Bien avant Xenogears et ses théories philosophiques ou Star Ocean et ses scenarii aux ambitions pharaoniques, Phantasy Star avait déjà opté pour un univers science-fictionnel afin de se démarquer de ses petits camarades. RPG de son état, la saga a progressivement opté pour du simili MMORPG au détriment du mode offline qui fit finalement office de contenu additionnel sans grande saveur. De fait, Phantasy Star Universe était attendu au tournant sachant que la Sonic Team avait annoncé une véritable aventure solo en parallèle du mode online. Après quelques heures de jeu, le résultat est sans appel.
Tenter d'amorcer un nouveau virage pour revenir aux sources est toujours une bonne idée si tant est que le tout se fasse avec douceur, clairvoyance et talent. Ainsi, Phantasy Star Universe peut-être vu comme un épisode de luxe sachant qu'en plus d'une aventure online pouvant être jouée avec cinq amis, le titre comprend un mode solo composé de 12 chapitres. Bonne nouvelle d'autant qu'on nous annonce un véritable scénario et une durée de vie de 50 heures. Seulement voilà, le problème est que la Sonic Team semble avoir réalisé bourde sur bourde en ne pensant absolument à rien et en se contentant de copier/coller les mécanismes et la structure du mode online forcément inadaptés à un mode solo. Ainsi, si Cyber Connect nous avait déjà démontrer avec la première quadrilogie Dot Hack qu'il était très difficile de simuler une ambiance et un gameplay de MMORPG, Phantasy Star Universe nous confirme le tout grâce à une oeuvre bâtarde, elle-même située entre le Dungeon RPG et le MMO.
Tout commence à la manière d'un RPG type avec la présentation du héros, Ethan Weber, flanqué d'une petite soeur qui le suit partout. Si les premières minutes se déroulent dans la joie et l'allégresse, très vite, le chaos se met en place avec une attaque de Seeds (créatures ayant quelques liens de parenté avec les EMS de Final Fantasy X) qui réduit à néant la station spatiale où habitent nos jeunes compagnons qui se verront dès lors séparés. Excellente raison pour commencer à jouer et en apprendre un peu plus sur le gameplay. Tout d'abord, il faut savoir que le mode solo de Phantasy Star Universe n'est finalement qu'un Dungeon-RPG découpé en plusieurs niveaux. D'ailleurs, à la fin de chacun d'entre eux, un artwork fera office de transition avant que le générique du jeu ne serve d'ouverture au nouvel acte. Dans l'absolu, l'impression d'assister à une série TV est assez originale mais de l'autre, l'immersion en prend un sacré coup. Au final, on se fiche très rapidement du sort du héros qui devient de plus en plus insupportable à mesure que le temps passe. Notez que ce désintéressement est également dû à une progression très lente, une impressionnante mollesse dans la mise en scène et des missions qui se ressemblent toutes.
Pourtant, de prime abord, le jeu ne semble pas si catastrophique que cela même si l'aspect Dungeon RPG implique une aventure linéaire à souhait. On ne sera donc pas étonné de revenir à la station spatiale décrite plus haut pour acheter divers objets, upgrader ses armes et choisir sa prochaine mission qui pourra vous mener sur trois planètes différentes. Comme je le disais plus avant, le chapitrage du jeu inclut une répétition dans le processus narratif. De fait, en tant que jeune membre des Guardians (une sorte de milice composée de bons Samaritains faisant régner la paix dans la galaxie), vous débuterez chaque niveau dans votre chambrette, que vous pourrez d'ailleurs personnaliser selon votre goût en achetant divers accessoires dans les boutiques de la galerie commerciale. Pete, votre robot personnel, vous donnera quelques renseignements sur la situation, vos nouveaux objectifs et vous permettra aussi de synthétiser des objets pour peu que vous possédiez les cartes de synthèse ainsi que les éléments requis. Une fois sorti de votre garçonnière, vous pourrez vaquer à vos occupations en effectuant quelques emplettes, en réalisant des missions libres pour booster vos statistiques ou en allant à l'essentiel afin de faire avancer l'histoire.
La plupart du temps, vous serez donc obligé de vous rendre dans le QG des Guardians pour savoir ce qu'on attend de vous puis de partir sur une planète où vous pourrez retrouver vos compagnons afin de former un groupe de quatre personnages qui se fera un plaisir de partir au combat. La suite ne sera qu'une succession de zones qu'il vous faudra passer tout en éliminant moult adversaires qui vous rapporteront deniers et pass, ces derniers étant indispensables pour ouvrir certaines portes. Peu engageant, je vous l'accorde, mais après tout c'est le lot quotidien de beaucoup de Dungeon-RPG. Cependant, le vrai problème de Phantasy Star Universe n'est pas tant dans son orientation que sa jouabilité vieillotte et ses multiples erreurs de gameplay. Pour commencer, si on forme un groupe de combattants avant chaque mission, il est impossible de donner le plus petit ordre aux deux NPC qui nous accompagnent. Frustrant surtout que nos camarades font souvent preuve d'une stupidité à toute épreuve en restant bloqués dans le décor, en ne bougeant pas d'un pouce ou en frappant avec quatre plombes de retard.
