Adaptation du long-métrage issu de la coopération entre les studios Dreamworks et Aardman, Souris City ne pouvait pas manquer la case jeu vidéo et nous arrive donc en cette fin d'année sur moult supports. Si le film se démarque des autres en optant pour les images de synthèse tout en conservant le côté pâte à modeler qui a fait la réputation des créateurs de Wallace & Gromit, le jeu fait preuve de beaucoup moins d'imagination.
Version modernisée et revisitée de la fable du rat des villes et du rat des champs, Souris City nous conte les pérégrinations d'un rongeur de compagnie nommée Roddy, qui va, bien malgré lui, devoir abandonner son confort quotidien pour errer dans les égouts mal famés de Londres. Habitué à vivre dans le luxe des beaux quartiers, le rat devra payer cher sa tentative d'expulsion de Syd, un parasite peu recommandable, en apprenant à chasser la répulsion qu'il ressent pour le monde de la rue. L'aventure démarre d'ailleurs de bien curieuse façon avec une descente infernale dans la cuvette des toilettes, donnant tout de suite le ton de cette histoire absurde et originale.
C'est à ce moment-là que vous prenez le destin de Rody en main, suite à un rapide tutorial permettant de se familiariser avec les contrôles du rat en smoking. Une mise en bouche qui permet de comprendre très vite la place importante que prendront les acrobaties dans le jeu, ce dernier étant essentiellement tourné vers la plate-forme. Parce qu'il n'est guère plus haut qu'un microbe dans ce monde trop grand pour lui, Rody n'a pas d'autre choix que de faire preuve d'imagination pour parvenir à surmonter les obstacles infranchissables que peuvent représenter pour lui une simple chaise ou un vulgaire tuyau. Mais comme il n'est doté d'aucun gadget particulier, sinon un modeste cure-dent qui lui sert tout juste à occire les araignées, le rat expert en matière de boxe anglaise ne peut pas vraiment compter sur son double-saut ni sur son agilité naturelle pour venir à bout de toutes les embûches imaginées par les développeurs. Ce qui explique la présence d'éléments complètement inattendus dans les niveaux, tel ces espèces de libellules colorées qui vous font décoller dans les airs pour atteindre les endroits hauts perchés. Une solution de facilité qui reflète le manque de pertinence du level design en général.
Plus concrètement, il ne faut pas attendre bien longtemps pour se retrouver à errer désespérément dans des environnements dont on ne nous indique jamais la sortie et encore moins l'emplacement des objectifs à accomplir. Ceci s'avère d'autant plus gênant que l'agencement des niveaux n'est absolument pas explicite, en dehors de quelques passages beaucoup plus linéaires et évidents. Dans la plupart des zones ouvertes, on bute régulièrement contre des murs invisibles, tandis qu'à l'inverse, on ne nous empêche pas de pénétrer dans un lieu où on n'a strictement rien à faire alors que le jeu voudrait nous envoyer dans un endroit différent. Dans ces conditions, le manque de conseils et d'indications entraîne des allers-retours inutiles qui nous font perdre du temps et qui risquent fort d'inciter les plus jeunes à baisser les bras. Dans le même ordre d'idées, on ne sait jamais si un objet fait seulement partie du décor ou s'il est possible d'interagir avec lui. C'est le cas de certaines tiges sur lesquelles on croit à tort pouvoir s'agripper, ou des vieilles plaques d'égouts qui font parfois office d'interrupteurs. Ceci m'amène à évoquer le fait que le soft ne prend jamais la peine de nous présenter les mécanismes susceptibles d'intervenir, ce qui est d'autant plus pénible que certaines caisses doivent être poussées au nano-pixel près pour fonctionner.
Mais dans Souris City, on ne fait pas seulement qu'avancer au hasard dans l'espoir d'être sur la bonne voie, on exécute aussi bon nombre d'acrobaties périlleuses relevant de la plate-forme pure. Pourtant, là encore, le caractère approximatif des sauts et les gros problèmes de perspectives dus à une caméra que l'on ne peut pas faire pivoter mais seulement décaler légèrement, engendrent beaucoup de frustration. Le moindre saut devient aléatoire, là où d'autres actions sont bien trop assistées, ce qui rend le gameplay atrocement bancal. Pour ne rien arranger, la réalisation est tout bonnement affreuse, et ce n'est pas le fait que l'histoire se déroule dans les égouts qui peut justifier la laideur effarante des environnements. Ainsi, même les phases où l'on contrôle Rita à la place de Rody ne font preuve d'aucune innovation, la souris étant simplement armée d'un élastique qui peut faire office de grappin lorsque les circonstances l'exigent. Inversement proportionnel au plaisir de jeu attendu de la part de l'adaptation d'un film qui s'annonce franchement divertissant, ce titre n'est pas vraiment le genre de soft auquel on a envie de jouer pour se détendre.
- Graphismes8/20
Même si l'essentiel du jeu se déroule dans les bas-fonds les plus insalubres de Londres, ça ne justifie pas une réalisation aussi déplorable. Les environnements ternes et taillés à la serpe incitent plus à la déprime qu'à l'évasion.
- Jouabilité9/20
La gestion ultra réduite de la caméra est inadmissible pour un jeu tourné vers la plate-forme, et le manque total d'indications ne s'adapte pas du tout au public visé.
- Durée de vie10/20
On tourne tellement souvent en rond qu'on finit par passer beaucoup trop de temps dans les niveaux, mais il faut vraiment en vouloir pour aller jusqu'au bout. En marge de l'aventure, on trouve quelques mini-jeux jouables à deux, tout aussi dépourvus de génie.
- Bande son10/20
Les musiques s'avèrent un peu trop grandiloquentes par rapport à la pauvreté des missions qu'on nous demande d'effectuer, mais le doublage est plutôt réussi.
- Scénario11/20
Survolant le scénario mis en place dans le film, le jeu introduit également quelques personnages inédits, créés spécialement pour l'occasion.
Complètement inadapté au public ciblé, Souris City est une adaptation qui déçoit sur tous les tableaux. Développé visiblement sans aucune inspiration, le titre accumule les erreurs et ne peut prétendre, à aucun moment, offrir un divertissement digne de ce nom. Pour une fois, on vous conseillera donc de vous limiter au film.