On entend souvent dire que le coût de développement d'un jeu vidéo est colossal, que pour pondre un titre de bonne qualité, il faut avoir une équipe de développeurs, animateurs, dessinateurs conséquente, et pourtant on voit parfois arriver des softs à petit budget, créés par des amateurs passionnés qui mettent tout leur coeur à l'ouvrage. Barrow Hill fait partie de ces jeux d'aventure point & click différents car développés par une toute petite structure. Et il en est même surprenant car la qualité atteinte est digne d'une production plus importante.
La scène d'introduction met tout de suite dans le bain : Barrow Hill mise tout sur son ambiance, une ambiance oppressante et malsaine. La cinématique est composée de plusieurs petites séquences filmées mises bout à bout et au rendu assez particulier car en noir et blanc. Celle-ci est mal compressée, ce qui fait qu'elle a un côté assez "sale". On en sait très peu dans cette introduction sur le contexte dans lequel se déroule le jeu. Le personnage que l'on va incarner est en train de rouler dans sa voiture. Il écoute la radio et c'est par ce biais que l'on apprend que l'histoire commence le soir de l'équinoxe d'automne, une date particulière puisque c'est celle où la durée de la nuit est la même que celle du jour. Soudain c'est la panne, impossible de redémarrer. On se retrouve bloqué en plein coeur des bois de Cornouailles en pleine nuit. Et c'est à ce moment que la partie commence véritablement.
Tout se déroule en vue subjective et en écran par écran. La prise en main est donc immédiate puisqu'on retrouve un gameplay proche des anciens jeux d'aventure à la Myst. Comme dans ce dernier, il n'y a d'ailleurs aucune possibilité de regarder autour de soi si bien que l'on pourrait qualifier Barrow Hill de jeu "diapositives". Tout comme dans Myst, on retrouve aussi quelques personnages filmés que l'on peut croiser au cours de l'aventure. Ceux-ci sont néanmoins très rares et le plus souvent on erre seul dans la station service et ses environs ce qui renforce le côté inquiétant de la chose puisqu'il semble y avoir quelque chose tapi dans l'ombre... La grande force du jeu réside non seulement dans son ambiance, mais aussi dans son côté non linéaire. On peut en effet aller librement où on le souhaite et résoudre les énigmes dans l'ordre que l'on veut. Evidemment, cette liberté est relative puisque même si vous parvenez par exemple à réparer le relais téléphonique dès le début de l'aventure, il vous faudra trouver un téléphone portable pour véritablement en profiter. De même, si les chemins sont toujours ouverts, certains nécessitent que vous ayez auparavant trouvé une lanterne pour vous éclairer. Tout cela est cependant très bien fait et on n'a pas l'impression d'être placé sur des rails comme c'est le cas dans beaucoup d'autres jeux du genre.
Dans Barrow Hill, on découvre les pièces du puzzle au fur et à mesure. On en apprend plus sur un archéologue qui faisait des recherches sur un cercle de pierre, sur la mystérieuse disparition d'une équipe d'ouvriers une nuit de novembre... Ce sont ces éléments qu'il faudra que vous mettiez bout à bout pour comprendre le fin mot de l'histoire. A ce propos, on regrette un peu de ne pas avoir de journal qui résumerait les découvertes que l'on a faites. Cela n'aurait pas été du luxe pour noter automatiquement les indices récoltés car en l'état, le papier et le stylo sont deux outils indispensables pour progresser. On est de ce fait parfois un peu perdu et on ne sait plus trop ce qu'il faut faire. C'est le revers de la médaille des jeux non linéaires, mais ce revers aurait en partie pu être contourné si un journal clair et précis s'était écrit automatiquement au fil du jeu. Ce qui est sympathique en revanche, c'est le nombre conséquent d'interactions avec le décor. Il est possible d'agir sur un nombre important d'objets et ce, même si cela n'a aucune influence sur l'aventure elle-même. Vous pouvez par exemple manger un gâteau, toucher au robinet des toilettes, à la sauce posée sur la table du restaurant... Au final, voilà un titre qui, s'il ne révolutionnera pas le petit monde du jeu d'aventure, se révèle être plutôt agréable à parcourir, surtout de nuit toutes lumières éteintes. Brrr...
- Graphismes11/20
Les graphismes ne sont pas le point fort du jeu vu qu'ils sont limités à une résolution de 800x600. Certains environnements sont néanmoins plus réussis que d'autres : la grotte et la station-service notamment. A noter qu'on aurait aimé avoir un peu plus d'animations dans les décors car ils sont trop statiques.
- Jouabilité14/20
Un jeu d'aventure old-school comme on les aime : beaucoup d'interactions avec les décors, une prise en main très simple et des énigmes intéressantes. On regrettera néanmoins l'absence de vision à 360 degrés qui nous aurait permis de mieux observer les décors. Il manque aussi un journal pour nous permettre de nous retrouver dans l'aventure, une fonctionnalité qui aurait été très utile car Barrow Hill a un système de progression non linéaire.
- Durée de vie13/20
Les zones à visiter ne sont pas très vastes. Heureusement, grâce à la non linéarité de l'ensemble, on avance dans l'aventure un peu à l'aveuglette en récupérant des objets qui ne nous serviront que bien plus tard ou en résolvant des puzzles dont on ne sait pas encore ce qu'ils vont nous apporter. C'est plutôt bien vu. Signalons aussi qu'il existe deux fins différentes.
- Bande son13/20
L'ambiance est soutenue par des effets sonores inquiétants. Hélas, le doublage de la version française est assez moyen, très loin de la qualité atteinte dans les jeux Nancy Drew.
- Scénario13/20
Bon, on ne va pas vous mentir, le coup de la panne en pleine nuit dans une forêt mystérieuse ne respire pas l'originalité, mais Barrow Hill parvient tout de même à intéresser le joueur grâce à une ambiance à nulle autre pareille.
Barrow Hill est une bonne surprise et ça en est même étonnant pour un titre qui a été créé par une si petite équipe. Grâce à son aspect non linéaire, à son ambiance oppressante et à ses énigmes intéressantes, il parvient à accrocher le joueur pour ne plus le lâcher jusqu'à la fin. Certes, tout n'est pas parfait et on regrettera surtout l'absence de journal où nos actions auraient été consignées et une réalisation qui risque de rebuter les moins motivés d'entre-vous. Cependant, les amateurs de jeux d'aventure peuvent aisément se laisser tenter, surtout que le prix est intéressant.