Avec un titre assez peu évocateur et une jaquette aussi mystérieuse, Scurge Hive inspire déjà de la curiosité dans l'esprit du joueur qui en fait la découverte. Surprenant à bien des égards, ce jeu d'action-RPG interpellera sans aucun doute les férus de Metroid, tant il comporte de similitudes avec cette série.
Et pourtant, si l'on s'attache uniquement au gameplay, Scurge Hive ne semble pas, a priori, avoir grand-chose en commun avec des softs tels que Metroid Fusion ou Metroid Zero Mission. Adoptant une réalisation 2D en vue isométrique, le soft d'Orbital fait, dans un premier temps, davantage penser à un Kingdom Hearts : Chain of Memories pour ce qui est de son aspect visuel. Le personnage principal évolue dans un réseau de salles liées entre elles par des portes qu'il faut parfois déverrouiller en trouvant des clés pour pouvoir les franchir. L'héroïne, puisque c'est d'une femme dont il s'agit, peut effectuer des sauts, tirer et s'agripper sur des barres pour atteindre des plates-formes en hauteur. La progression est ainsi à la fois dynamique et focalisée sur l'action, les ennemis étant toujours tellement nombreux et collants que le rythme ne ralentit jamais. Mais pour s'immerger de bon gré dans l'univers de Scurge Hive il vaut mieux en connaître le scénario, et c'est là que les fans de Samus vont sans doute hausser un sourcil.
Jenosa Arma n'est pas une femme comme les autres. Dans un monde futuriste où la survie est devenue la principale préoccupation des êtres humains, cette chasseuse de primes solitaire a su s'octroyer une certaine réputation pour son professionnalisme et sa discrétion. Ne reculant jamais devant la difficulté, c'est sans doute sa nature curieuse et dévouée qui la poussa à accepter cette mission douteuse pour une somme étrangement élevée. Aujourd'hui, Jenosa ne se demande plus si elle regrette ou non de s'être laissée embarquer dans cet enfer, elle ne souhaite plus qu'une chose, en sortir vivante. Autant l'admettre, les concepteurs de Scurge Hive doivent avoir une réelle passion pour la série des Metroid, ce que l'on comprend très facilement. Même si les rapprochements entre ces deux univers ne sont pas forcément ce qu'il y a de plus déterminant lorsqu'on s'attelle à l'analyse du titre d'Orbital, ils n'en restent pas moins un passage obligé, ne serait-ce que pour donner envie à ceux qui apprécient les aventures de Samus de se laisser tenter par Scurge Hive. Je le redis, pour ce qui est du gameplay, les deux n'ont pas grand-chose à voir, mais il en est tout autre en terme d'ambiance.
Sans doute l'un des aspects les plus réussis du jeu, le contexte SF de Scurge Hive nous plonge dans une atmosphère pesante dès la première seconde. Comment cette chasseuse de primes qui travaille en solo va-t-elle s'en sortir pour percer à jour les intentions de ses mystérieux employeurs, alors qu'elle avance en territoire inconnu où la mort la guette à chaque pas ? Quelle est l'origine de ce fichu signal de détresse à cause duquel elle se retrouve maintenant coincée au beau milieu de l'espace, ses seuls contacts avec l'extérieur résidant seulement dans ces terminaux informatiques poussiéreux ? Seule contre des milliers de formes de vie hostiles et non identifiées, l'héroïne doit également éviter de se laisser infecter par un virus mortel en se rendant régulièrement dans des salles de décontamination pour se purifier. Le joueur voit donc constamment son énergie diminuer à mesure qu'il approfondit son exploration des lieux, sans être jamais certain de pouvoir revenir sur ses pas pour se décontaminer et accessoirement sauvegarder. Revêtue de son indispensable biocombinaison, Jenosa dispose également d'un arsenal évolutif et de gadgets tel que le grappin qui lui permettent de poursuivre toujours plus loin ses investigations. Aucun doute, Samus n'est pas loin.
