En perte de vitesse depuis quelque temps, Crash Bandicoot revient brutalement sur la scène vidéoludique pour éviter de tomber dans l'oubli après des années de bons et loyaux services. Après s'être essayé à toutes sortes d'activités plus ou moins pertinentes, le marsupial nous convie à un party-game franchement décevant sur DS.
Si vous avez bonne mémoire, vous vous souvenez peut-être que le bandicoot avait déjà cédé à la mode des mini-jeux dans l'anecdotique Crash Bash sur PSOne. Bien que peu original, le titre d'Eurocom possédait malgré tout quelques atouts pour séduire un certain public, des atouts qui manquent cruellement à Crash Boom Bang sur DS. Chargée de sa conception, l'équipe de Dimps donne l'impression désagréable d'avoir développé ce jeu sans aucune conviction, presque sous la contrainte, celui-ci étant un véritable nid de défauts.
Autant commencer par le manque flagrant d'inspiration qui émane de ce titre, plagié honteusement sur un Mario Party, depuis la gestion du plateau jusque dans la façon dont interviennent les mini-jeux. Et pourtant, même en mâchant tout le travail à Dimps, Nintendo n'a aucun souci à se faire puisque la copie n'est qu'une imitation désastreuse de son modèle. Si les party-games ne brillent généralement pas toujours par leur efficacité, celui-ci frôle presque le génie tant il est raté sur tous les points. Pour être clair, les mots qui caractérisent le mieux ce soft sont confusion, agacement et injouabilité. Le ton est donné dès les premières phases de déplacement sur le plateau de jeu. La partie se déroule dans la confusion la plus totale, le joueur ne comprenant pas la moitié de ce qui se passe à l'écran. Chacun lance son dé en même temps, ce qui vous empêche de suivre le parcours de vos concurrents et d'anticiper sur ce qui se passe autour de vous. Comme si ça ne suffisait pas, un chronomètre est là pour vous bousculer au cas où vous auriez l'idée saugrenue de prendre le temps de réfléchir entre chaque tour. Résultat, on ne peut ni observer tranquillement la carte du plateau, ni consulter à loisir la description des items compris dans l'inventaire. Autant dire que les premières parties sont plutôt rebutantes.
Et cette impression désagréable ne s'améliore pas au fil du temps puisque les quelques secondes durant lesquelles on a le temps de voir ce que font les autres concurrents suffisent pour constater de nouvelles aberrations au niveau de l'IA. A titre d'exemple, il m'est arrivé de surprendre un joueur contrôlé par le CPU utiliser une carte permettant d'échanger la place de tous les participants en début de partie, alors que tout le monde se trouvait au même endroit sur la case de départ. Dès lors, le dépit s'installe et on ne fait même plus attention aux quelques événements spéciaux qui surviennent au détour de certaines cases piégées. Il faut dire que la notion de chance est tellement présente dans le jeu qu'une situation peut se renverser à tout moment, vous propulsant en tête juste après qu'un métro vous soit passé dessus en vous faisant perdre la moitié de vos points. Dans ces conditions, qui se souciera des prétendues subtilités mises en avant par le développeur, telles que la notion de pari ou la possibilité de recourir aux fonctions PictoChat pour déconcentrer ses adversaires. Le déroulement de la partie est déjà suffisamment brouillon comme ça sans qu'on ait envie de se compliquer la vie avec de telles inepties.
Quant à ceux d'entre vous qui espèrent pouvoir se rabattre sur les mini-jeux, le bilan est sans appel. Jamais on aura vu des épreuves aussi mal conçues, brillant à la fois par leur caractère injouable et leur absence cruelle d'intérêt. Seulement 40 défis sont inclus dans la cartouche, ce qui est déjà peu mais ce qui le devient encore plus lorsqu'on constate que ce sont souvent les mêmes qui reviennent durant les premières parties. Très mal utilisé, le stylet sert généralement à indiquer l'endroit où on souhaite envoyer notre personnage, sachant que celui-ci ne comprend pas de lui-même comment contourner un obstacle. On croit rêver tellement les mini-jeux prennent vite une dimension surréaliste, le joueur étant dans l'obligation de faire n'importe quoi puisqu'on ne lui donne pas les moyens de jouer convenablement. Alors pourquoi s'intéresser à un titre sur lequel le joueur ne peut avoir aucune prise et dont le manque d'originalité n'a d'égal que l'absence totale d'intérêt ? Espérons que désormais, les développeurs y réfléchiront à deux fois avant de ressortir une licence fragile du placard pour ne réussir qu'à lui porter préjudice.
- Graphismes11/20
Blindé de couleurs pastel, le soft n'est pas particulièrement plaisant à regarder avec sa 3D sommaire et ses décors à moitié vides.
- Jouabilité4/20
L'interface mériterait une bonne révision, tout comme la gestion du stylet, très très mal utilisée ici. La majeure partie des mini-jeux sont totalement injouables et certainement pas amusants. Quant au système de progression sur le plateau, il est d'une confusion sans précédent.
- Durée de vie6/20
En mode Histoire, on cherche le meilleur moyen d'abréger la partie pour enchaîner rapidement les niveaux. Il faudrait être sérieusement atteint pour avoir envie de s'y remettre dans des parties à plusieurs.
- Bande son6/20
Les musiques sont là parce qu'il en fallait, et les bruitages liés aux différents personnages deviennent vite crispants.
- Scénario5/20
Une sombre histoire de cité perdue qui renfermerait un puissant cristal. Encore un prétexte pour réunir les marsupiaux dans un jeu sans queue ni tête.
Crash a perdu de sa superbe au fil des épisodes, et ce n'est certainement pas ce pseudo party-game qui réussira à redorer son blason. Le système de jeu est vraiment loin d'être au point, quant aux épreuves proprement dites, elles ne manquent pas seulement d'inspiration, elles sont aussi quasiment injouables. Difficile de faire pire.