A l'instar du Parrain et de The Getaway, l'adaptation portable de Scarface change de fusil d'épaule afin de contourner les restrictions techniques induites par le support. Pourtant, si Gangs Of London et Le Parrain laissaient le choix entre un mode stratégique et une aventure à la troisième personne, Scarface : Money. Power. Respect. opte, lui, pour un titre entièrement dédié au Risk-like. Si on peut y voir une solution de facilité de la part des développeurs, il serait malséant de se détourner dudit jeu sous ces prétextes fallacieux.
La première différence entre Scarface : The World Is Yours et Scarface : Money. Power. Respect se situe au niveau du scénario. Ainsi si le premier jeu se déroule après les événements narrés dans le film de Brian De Palma, le second titre reprend certaines scènes du long métrage pour introduire les 10 chapitres constituant la Campagne solo. Tant qu'à parler de ça, signalons sans plus tarder que nous disposons également de deux autres modes de jeu que sont le Défi cartel (similaire à la Campagne à la différence près que vous pouvez incarner un autre Cartel que celui de Lopez) et le Multijoueur. Ce dernier, qui peut accueillir jusqu'à 4 joueurs, propose trois challenges (Course à la fortune, Guerre de la drogue et Combat à mort) dans lesquels le gagnant proclamé sera celui qui obtiendra le plus rapidement une certaine somme d'argent ou le Cartel le plus puissant en fin de partie. Pas grand-chose d'autre à signaler vu que tous ces modes se ressemblent autant qu'une bande de triplés. De ce fait penchons-nous directement sur le jeu en lui-même en expliquant les rouages qui servent à faire avancer la machine.
Tout débute sur une carte de Miami composée de 18 zones détenues par votre propre cartel ou l'un des sept gangs rivaux. Si le mode Scénario comprend plusieurs objectifs à remplir avant de passer au niveau suivant, la règle première est ici d'étendre son empire en récupérant le plus possible de territoires. Pour ce faire, vous disposez de plusieurs moyens qui réclameront beaucoup de moyens financiers. Ainsi, chaque tour de jeu se découpe en trois étapes distinctes. La première consiste à acheter des bâtiments (entrepôts pour stocker votre drogue, labos de cocaïne, d'héroïne et de marijuana) puis à les placer sur un de vos territoires. Vous devrez donc faire jouer l'offre et la demande et choisir les bâtiments en fonction des besoins de chaque zone. Par exemple si la demande de coc. est faible à un endroit, il sera inutile de construire plusieurs laboratoires de cocaïne, ceci ayant pour effet de gonfler vos stocks et d'inonder le marché, ce qui du coup vous rapportera moins de bénéfices. Bref, c'est sur ce principe que vous acquérez vos immobilisations en sachant que chaque arrondissement peut accueillir un nombre limité de constructions. En parallèle des bâtiments, il sera également possible d'embaucher des vendeurs (pour écouler votre marchandise) et des truands pour protéger vos biens. Enfin, la dernière option vous donnera l'occasion d'obtenir des coups spéciaux de trois types : Combat, Dealer et Légal. Le premier type vous servira à prendre l'avantage pendant une phase d'action, le deuxième à influer sur la demande de drogue dans un secteur et le troisième à payer des pots-de-vin ou à magouiller avec les Politiques pour désavantager vos adversaires.
Avant de passer à la seconde étape, il est à noter que vous pourrez proposer une alliance à un cartel adverse afin de pas être ennuyé par ce dernier pendant un certain nombre de tours. Bien utile quand vous êtes à court d'hommes de main. Il est maintenant temps de vendre votre drogue pour engranger des dollars. Ici, rien de plus simple vu qu'on vous indique quelle quantité de dope vous pouvez vendre. Ensuite, il suffira une fois encore d'écouler les stocks en créant le plus possible de dépendance chez vos clients. En somme, vendez peu au tout départ et attendez que le prix explose pour épuiser votre surplus. Enfin, la troisième phase consistera à défendre vos territoires ou à attaquer les cartels ennemis. S'en suivra une phase d'action en 3D durant laquelle vous pourrez choisir d'attaquer de façon globale ou en choisissant une cible bien précise. Ce sera aussi le moment d'utiliser les coups spéciaux (lancer de grenades, attaques surprises, etc.), d'engager des truands supplémentaires qui, pour le coup, coûteront un peu plus cher, ou de fuir si vous sentez que le vent tourne en votre défaveur. Voilà en gros de quoi est fait le gameplay qui montre vite ses faiblesses.
En fait, il est difficile d'adhérer à cette production Vivendi vu qu'on en fait le tour complet après deux ou trois niveaux. Si comme je le précisais plus haut, tous les modes de jeu se ressemblent, le plus grave est qu'à mon sens, le côté stratégique du titre se résume à effectuer les mêmes manipulations d'un tour sur l'autre. Quelques événements aléatoires, affectant l'économie de marché, viennent rompre la monotonie ambiante mais c'est loin d'être suffisant pour redresser la barre. De plus, quelques maladresses (comme celle de ne pouvoir déplacer ses hommes qu'en défense et non pas pour l'attaque) énervent et desservent encore un peu plus l'intérêt du soft qui ne vaut finalement que pour les scènes du film, seul (faux) bonus accessible. Cependant, à 50 euros l'UMD, mieux vaut encore acheter le DVD qui est de plus disponible dans une superbe édition Collector. Et c'est sur ce magnifique coup de pub que je conclue ma plaidoirie en vous saluant bien bas.
- Graphismes7/20
Une carte de Miami qui n'a rien de particulier, des menus austères et des phases d'action hideuses à souhait. Le seul point positif concerne les séquences du film qui sont d'excellente qualité.
- Jouabilité11/20
La seule chose à faire est de choisir les quantités de drogue à écouler, d'acheter des bâtiments ou d'embaucher des hommes. On regrette tout de même que les possibilités soient si peu nombreuses (notamment au niveau du nombre de constructions) et que les phases d'action soient loupées malgré les coups spéciaux. Enfin, l'aspect stratégique est réduit à sa plus simple expression et dénote d'un gros manque d'ambition de la part des développeurs.
- Durée de vie11/20
10 chapitres pour la campagne solo dont la difficulté est liée aux objectifs à remplir. Les autres modes de jeu, dont le multi., ne constituent pas une raison suffisante pour rallumer sa console.
- Bande son11/20
Contrairement à ce qui est précisé au dos de la boîte, la version française comporte bien des doublages français. Toutefois, ces derniers sont de qualité très moyenne et font plus rire qu'autre chose. Les musiques et bruitages n'ont rien d'extraordinaire.
- Scénario/
On ne peut reprocher à Scarface : Money. Power. Respect. son orientation très wargame qui aurait pu donner quelque chose d'intéressant. Malheureusement, le manque de possibilités réduit l'aspect stratégie à sa plus simple expression, avec les mêmes schémas se répétant d'une mission à l'autre. Difficile, dans ces conditions, de s'amuser surtout qu'à côté, Le Parrain et Gangs Of London offrent un contenu plus riche.