Jamais très labyrinthiques, les niveaux ont malgré tout un côté déroutant qui justifie la présence d'une carte des lieux plutôt détaillée. Les salles se ressemblent toutes et la présence de terminaux servant à mettre à jour le plan pour indiquer l'emplacement des objectifs n'est pas un luxe. Dommage que les mécanismes de progression soient aussi peu variés, vous obligeant systématiquement à rassembler un certain nombre de cartes magnétiques pour pouvoir déverrouiller des portes permettant l'accès aux zones suivantes. Il en va de même pour la faune locale qui peine à se renouveler et qui fourmille de toutes parts, alors que votre cadence de tir est ridiculement faible. Non, le gameplay n'est pas le point fort de Scurge Hive, et c'est bien dommage. La perspective isométrique choisie rend difficile l'évaluation des perspectives lors des sauts, et on peine à deviner où sont les portes, malgré le plan. L'action est heureusement figée lorsque vous changez d'arme, délaissant le tir normal seulement utile contre les créatures organiques, au profit d'un canon à décharges électriques très efficace contre les ennemis mécaniques par exemple. Le fait de devoir obligatoirement exploiter les faiblesses de ses adversaires est une bonne idée, l'arsenal étant également agrémenté d'armes basées sur la chaleur ou sur la glace, entre autres choses du même acabit.
L'autre bonne idée réside dans la dimension RPG du titre, via l'acquisition de points d'expérience permettant la montée de niveau constante de l'héroïne. Un bon moyen de permettre au joueur de ne jamais se retrouver bloqué par la difficulté parfois mal dosée de certains passages, et de ne pas éviter de manière systématique les affrontements. Il n'en reste pas moins que le jeu pâtit de faiblesses un peu trop nombreuses pour rendre l'expérience vraiment appréciable. En plus des lacunes de gameplay et du manque de renouvellement de l'action, la durée de vie fait en effet défaut à Scurge Hive avec seulement six environnements différents à explorer et sept chapitres à traverser. On regrettera d'ailleurs qu'il n'y ait pas grand-chose de très croustillant à débloquer à la fin de l'aventure, celle-ci n'offrant aucun prétexte valable pour nous inciter à recommencer le jeu une fois terminé. Le titre d'Orbital n'en reste pas moins une bonne surprise et aurait mérité d'être plus approfondi pour parvenir à faire l'unanimité.
- Graphismes15/20
Il suffit de comparer les images pour voir que le rendu est exactement le même entre les versions DS et GBA. La seconde s'en sort avec les honneurs.
- Jouabilité12/20
La vue choisie complique inutilement les sauts et les déplacements en général, et la cadence de tir ne permet pas de se débarrasser proprement des ennemis qui grouillent de toutes parts. Dommage que le gameplay ne soit pas plus plaisant à jouer.
- Durée de vie13/20
Le faible nombre de chapitres et le manque de bonus intéressants à débloquer font que l'on termine le soft une fois assez rapidement sans avoir réellement envie de s'y remettre.
- Bande son14/20
On nage en pleine science-fiction avec des mélodies parfois déstabilisantes mais jamais du niveau de celles d'un Metroid.
- Scénario15/20
Perdue en territoire inconnu, Jenosa a la lourde tâche de devoir rassembler des données en explorant des bases militaires se trouvant sur des planètes isolées infestées de monstres. L'ambiance est suffisamment réussie et l'histoire suffisamment intrigante pour que l'immersion soit immédiate.
Ne cachant pas ses références à Metroid, Scurge Hive est un jeu surprenant qui n'atteint malheureusement pas ses ambitions à cause d'un gameplay maladroit et d'une construction trop redondante. Les bonnes idées sont pourtant là, de même que l'immersion, mais on ne prend pas vraiment plaisir à exterminer une vermine qui n'en finit pas de revenir à la charge de manière bête et méchante. A voir quand même en attendant le retour de Samus.