Made Man, c'est l'histoire d'un type... dont on a rien à carrer ? Oui, c'est un peu vulgaire mais c'est l'idée. Mélange mal balancé de références cinématographiques et de gameplay moisi, le tout étant uni dans la symbiose d'une réalisation à pleurer de rire, le titre vaut pour son côté involontairement rigolo.
Dans Made Man, vous aurez la chance d'incarner un personnage au charisme si puissant qu'en dépit de tous mes efforts, je ne parviens même pas à retenir ne serait-ce que son prénom avec certitude. Il me semble que c'est Joey, mais prenez cette information capitale avec des pincettes. Dans le doute, on n'a qu'à l'appeler Lancelot, c'est joli Lancelot, non ? Lancelot, donc, il en a vu des choses, figurez-vous qu'il est parti de rien pour devenir un membre éminent de la mafia. Oui, c'est follement original je sais, mais gardez votre enthousiasme enfoui sous votre gros pull en laine je vous en prie. Ce brave garçon traverse donc l'histoire de l'Amérique, ce qui veut simplement dire qu'entre trois niveaux dans le présent, il nous fera subir ses flash-backs de la guerre du Viêt Nam, mais c'était pas sa guerre comme on dit. Avant même d'en venir au gameplay, on a bien du mal à résister à la tentation de parler de la mise en scène. En dehors de la B.O. plutôt sympa du jeu, l'intégralité de la bande-son est juste impayable. Les dialogues en particulier, notamment ceux des types d'en face doublés comme les méchants dans Dragon Ball, se partageant deux voix qui parlent pour 50 personnages et racontent n'importe quoi sur un ton absurde. Mais notre héros Lancelot n'est pas en manque de répliques cinglantes, qu'il s'efforce de nous émouvoir lorsqu'il explique son départ à la guerre ("je n'y étais pas par patriotisme, j'y étais par vengeance") ou qu'il tente d'édifier un ennemi tombé par une parole vindicative et mémorable du genre "on se retrouvera en enfer" et autre "cause toujours". Moi j'aurais bien vu un petit "nananananèrheu". Bref, on rit, on rit, on rit, mais je doute que ce soit vraiment le but.
Pour ce qui est du jeu lui-même, n'allez pas chercher bien loin, c'est du shoot, mauvais, mais du shoot, linéaire et idiot. En gros, on vous demande de courir et de sauter à couvert avec une touche dédiée à la chose. Il faut dire que l'exécution du mouvement est souvent bien ridicule tant l'animation manque d'allure. Et c'est à peu près tout ce qu'on peut dire du gameplay. A moins de vraiment vouloir ajouter la présence d'un mode bullet time inutile et moche ou le principe du "meurtre vicieux", un finish move qui consiste à splitter l'écran en deux pour assister à une mise à mort mal cadrée qui est également l'occasion d'entendre les fameuses diatribes de Lancelot.
Basique et primaire, Made Man se mange de surcroît une intelligence artificielle affligeante qui rend les ennemis si réactifs qu'on se prend souvent à se demander si on ne se dirige pas vers un allié, le temps d'une réflexion qui correspond en fait au temps de réaction de l'I.A. qui se met ensuite à nous bombarder de tout son plomb, mais bien sûr, sans songer une seconde à nous compliquer la tâche de quelque façon que ce soit. Bref, Made Man est une sorte de compilation d'horreur et de ringardise où tout, de la bande-son à la mise en scène en passant par le jeu lui-même, semble avoir été calculé pour dégoûter toute personne sensée de jouer. C'est réussi.
- Graphismes8/20
Abominablement laid, Made Man est mal animé, mal texturé et offre même des cut-scenes pitoyables dans lesquelles on peut voir un joli spectacle de ventriloques.
- Jouabilité5/20
On ne peut pas vraiment dire qu'il y ait de problèmes de prise en main, simplement il y a un problème de volonté de prise en main, elle n'existe pas.
- Durée de vie6/20
Made Man a beau proposer 17 missions, une fois qu'on a terminé les deux premières, on jette l'éponge.
- Bande son8/20
En dehors des musiques, tout est à oublier, dialogues, effets, rien ne colle, rien ne convainc.
- Scénario8/20
Construit autour de poncifs du cinéma et des autres jeux du genre, le scénario de Made Man est poussif, qui plus est alourdi par une mise en scène calamiteuse.
Made Man aurait voulu faire valoir ses références cinématographiques afin de surfer sur une vague juteuse dans le jeu vidéo. A final, tout ce qu'il parvient à évoquer, c'est un téléfilm d'action tout juste digne d'une obscure chaîne du câble. A essayer, mais juste pour rire un bon coup.