On a beau nous répéter que l'habit ne fait pas le moine, autant dire que cet adage ne s'applique pas du tout aux super-héros. Bariolés, affriolants, souvent ridicules, ces canaillous en spandex ont fait rêver des milliers de fans et continuent encore maintenant à construire leur légende au moyen de joutes homériques se déroulant aussi bien sur Terre ou à l'autre bout de l'univers. S'il serait réducteur de stigmatiser les personnages de Marvel à de simples combattants sans cervelle, le jeu d'Activision s'évertue pourtant à les livrer en pâture à des hordes de super-vilains tous plus remontés les uns que les autres. Pas de quoi crier au loup cependant puisque c'est ce que nous sommes venus chercher.
Si je replonge dans mes souvenirs de vétéran, je me revois en train de dévorer mes derniers numéros de Strange, Nova, Titan avec une joie insoupçonnée. Il faut dire qu'à l'époque (que bon nombre d'entre vous ont connu par le biais de leur manuel d'histoire), les publications SEMIC étaient un bon moyen de s'évader du quotidien et ce à moindres frais. Tout ça pour dire qu'un nouvel univers me fut offert avec ses mythes, ses histoires, ses règles. D'une richesse insoupçonnée, le macrocosme Marvellien me permit de rencontrer des personnages comme Spider-Man, Daredevil, Iron Man, les X-Men, Wolverine, etc. Un choc culturel indéniable (surtout pour de pauvres européens habitués à la BD franco-belge) mais surtout une nouvelle façon de concevoir la bande dessinée. S'il fallut attendre plusieurs années pour commencer à voir émerger des longs-métrages de qualité dédiés à ces héros des temps modernes, le jeu vidéo s'empara assez rapidement de cette manne providentielle pour nous concocter quelques titres de plus ou moins bonne qualité.
Retour en 2004, date à laquelle sort le premier X-Men Legends. Le concept est simple : permettre aux joueurs de diriger un groupe entier de super-héros dans un hack 'n slash survolté. Le résultat, jouissif sur bien des points, ne fut pas pour autant le titre qu'on était en droit d'espérer, surtout après Baldur's Gate Dark Alliance qui avait redéfinit le genre sur consoles. Trop bourrin, trop chaotique, un gameplay poussif, X-Men Legends connut malgré tout un fort succès et permit à Raven Software de mettre une suite en chantier un an après. Scénario analogue cette année puisque la société revient sur le devant de la scène avec un titre similaire qui cette fois voit plus large avec des personnages plus éclectiques. Marvel : Ultimate Alliance ne surprendra donc pas ceux qui connaissent les deux volets de X-Men Legends mais ce n'est clairement pas le but affiché par les développeurs qui cherchent avant toute chose à faire plaisir aux amateurs de comics en leur servant sur un plateau d'argent une clique de super-héros disparates, issus de différentes séries, de différents groupes.
Tout commence avec le docteur Fatalis et les Maîtres du Mal qui sont en passe de s'approprier un pouvoir dépassant l'entendement et capable de mettre en péril l'univers entier. Pour contrer cette menace potentielle, le colonel Nick Fury rassemble une pléthore de super-héros qui vont bien évidemment devoir contrer tous les super-vilains s'étant ralliés à l'ami Victor. Comme précisé dans la preview Xbox 360, le concept de jeu de Ultimate Alliance est un copier/coller de celui des X-Men Legends. On peut y incarner plusieurs personnages, en changer à chaque point de sauvegarde et ainsi créer différents groupes de quatre personnages plus ou moins complémentaires en fonction de leurs pouvoirs. A ce sujet, il est toujours possible de faire évoluer nos combattants qui pourront obtenir davantage de techniques ou augmenter leurs statistiques à mesure que nous jouons avec eux. De plus, si le fait d'avoir droit à divers bonus en fonction de la composition des groupes (uniquement composés de femmes, l'équipe des 4 Fantastiques au grand complet, etc.) est encore d'actualité, une petite nouveauté permet de faire évoluer différemment son héros grâce au costume que vous aurez choisi. Par exemple, si vous affublez Captain America de son costume version Ultimate, vous pourrez obtenir, entre autres, davantage d'XP. De même, si vous optez pour le costume de l'US Agent, il sera possible d'être plus efficace au combat au corps-à-corps.
