Prenez quelques super-héros qui ne vivent que pour la justice. Demandez leur de former un groupe soudé et larguez-les sur Terre ou à l'autre bout de l'univers pour faire régner l'ordre. Ajoutez-y une kyrielle de super-vilains mégalomaniaques, mélangez le tout et saupoudrez l'ensemble avec quelques poses iconiques. Après avoir laissé chauffer la mixture pendant quelques années dans un four DC Comics, sortez le plat et servez-le sur PSP à un prix conseillé de 40 euros.
D'une façon générale, Marvel a toujours été plus friand de groupes de super-héros que DC Comics. Pourtant, la firme de Batman et Superman a compris l'importance d'avoir dans ses rangs une ribambelle de joyeux drilles soudés par une même soif de justice. C'est ainsi qu'est née La ligue des justiciers regroupant la plupart des figures mythiques de la société américaine. Bien que le jeu vidéo se soit déjà intéressé à la Ligue (entre autres sur Gameboy Advance), cette nouvelle itération est bien plus intéressante que ses consoeurs de par le simple fait que son développeur se nomme Snowblind. En effet, c'est par le biais de cette société que le hack'n slash a retrouvé ses lettres de noblesse sur consoles à l'aide des deux Baldur's Gate Dark Alliance et de Champions Of Norrath. On ne sera donc pas étonné de voir que La Ligue Des Justiciers évolue dans les mêmes sphères ludiques que les titres susnommés tant Snowblind est désormais synonyme d'un certain type de jeu d'action. De plus, les X-Men Legends et autres Marvel Ultimate Alliance ayant fait les beaux jours d'Activision et de Marvel, il semblait évident pour DC de contre-attaquer en utilisant le même procédé.
Ceci nous donne donc un hack'n slash dans la grande tradition d'un BGDA. Même vue aérienne, même moteur graphique, seul le système d'évolutions des personnages étant vraiment original. D'entrée de jeu, on pourra donc être surpris par la qualité graphique qui n'a pas vraiment vieilli depuis Champions Of Norrath. Bien que les premiers décors soient assez décevants, on retrouve par la suite un bel éclectisme architectural induit notamment par une Terre "alternative" vers la fin du jeu. Certains aimeront, d'autres moins, mais dans tous les cas, la touche Snowblind fait toujours son petit effet. Pour ce qui est de vos objectifs, rien de plus simple vu qu'il suffit d'avancer, d'occire un nombre incalculable d'adversaires, d'activer quelques interrupteurs (certaines interactions étant synonymes de mini-jeux durant lesquelles il faudra rentrer rapidement une combinaison de touches) et suivre le cours de l'histoire. Les mauvaises langues n'oublieront sûrement pas de dire que le tout est répétitif mais vu que le fondement même du hack'n slash est basé sur cette redondance, il serait mal venu de grommeler d'autant que Heros De La Ligue Des Justiciers propose un bon panel d'environnements et d'ennemis ainsi qu'une bonne palette de pouvoirs. Mais avant de pouvoir les utiliser, il va vous falloir dénicher du super-héros et me booster tout ça.
Nous arrivons donc au système d'upgrades du titre, très inspiré par celui des matérias de Final Fantasy VII. Ainsi, en plus de l'expérience que vous amasserez en éliminant vos ennemis et qui vous servira à acheter des pouvoirs ou à les améliorer, vous récupérerez des petites pastilles appelées Boosts. Ces dernières, de différents types (Vitesse, Dégâts, Portée, Durée, etc.), pourront être alors utilisées de deux façons. Soit, vous en mélangez trois afin d'en créer une nouvelle, soit vous les utilisez telle quelle en les rattachant à vos pouvoirs afin d'en augmenter l'efficacité. Sachez cependant que la manipulation de boosts est sujette à une grosse part de chance puisqu'il peut arriver que vous preniez trois pastilles de niveau 7 pour en obtenir au final une de niveau 6. Nonobstant le côté hasardeux de ces manipulations, l'idée de pouvoir customiser ses pouvoirs reste quand même très intéressante. Maintenant, on regrette malgré tout que la durée de vie du titre soit à ce point risible. Rendez-vous compte, six heures pour terminer le jeu en Facile, Normal ou Difficile ? Ok, vous pourrez le reprendre si vous êtes du style à vouloir tout débloquer, sauf qu'ici, il n'y a quasiment rien à débloquer.
