Récemment portées sur le grand écran, les aventures d'Alex Rider sont, à l'origine, une série de romans d'espionnage écrits par l'auteur britannique Anthony Horowitz. Destinées tout particulièrement aux enfants, ces histoires bourrées d'action sont passées entre les mains de THQ en vue d'une adaptation en jeu vidéo.
On peut s'étonner, dans un premier temps, de constater que seuls les possesseurs de DS et de GBA puissent bénéficier de ces adaptations, les consoles de salon ayant été tout simplement évincées au profit du support portable. Un choix qui trahit peut-être les doutes de l'éditeur vis-à-vis d'une licence pas forcément très populaire si on la compare au phénomène Harry Potter, par exemple. Le fait est que le titre n'est, de toute façon, pas d'une qualité transcendante, loin de là.
Premier avertissement à l'attention des inconditionnels d'Alex Rider, les versions DS et GBA n'ont absolument rien à voir et constituent deux softs bien distincts. Second avertissement, l'opus GBA est aussi mauvais, sinon plus, que son homologue DS. Car si l'expérience de jeu que nous propose Altron sur la console au double écran est fade et peu inspirée, celle que nous offre Razorback sur GBA est carrément pénible. A première vue, pourtant, le titre s'annonce sous les meilleurs auspices. Non pas qu'il jouisse d'une réalisation faramineuse, ce serait plutôt le contraire, mais disons qu'il bénéficie d'un cachet old-school qui n'est pas sans évoquer les tout premiers opus de Metal Gear. Lors des premières minutes, on s'attend presque à découvrir un clone du jeu imaginé en 1987 par Kojima, avec sa dose d'infiltration et de gardes à duper. Peut-être qu'effectivement, les responsables de cette version GBA se sont inspirés de ce jeu culte, mais la copie est alors vraiment loin de refléter son modèle.
L'action se déroule donc en vue de dessus, avec une perspective plutôt bien choisie puisqu'elle nous permet de garder un oeil sur tout ce qui se passe autour du personnage principal. Les sprites étant très petits, le champ de vision est appréciable, même si cela se fait au détriment de la qualité visuelle globale. Les animations sont d'une pauvreté qui nous ramène des dizaines d'années en arrière, et c'est tout juste si l'on voit les bras et les jambes d'Alex lorsqu'il frappe. Parlons-en, de ces phases de combat, hallucinantes d'imprécision. Contrairement à ses adversaires, le héros ne sait pas se mettre en garde, et même si c'était le cas, on ne verrait pas suffisamment bien ce qui se passe à l'écran pour anticiper. Par conséquent, le joueur se retrouve à mitrailler les boutons d'attaque pour enchaîner suffisamment de coups en espérant que son opposant ne réussira pas à frapper avant lui, ce qui arrive une fois sur deux. Totalement dépourvus d'intérêt, ces combats sont d'une pauvreté sidérante, et c'est d'autant plus gênant que les ennemis nous arrivent dessus toutes les cinq secondes.
On peut donc regretter que le level design ne permette quasiment jamais de se jouer des gardes en les esquivant. Des techniques de neutralisation furtives auraient été bienvenues pour zapper quelques affrontements inutiles, on se demande d'ailleurs comment les développeurs n'y ont pas pensé. Résultat, à la place du soft d'infiltration attendu, on se retrouve avec un jeu d'action sans aucune saveur, sauvé seulement par l'acquisition régulière de nouveaux gadgets. Parmi ceux-ci, on trouve le pistolet paralysant qui permet essentiellement d'échapper aux tirs ennemis, le détecteur de mines, le yoyo servant de grappin pour franchir les crevasses, les fumigènes, le détecteur d'ennemis ou encore la crème corrosive. Tout ceci aurait pu être mis au service d'une progression subtile et variée, soit exactement le contraire de ce qu'on trouve ici. Les niveaux sont tous construits de la même façon, l'objectif étant toujours de trouver une clé ouvrant une porte derrière laquelle se trouve une autre clé ouvrant une autre porte, et ainsi de suite. On s'efforce d'aller le plus loin possible pour savoir si les choses s'améliorent un peu au fil du temps, mais le principe reste invariablement le même. Ne soyez donc pas surpris si on vous déconseille fortement de l'acheter.
- Graphismes8/20
Une réalisation très géométrique qui, par son côté old-school, rebutera les uns et séduira les autres. Dans tous les cas, si la perspective autorise une bonne vision d'ensemble, la petitesse des sprites rend l'action illisible.
- Jouabilité5/20
Le schéma de progression est inlassablement le même du début à la fin, l'infiltration étant très largement sous-exploitée. Omniprésents, les combats imprécis achèvent de rendre le tout pénible à jouer.
- Durée de vie10/20
La fréquence des affrontements rallonge inutilement la durée des niveaux, ceux-ci n'étant ni très vastes ni très nombreux. Quelques heures suffiront à en faire le tour si vous avez la patience d'aller jusqu'au bout.
- Bande son10/20
Les musiques sont plutôt réussies mais on a l'impression d'entendre toujours les mêmes.
- Scénario9/20
L'histoire est à peine esquissée, ne permettant pas à ceux qui ne connaissent pas le roman d'origine ou même le film de comprendre ses tenants et aboutissants.
Conçue de façon bien distincte de l'opus DS, cette version GBA aurait pu nous rappeler l'ancêtre Metal Gear si les développeurs n'avaient pas totalement évincé l'infiltration au profit d'une action confuse et limitée. D'autant que le système de progression est toujours le même, du début à la fin.