment de découvrir une suite qu'il est logique d'exiger plus complète et moins répétitive. Si le gros du titre reste fidèle au concept de base, qui est celui d'un jeu de courses, quelques idées viennent en ce sens étoffer le contenu qui inclut désormais un jeu de rythme, une sorte de flipper et des arènes multijoueurs, théâtre d'affrontements directs entre pilotes chevronnés. Si l'on ajoute à cela un effort esthétique notable et quelques petites "améliorations" distribuées çà et là, tout nous pousse à penser que le gameplay a lui aussi changé. Triste illusion. Avant d'aborder cette jouabilité indigeste et calibrée en état d'ébriété, il est tout de même bon de faire un tour rapide des menus et des modes de jeu mis à notre disposition.
En solo, l'essentiel se situe au niveau des championnats, quatre au total, décomposés en trois courses, arborant différentes thématiques graphiques (Football, Ice, City et Beach). A côté de cela se trouvent des contre-la-montre, des courses simples et des poursuites pendant lesquelles l'objectif est de résister aux assauts récurrents de quelques Drones mal intentionnés. Apparaissent également deux types de mini-jeux : le "Dance Frog" et le "Froggy Pinball". Le premier est un jeu de rythme qui impose au joueur de suivre un tempo précis en pressant les touches indiquées aux moments opportuns pour voir la bestiole se trémousser nerveusement sur des reprises ou des morceaux originaux signés Crazy Frog : Hey Baby, I'm Too Sexy, Final Countdown, Axel F et Pop Corn (qui font également office de bande-son pendant les courses). Etagés sur trois niveaux de difficulté (à l'instar des courses là aussi), ceux-ci sont sans intérêt aucun puisque mous, banals et sans aucun rapport avec les notes et le tempo de la musique jouée. Le second est un semblant de flipper où l'on dirige une bombe qu'il faut envoyer sur un maximum de robots, dispersés sur le plateau. Le problème est que l'on a sans doute omis d'expliquer le concept de flipper aux développeurs puisqu'on peut à tout moment arrêter la course de la bombe pour l'orienter ensuite dans la direction de notre choix... Sans saveur, répétitif et particulièrement mal introduit. On se demande bien ce qu'une telle épreuve peut apporter à ce type de jeu... A deux, en sus des classiques championnats et courses simples, il est possible de prendre part à des "batailles" en arènes, où les items permettent de détruire progressivement son adversaire. Le problème est que tout va trop vite, que l'on tourne en rond. Injouable.
Malheureusement, les modes de jeu secondaires ne sont pas les seuls à souffrir d'une jouabilité douteuse, les courses emboîtent ce mauvais pas et n'ont aucunement évolué. Les erreurs accumulées sont tellement nombreuses que l'on se demande si le gameplay n'est pas ce qui est passé en dernier dans les priorités de développement du jeu. Les commandes réagissent mal et sont imprécises (surtout si l'on utilise les croix directionnelles, on constate un temps de latence désagréable), la sensation de vitesse est aux abonnés absents (malgré un compteur qui dépasse parfois les 400 km/h...), les réceptions de sauts sont complètement loupées, les indications de virages sont beaucoup trop tardives, les items beaucoup trop nombreux (et souvent inutiles, hormis le boosteur), l'IA particulièrement irrégulière et la dénivellation des tracés si mal étudiée qu'il faut parfois freiner pour franchir un saut sans sortir de la piste. Bref, rien n'est bon, d'autant qu'un rétroviseur n'a toujours pas été inclus, pas davantage que la possibilité de changer de vue. La seule nouveauté réside dans le fait que le choix de personnages est étendu à douze avatars, toujours aussi peu attirants, et affichant l'éternel bug des changements de capacités en mode deux joueurs. Au final, en dehors de l'apport de couleurs vives et d'une diversification des circuits, Crazy Frog Racer s'avère toujours aussi pathétique, et contribue à nous faire détester cette grenouille, aussi manche au volant d'un bolide invisible qu'en tant qu'interprète. En priant pour qu'un troisième volet ne soit pas déjà en route...
- Graphismes7/20
Moins terne, plus varié et un poil plus inspiré, le design du jeu a progressé sans gommer les nombreux soucis techniques que peuvent être des polygones mal placés ou des textures indignes de la machine. De leur côté, les flippers sont des modèles de laideur, tout aussi hideux que les personnages, créés sans imagination.
- Jouabilité4/20
Pour s'estimer capable de développer un jeu de courses, il faut avant tout maîtriser la base du genre qui consiste à combiner impression de vitesse, précision des commandes et homogénéité des tracés. Rien n'y est. C'est lent, répétitif et sans intérêt, à seul ou à deux, pendant les courses ou les mini-jeux.
- Durée de vie5/20
Une heure suffira à voir le bout du mode championnat. Le problème est que ce mode est la base du jeu. Du coup, le reste s'apparente à des miettes que l'on a rajoutées afin de combler quelques vides dans les menus.
- Bande son3/20
Les goûts et les couleurs ne se discutent pas mais il faut avouer que les musiques ont une forte propension à énerver. Dans le mode Dance Frog, nos yeux restent rivés sur le chrono afin de connaître le temps à tenir à écouter de tels morceaux. Dur dur pour les oreilles.
- Scénario/
Daube tu es, daube tu resteras. Ma chère grenouille, ton avenir est ailleurs que dans le jeu vidéo et nous te serions particulièrement reconnaissants de te retirer avant d'inciter involontairement des violences incontrôlées à ton encontre. Nos rires se transforment en moqueries et pourraient bien finir en colères si tu insistes une nouvelle fois. Vade Retro petit être !