Bon, je dois avouer que je suis allé un peu vite en besogne puisque certains costumes et personnages supplémentaires sont à découvrir. On pourra donc trouver amusant de dénicher des costumes différents (issus des comics ou séries animées affiliées aux divers héros du jeu) ou d'obtenir Hal Jordan, Kyle Rayner, Huntress, Hawkgirl, Green Arrow en plus des sept personnages de base (Superman, Batman, Wonder Woman, Flash, Green Lantern, Zatanna et Limier Martien -bonjour la traduction-) mais est-ce bien suffisant pour légitimer une nouvelle partie ? Pas si sûr, et c'est bien là le problème puisqu'en parallèle, la jouabilité est bonne, malgré l'absence de lock automatique, avec un menu d'action rapide pour l'utilisation des pouvoirs, la possibilité de se servir d'éléments du décor en guise d'armes ou de passer de l'un à l'autre personnage grâce à la croix directionnelle. A ce sujet, signalons que celle-ci sert aussi à modifier l'attitude du héros que vous ne contrôlez pas en optant pour une position passive, agressive ou défensive.
Bref, c'est conventionnel mais nous n'avons pas vraiment besoin de plus. Par contre, il eut été intéressant de pouvoir changer de personnage en pleine mission, chose impossible vu qu'on nous impose le plus souvent des héros spécifiques en fonction du niveau. Rien de grave mais la frustration est bien là. On pourra aussi pester contre l'absence du mode Coopératif qui était pourtant disponible sur la version PS2. Bref, cruel dilemme pour le pauvre rédacteur qui adore l'univers du titre, le genre de jeu mais qui a bien du mal à conseiller de façon nette et précise l'achat de cette ode aux corps body-buildés. Oui, la sucrerie est douce et se laisse savourer mais elle coûte tout de même la bagatelle de 45 euros. Vous serez donc les seuls juges qui décideront si le sucre d'orge est assez long pour justifier son achat.
- Graphismes14/20
A l'instar de X-Men Legends, les premiers niveaux très quelconques de Justice League ne sont pas représentatifs de la qualité graphique du titre. Par ailleurs, on retrouve l'esthétisme Snowblind qui avait déjà fait merveille avec les Baldur's Gate Dark Alliance. Ainsi, on ne sera pas surpris de retrouver les mêmes types d'effets spéciaux et quelques splendides décors vers la fin du jeu notamment.
- Jouabilité14/20
En premier lieu, on aurait aimé avoir davantage de personnages jouables même si on peut en débloquer quelques-uns pour atteindre une douzaine de super-héros. Le fait de ne pouvoir en changer quand bon nous semble est aussi un peu énervant tout comme la caméra qui tarde lors du repositionnement automatique ou l'absence de lock. En revanche, le système de boosts, inspiré par celui des matérias de FF VII, est original, bien qu'imprécis, et on retrouve avec plaisir le gameplay des BGDA.
- Durée de vie8/20
Six heures pour terminer le jeu en Facile ou Normal. C'est très peu surtout quand on songe aux précédentes productions de Snowblind. Les quelques bonus à débloquer (pouvoirs, costumes ou personnages) pourront vous inciter à recommencer l'aventure, mais en définitive, on attendait bien mieux de ce côté-là.
- Bande son10/20
Si le doublage français reprend quelques voix très connues (dont celle de Superman dans la série animée éponyme), on ne peut pas dire que la direction d'acteurs ait été très convaincante. Les répliques sont souvent risibles, tombent à plat, et on ne peut même pas se retenir aux musiques qui n'essaient jamais de se faire remarquer.
- Scénario10/20
Le climax du jeu est globalement le même que celui des comics ou de la série animée. On ne sera donc pas étonné de rencontrer les adversaires attitrés de la Justice League au détour d'un synopsis à envergure cosmique. Seul bémol, l'absence de très nombreux personnages, ce qui est tout de même dommage vu que le jeu s'articule autour du plus grand groupe de super-héros de chez DC Comics.
Après Teen Titans, DC Comics remet le couvert grâce à ce Heros De La Ligue Des Justiciers. Malheureusement, bien que Snowblind excelle toujours dans le domaine du hack'n slash, la très faible durée de vie du produit, couplée au nombre famélique de personnages jouables, reste un frein majeur dans la recommandation de ce titre. Cependant, son petit prix et une bonne dose d'action non-stop pourront peut-être vous inciter à endosser votre cape mauve, votre caleçon rouge en spandex, vos collants jaunes et à adopter une pose triomphante, les mains sur les hanches, le torse bombé et la mèche de cheveux au vent.