Continuons dans les petits plus avec un système d'ordres pour modifier le comportement des trois compères qui vous accompagnent. Rien de bien surprenant vu qu'il est simplement permis de leur dire de nous suivre ou d'être plus ou moins agressifs au combat. Rien de bien neuf surtout que la construction est exactement la même avec les bureaux de Tony Stark servant de QG d'où on peut choisir la mission suivante et que les joutes explosives sont encore plus fouillis qu'avant. A ce sujet, on a eu beau répéter que l'action d'X-Men Legends était un tantinet illisible, Raven Software n'en démord pas et rajoute encore plus d'effets pyrotechniques pour bien alourdir l'écran. Ce barbouillage de SFX a beau flatter la rétine, si c'est au détriment du confort de jeu, on peut rester dubitatif devant les choix des développeurs. En parlant d'affrontements, signalons aussi que des actions contextuelles font leur apparition durant les combats contre les boss. Bonne idée sauf qu'à certains endroits, tout ceci est mal exploité. Ainsi, durant la bataille contre le Kraken, il n'est pas rare d'attendre de longues minutes devant un pilier avant que la charmante bestiole se décide enfin à le frapper, ceci nous autorisant ensuite à assister à une petite séquence durant laquelle il faut éviter les attaques du monstre en appuyant au bon moment sur la touche adéquate.
Au bout du compte, la conclusion est exactement la même que celle d'X-Men Legends 2. Marvel Ultimate Alliance est un jeu pensé pour des fans, avec ses qualités et ses défauts. Raven Software a reproduit la formule miracle et n'a absolument pas cherché à transcender un concept intéressant qui semble toujours ne pas vouloir nous donner son maximum. Le hic dans tout ça est qu'Activision n'a même pas daigné nous offrir une version avec des sous-titres français, ce qui est vraiment fort de café sachant que les deux X-Men Legends étaient bel et bien traduits. De plus, l'absence de potions de santé et de mana (remplacées par des orbes lâchés par les ennemis) pourra en surprendre plus d'un mais il faut bien voir que cet "oubli" accentue un peu plus le côté stratégique. A ce sujet, sachez que si un de vos personnages vient à mourir, vous ne pourrez plus le récupérer moyennant finances vu que ce dernier ressuscitera tout seul après un certain temps. Je vous l'accorde, c'est plutôt une bonne nouvelle. Enfin, on retrouve aussi un mode Coopératif ainsi qu'un mode Online pour rallonger la durée de vie. En fait, Ultimate Alliance, tout comme ses modèles, se pare d'un statut de rêve éveillé pour tous les enfants de Stan Lee que nous sommes et devrait trouver très facilement son public.
Un grand merci à monsieur Gosford pour son aide précieuse dans l'écriture de ce test.
- Graphismes14/20
Les premiers environnements pouvaient nous faire craindre le pire mais à partir du chapitre de Namor, on a droit à des décors beaucoup plus variés et bien moins homogènes que ceux de X-Men Legends 2. Les effets spéciaux sont une fois encore mis en avant afin d'embellir et de magnifier les affrontements. Enfin, une vingtaine de personnages répondent présents et les divers costumes sont là pour contenter le fan endurci.
- Jouabilité12/20
A part quelques nouveautés comme le système d'ordres, les actions contextuelles, le respawn des personnages ou l'évolution de ceux-ci liés à leurs costumes, pas grand-chose à signaler depuis X-men Legends 2. On notera tout de même l'absence des potions de soin ou de mana ou la lisibilité d'ensemble qui, bien qu'étant légèrement meilleure que celle de ses ancêtres, n'en reste pas moins toujours confuse. Enfin, carton rouge à Activision qui n'a même pas pris la peine de traduire le titre !
- Durée de vie15/20
Le fait de pouvoir jouer avec trois amis permet à Marvel Ultimate Alliance de proposer une longévité plus qu'honorable. De plus, terminer le mode solo ne sera pas si aisé que cela sachant que certaines missions (bonus la plupart du temps) sont à se frapper la tête contre un mur.
- Bande son14/20
Ca explose de partout, ça crie des noms d'attaques de tous les côtés et en arrière-plan sonore, les cuivres et les percussions rugissent. Le doublage américain est dans la veine de celui des X-Men Legends et par voie de conséquence, on peut dire qu'il est de bonne qualité.
- Scénario/
Sans surprise, Marvel : Ultimate Alliance copie/colle ce qui avait été fait avec X-Men Legends : même style graphique, même système de jeu, même construction. Les nouveautés apportées sont minimalistes et bien qu'on retrouve une fois de plus les problèmes des précédentes productions Raven Software, le plaisir d'incarner une tripotée de super-héros dans un jeu encore plus furieux que ses modèles l'emporte sur les quelques déceptions émaillant la découverte du soft.