Cinquième volet de la série des Atlantis, L'Héritage Sacré est, tout comme ses prédécesseurs, un jeu d'aventure point & click se déroulant écran par écran et qui se veut être une véritable invitation au voyage. Un voyage grâce aux lieux visités qui vous feront parcourir le monde, un voyage aussi de par l'époque à laquelle se déroule l'histoire puisqu'elle se passe en 1937.
Vous êtes Howard Brooks, un ingénieur qui rentre d'un colloque auquel il a participé en Allemagne. A bord du zeppelin qui le ramène à New York, il se fait attaquer par un groupe mystérieux souhaitant s'emparer d'un artefact qui serait la clé du continent perdu de l'Atlantide. Vous voilà donc impliqué dans la recherche de ce mythe. Pour ce faire, vous allez devoir parcourir le monde : l'Empire State Building tout d'abord, puis la ville chinoise de Macao, l'Inde... Ce scénario n'est pas forcément très original et son traitement est décevant. On a beaucoup de mal à entrer dans cette histoire à cause du peu de charisme et de profondeur des personnages rencontrés. En plus, l'ensemble manque de cohérence et on passe d'un lieu à l'autre sans avoir véritablement eu le temps de bien s'imprégner de l'ambiance car les endroits visités ne sont pas assez vastes.
Ce qui saute aux yeux lorsqu'on commence à jouer à L'Héritage Sacré, c'est le traitement graphique particulier. Le jeu adopte des couleurs saturées très vives et les personnages ont un look BD prononcé. Pour renforcer cet aspect cartoon, les dialogues ont été placés dans des bulles. Quitte à adopter ce parti pris, il aurait fallu y aller totalement en mettant du cel shading sur les décors parce que là, on reste un peu sur sa faim en pensant que le studio de développement n'a pas pu aller au bout de son idée. On est aussi déstabilisé par la qualité très inégale des personnages rencontrés. Certains apparaissent nets alors que d'autres ne sont qu'une infâme bouillie de pixels. Etrange, et cette critique est aussi valable pour les environnements visités très irréguliers. Les quais en Chine sont réussis, ce qui n'est pas le cas de l'Empire State Building dont les murs sont ornés d'affiches peu détaillées. Tout laisse à penser que le temps a manqué pour peaufiner au mieux tous les aspects du jeu.
Et le temps justement, c'est peut-être aussi ce qui a fait défaut aux développeurs pour ajouter plus d'interactions avec les décors. Pour illustrer mes propos, je prendrai un seul exemple. A un moment de l'aventure, vous devrez ouvrir un cadenas en le forçant avec un extincteur. Jusque-là, tout va bien. Là où ça se gâte, c'est que des extincteurs, on en croise plusieurs dans l'immeuble en question mais que vous ne pourrez cliquer que sur un seul d'entre eux. Excusez-moi mais ce genre de limitations, c'est indigne d'un jeu d'aventure moderne. Ce qui est très énervant aussi, c'est le niveau de difficulté assez mal réglé. On bloque toujours sur des détails et c'est d'ailleurs une des caractéristiques de la série des Atlantis qui n'est pas connue pour avoir une difficulté progressive. Cet aspect risque de décourager les débutants surtout qu'on doit faire de nombreux allers-retours pendant l'aventure, allers-retours pour parler à un personnage dont on a débloqué de nouvelles possibilités de dialogues, allers-retours pour ouvrir une porte à l'aide d'une épingle à cheveux que l'on vient de trouver... Evidemment, c'est le principe même du jeu d'aventure, mais dans L'Héritage Sacré, c'est vraiment très lourd et il semble que les développeurs aient voulu cela pour allonger la durée de vie.
Pour ce qui est des puzzles aussi, on aurait pu s'attendre à mieux. La plupart sont totalement inintéressants et pas novateurs pour un sou, mais le pire, c'est qu'on arrive à en résoudre certains non pas par la réflexion, mais par le hasard total. Quant à l'énigme des scarabées qui vous opposera à l'IA pour récupérer trois cristaux, elle est totalement ratée car vous devrez compter sur une erreur de l'adversaire pour l'emporter. Pas très motivant tout ça... Au final, c'est à un jeu en demi-teinte auquel on a droit.
- Graphismes12/20
Quelques décors réussis (les quais en Chine notamment), hélas, certaines parties sont floues et peu détaillées (affiches accrochées aux murs à New York par exemple), mais ce sont surtout les personnages qui déçoivent puisqu'ils s'apparentent parfois à une bouillie de pixels. Bref, on notera un gros manque de cohérence et une grande irrégularité dans la qualité des lieux visités.
- Jouabilité11/20
La prise en main ne pose aucun problème : c'est du point & click écran par écran classique. Une fois ceci posé, on regrettera des interactions beaucoup trop limitées avec les éléments du décor et des puzzles peu intéressants.
- Durée de vie11/20
Les lieux à visiter ne sont pas assez vastes et la durée de vie serait catastrophique si quelques puzzles retors ou des objets un peu trop bien planqués dans le décor ne s'opposaient pas à notre progression.
- Bande son12/20
Les musiques sont plutôt réussies, mais ces dernières sont beaucoup trop présentes : elles tournent en boucle tout au long des parties et deviennent vite lassantes. On aurait préféré qu'elles ne se déclenchent qu'à certains moments et qu'une véritable ambiance faite de bruitages nous accompagne dans nos pérégrinations. Pour ce qui est des doublages français, ils vont du moyen au bon selon le comédien.
- Scénario12/20
Le scénario manque de cohérence. Si on cherche tout au long de l'aventure le continent perdu de l'Atlantide, le jeu est découpé en lieux que l'on visite successivement et dont chacun a au final sa propre petite histoire. Quitte à faire un jeu linéaire, un fil rouge plus présent et dont on s'éloigne moins aurait certainement permis d'intéresser un peu plus le joueur.
La série des Atlantis a perdu de sa superbe au fil du temps et ce cinquième volet ne déroge pas à la règle car il n'a pas su évoluer face à la concurrence de plus en plus féroce. Ainsi, on se retrouve en présence d'un titre pas foncièrement mauvais, mais qui manque d'envergure : pas assez d'interaction avec les décors, des énigmes franchement limitées que l'on réussit plus souvent par pur hasard que par déduction ou encore une progression molle due aux trop nombreux allers-retours. Tout cela fait que l'on ne s'implique pas totalement dans l'histoire et c'est très dommage. Ce soft assez moyen est donc à réserver aux inconditionnels en manque de jeux d'aventure point & click.