Alors que Call Of Duty 3 s'attardait il y a peu sur les opérations de la Seconde Guerre mondiale ayant eu lieu en Normandie, Brothers In Arms : D-Day lui emboîte le pas en situant lui aussi son action au même endroit. Au final, la principale différence entre les deux titres vient du fait que l'un privilégie une ambiance cinématographique, synonyme de linéarité, alors que l'autre propose une avancée plus subtile en y incorporant quelques notions de stratégie.
Lorsque Ubisoft sauta à pieds joints dans le champ de bataille où Medal Of Honor et Call Of Duty se livraient une guerre féroce, l'éditeur français dut avant toute chose penser sa stratégie afin de ne pas y laisser des plumes. Brothers In Arms étant un énième FPS se déroulant durant la Seconde Guerre mondiale (à croire que les développeurs n'ont jamais entendu parler de grande Guerre bizarrement sous-exploitée à travers le genre First Person Shooter), comment se démarquer de ses concurrents directs tout en proposant aux joueurs une immersion aussi grande que les deux titres susnommés ? Et si en plus du courage, de la ténacité et des balles fusant de partout, nous y ajoutions l'entraide et la réflexion symbolisées par un aspect stratégique ? Idée louable s'il en est sachant qu'une guerre ne s'est jamais gagnée tout seul. Le concept étant établi, il ne restait plus qu'à consolider le tout par le biais, notamment, de plusieurs épisodes qui auraient alors la lourde tâche d'approfondir les bases du gameplay tout en ne perdant pas de vue l'immersion du joueur. Si Brothers In Arms : D Day ne rentre pas vraiment dans cette optique (son but étant avant toute chose de faire connaître la saga de Gearbox aux possesseurs de PSP), il conserve malgré tout la même orientation que celle de ses aînés afin de ne pas trop empiéter sur les plates-bandes de Medal Of Honor Heroes.
La comparaison avec le titre d'Electronic Arts étant presque obligatoire, ne perdons pas de temps et concentrons-nous sur les différences entre les deux jeux. Tout d'abord, en terme de modes, MoH Heroes l'emporte d'une courte tête grâce à un mode Multijoueur absent de D Day. A ce sujet, on note que Gearbox a inclus du Coopératif mais malheureusement, celui-ci est uniquement disponible en Escarmouche (mode également présent dans MoH Heroes). Mauvaise pioche donc concernant la durée de vie d'autant que si la Campagne comprend elle-aussi plusieurs missions, elles se terminent assez rapidement malgré une difficulté progressive. En parlant de ça, signalons aussi que les missions de Brothers In Arms sont bien plus homogènes en terme d'environnements et d'objectifs que celles de son concurrent, d'où une certaine lassitude. Enfin, la maniabilité des deux softs est légèrement différente de par l'aspect tactique de D-Day. Transition idéale pour rédiger quelques mots à propos du gameplay.
Comme précisé un peu plus haut, Brothers In Arms : D-Day inclut, à l'instar de ses aînés, un système d'ordres grâce auquel vous pouvez diriger les hommes qui vous suivent. Il vous sera alors possible de leur dire de vous suivre, de se cacher, de prendre position à un endroit précis, de vous couvrir ou au contraire d'effectuer une attaque suicide en fonçant sur l'ennemi. Pour ordonner ces actions, il vous suffira de maintenir la touche Triangle puis de bouger l'anneau de commandement à l'aide du pad analogique ou de viser un ennemi et de crier à vos pt'its gars d'effectuer un tir de couverture ou de leur rentrer dans le lard. Enfin, à tout moment, une simple pression sur la touche Select vous permettra d'avoir une vue d'ensemble du champ de bataille avec la disposition des forces alliées et ennemies, cette dernière se révélant vite indispensable pour utiliser au mieux la topographie du terrain. On se prend donc vite au jeu même si il faut avouer qu'il est un peu soûlant de devoir constamment passer par la "map" pour savoir où placer vos soldats, la vue subjective manquant de clarté et ne permettant pas toujours de bien positionner vos camarades d'infortune.