En parlant de ça, comment ne pas fustiger les combats chaotiques et désespérément mous ? En somme, si Ethan frappe plus ou moins vite en fonction de l'arme choisie (à laquelle vous pouvez rattacher des techniques spéciales), on a toujours cette sensation d'immobilisme qui nuit gravement aux affrontements. On pourra aussi rajouter des bulles de dialogue (réminiscence du mode online) apparaissant au-dessus de la tête de nos compagnons et qui ont la désagréable habitude d'alourdir l'écran tout en rendant l'action illisible. On a beau pouvoir locker les ennemis, ceci ne résout pas tout surtout lorsqu'on combat plusieurs adversaires en même temps. Pourtant, tout n'est pas complètement noir, surtout en ce qui concerne le nombre d'armes à disposition ou les différentes classes de personnages. Partant de là, c'est en fonction de la classe choisie (Ranger, Hunter, Force, etc.) que vous pourrez utiliser plus ou moins d'armes tels des pistolets, une épée, un sabre, des dagues. Ensuite, plus vous manierez une arme plus son niveau augmentera, tout comme vos propres statistiques ou la classe de personnage. Cependant, on notera une progression de classe laborieuse, ceci nous obligeant une fois encore à leveler comme un dingue pour obtenir des personnages résistants. A ce propos, je vous conseille vivement de faire un peu d'EXP dès le départ si vous ne voulez pas subir d'amères désillusions à partir du chapitre 4.
Pour rester dans les problèmes rencontrés, on signalera aussi des idées farfelues qui nous obligent à effectuer d'incessants allers-retours dans un menu d'inventaire afin de prendre une paire de lunettes pour dénicher des objets invisibles, de la retirer puis de prendre une arme pour détruire lesdits objets. Tout simplement incroyable surtout que ce souci aurait pu être réglé avec les gâchettes droite et gauche qui sont sous-exploitées. Enfin, on se demande encore pourquoi Sega a opté pour une police si petite puisqu'on a bien du mal à déchiffrer les textes à l'écran. Pour terminer, on lâchera quelques mots sur le online dans lequel il est possible de former des groupes de six héros. Comme d'habitude, vous devrez choisir votre race (Humans, Newmans, Casts ou Beats), créer votre avatar, vous trouver des camarades de jeu et ensuite choisir votre type de mission, principale ou libre. Si le tout est plus convivial que le mode solo on se lasse assez vite du manque de diversité dans les objectifs ou dans les stratégies à mettre en place lors d'un combat. De plus sur la trentaine de serveurs mondiaux dispos, seul un est actuellement occupé mais la qualité de la connexion semble plutôt bonne. Bref, si le online constitue le "point fort" de Phantasy Star Universe, c'est loin d'être la panacée pour un ennui qui semble nous guetter à chaque connexion. De plus, il faut savoir qu'en parallèle de votre abonnement Internet, vous devrez acheter une licence de Guardian (pour un prix de 9.99 euros par mois), qui expirera si vous n'y jouez pas pendant trois mois. Non vraiment, chapeau Sega ! En somme, la meilleure solution dans le cas présent est d'éteindre notre modem et de ranger le jeu dans sa boîte.
- Graphismes8/20
Un level design désastreux, un character design à pleurer (entre un héros fade à souhait et des personnages ridicules, rien ne vient vraiment sauver PSU à ce niveau), de l'alisasing et des bugs graphiques (ha ces personnages fantômes qui disparaissent d'un coup d'oeil lorsque vous êtes près d'eux !) se partagent la vedette. Seule une poignée de monstres et quelques décors valent le coup d'oeil.
- Jouabilité11/20
La maniabilité est davantage adaptée au mode online (même si on a déjà vu bien mieux !) qu'à l'aventure solo où on doit se coltiner une IA catastrophique synonyme de compagnons qui restent figés ou qui attaquent avec beaucoup de retard. Le système de menus est totalement à revoir tout comme le dynamisme des combats. On note également pas mal de ralentissements lorsque le jeu doit afficher cinq ou six ennemis à l'écran et il est impossible de donner des ordres aux NPC qui nous accompagnent.
- Durée de vie12/20
Vu que le level-up est obligatoire pour avancer, vous serez amené à effectuer des missions libres pour booster vos persos. Le hic est que les missions sont toutes plus gavantes les unes que les autres et qu'on ne prend aucun plaisir à avancer dans le mode solo. Le multi. est déjà plus intéressant mais reste tout de même très limité tant en terme de sensations que de possibilités. De plus, vous devrez débourser 10 euros par mois en plus de votre abonnement Internet pour pouvoir y jouer.
- Bande son12/20
Un doublage américain pas vraiment concerné par ce qui se passe à l'écran et une majorité de thèmes assourdissants. On pourra bien extirper cinq ou six morceaux symphoniques de l'ensemble mais malgré cela, on est très loin du remarquable travail de Kajiura sur l'OST de Xenosaga.
- Scénario9/20
Après une quinzaine d'heures, le scénario du jeu se résume à une lutte entre plusieurs factions pour l'obtention d'une nouvelle source d'énergie, le A-Photon. Les tiraillements d'Ethan à propos de son père et de son statut de Guardian finissent par lasser et certaines scènes grand-guignolesques nous donnent l'impression d'assister à une parodie de RPG.
Avec une histoire digne d'un roman de gare, un gameplay souffreteux et une absence totale de sensations, le titre de Sega loupe complètement le coche et récupère du coup le titre de "RPG du pauvre" sur PC. De plus, le multi. ne se pose même pas comme l'élément réparateur puisqu'il dénote clairement d'un manque de profondeur. A croire que la magie s'en est allée, aspirée par un trou noir au fin fond de la galaxie.