La maniabilité comporte également d'autres errances, cette fois liées à l'utilisation des touches de la console. Ainsi, si on peut bouger latéralement en laissant appuyée la touche L, cela ne sert quasiment à rien vu qu'il n'est alors possible que de bouger sur un seul axe horizontal (à moins d'être assez prêt d'un adversaire). Comprenez par là que si vous voulez contourner un ennemi qui se trouve par exemple derrière un obstacle, vous devrez au préalable vous positionner face à lui, appuyer sur L et straffer pour l'avoir rapidement dans votre champ de vision. En somme, ce problème vient du fait que les touches d'action servent ici à se baisser, lancer des grenades, zoomer ou commander et non pas à regarder autour de nous tout en se déplaçant. C'est un coup à prendre, pas de doute, mais en pleine mission, sous le feu nourri des ennemis, autant dire qu'on s'aperçoit vite fait des limites d'une telle jouabilité qui procure une grande part d'inconfort. Entre autres soucis, signalons aussi une IA assez moyenne avec des réactions étranges d'adversaires qui ne semblent pas vous avoir vu lorsque vous les prenez à revers et qui subitement vous font face en vidant leurs chargeurs alors que vous n'avez encore pas tiré une seule cartouche.
En parallèle de ces lourdeurs, les missions se suivent et se ressemblent avec, tout de même, la possibilité de commander des véhicules (de la même manière qu'avec l'infanterie) ou d'utiliser divers types d'armes. A ce sujet, on regrettera l'approximation de certains ordres puisque après plusieurs essais, je n'ai pas réussi à ce qu'un de mes hommes détruise une simple palissade avec un mortier, cet échec venant de mon incapacité à bien pointer l'élément destructible. Au bout du compte, Brothers In Arms : D-Day a le mérite de suivre le chemin balisé par les précédents opus mais a encore de la route à faire pour convaincre sur portables, surtout au niveau de la jouabilité. On lui préférera donc un Medal Of Honor : Heroes, imparfait et à la durée de vie minimaliste, mais malgré tout plus immersif et généreux que cette production Ubisoft.
- Graphismes12/20
Sans être le vilain petit canard, Brothers In Arms : D-Day accuse du retard face à Medal Of Honor : Heroes. La 3D n'est pas vilaine mais tout comme Call Of Duty 3, on regrette que le titre soit si homogène d'une mission à l'autre.
- Jouabilité11/20
L'aspect stratégique a obligé les développeurs à quelque peu repenser la maniabilité généralement associée au genre FPS sur portables. Le résultat est moyennement convaincant et induit des déplacements un peu poussifs, sans parler de la précision douteuse lorsqu'il s'agit de pointer les éléments à détruire. On reprochera aussi une IA très irrégulière synonyme de réactions illogiques de la part des ennemis.
- Durée de vie10/20
Le mode Escarmouche comporte 12 cartes et peut se jouer aussi bien en solo qu'avec un ami. On aurait préféré que le Coopératif s'intéresse à la Campagne qui comporte par ailleurs des missions aussi courtes que celles de Medal Of Honor : Heroes. Néanmoins, l'absence de médikits pourra compliquer les choses si vous décidez d'y aller franco.
- Bande son13/20
Pas grand-chose à dire concernant la bande-son qui comporte peu de thèmes musicaux. Les bruitages sont réalistes et le doublage français très fluctuant en fonction des acteurs.
- Scénario/
Tout comme ses aïeuls, Brothers In Arms : D-Day privilégie l'approche tactique à celle plus frontale de Medal Of Honor : Heroes. Dommage que le gameplay ne suive pas complètement et qu'il soit parfois si fastidieux de mener à bien une mission en mettant au point une stratégie a priori efficace. Enfin, tout comme son concurrent direct, la durée de vie du jeu est des plus limitées.