Il y a des moments où il faut savoir ravaler sa fierté et avouer son ignorance. Reconnaissons-le, le phénomène Alexandra Ledermann nous dépasse, faisant l'unanimité auprès des joueurs occasionnels et laissant tous les autres dans la perplexité la plus complète. En dépit d'une qualité générale qui ne tend pas à s'améliorer au fil des épisodes, la série voit clairement sa cote de popularité grandir chaque année un peu plus, avec déjà un septième volet sur PC.
Conscient du potentiel commercial de sa licence Alexandra Ledermann, Ubisoft revient chaque année avec une version annuelle qui risque, à nouveau, de s'écouler comme des petits pains auprès des jeunes amateurs d'équitation. Le problème, c'est que l'on sent de moins en moins, de la part des développeurs, l'envie d'innover, ce septième opus n'ayant aucunement la prétention de changer une formule pourtant peu convaincante d'un point de vue purement ludique. On pourrait presque comparer cela avec les rééditions sportives d'EA Sports, la politique du peaufinage étant visiblement de mise pour cet Alexandra Ledermann 7. Fatalement, les joueurs ne pourront donc que ressentir un cruel sentiment de lassitude au vu du peu de changements opérés d'une année sur l'autre, même si les concepteurs n'ont pas forcément tort d'essayer de conserver les quelques idées ayant fait leur preuve dans les anciens volets.
Vous vous souvenez certainement que l'une des nouveautés du sixième volet résidait dans la possibilité de planifier soi-même son emploi du temps, sans avoir à se plier aux contraintes imposées par le déroulement du jeu. On peut donc se féliciter de constater que l'idée a été conservée dans Alexandra Ledermann 7, le joueur étant complètement libre d'organiser ses activités selon ses envies. Bien sûr, il n'est pas question de privilégier uniquement les épreuves les plus amusantes, puisque vos aptitudes générales seront évaluées tout au long de la semaine avec vigilance par les professeurs. Le soft fait, en effet, intervenir un scénario basé autour de votre intégration dans une académie ambitieuse. Vous y ferez la rencontre d'une poignée de jeunes gens qui seront vos partenaires durant les concours, l'ambiance du soft étant clairement inspirée des séries américaines dont raffolent les adolescentes. Destiné encore une fois aux joueuses occasionnelles, le soft nous met dans la peau d'une étudiante au caractère rebelle, dont les répliques frisent parfois l'insolence. Les possesseurs du volet précédent seront peut-être surpris de retrouver quelques visages connus, à l'image de l'ancienne héroïne ou de ce bon vieux Harry qui seront vos instructeurs dans ce nouvel opus. C'est d'ailleurs la championne Alexandra Ledermann, modélisée en 3D, qui vous accueille à l'académie, afin de vous rappeler que vous êtes là avant tout pour mériter et obtenir la coupe de l'étrier d'or.
La progression tourne donc autour d'une trame assez simpliste qui se développe au fil des jours, tandis que vos capacités sont évaluées en fonction des performances réalisées. C'est là que s'installe cette désagréable impression de déjà-vu dont je vous parlais plus haut, puisque les activités qui sont mises à votre disposition n'ont pas franchement évolué depuis l'année dernière. Le moment le plus fastidieux réside toujours dans l'entretien du cheval, puisque vous n'avez pas d'autre choix que de passer de longues minutes à panser l'animal avant de pouvoir passer à quelque chose d'un peu plus ludique. Chaque jour, on vous demande de changer la paille de l'écurie avec cette satanée fourche, de brosser soigneusement la robe de votre monture, de curer ses sabots un par un, et d'utiliser le jet d'eau lorsque le temps s'y prête avant de le mettre au pré. Le seul changement notable est la possibilité de tourner librement autour du cheval dans un décor qui s'avère quand même plus sympathique visuellement que dans les épisodes précédents.
On peut donc concéder aux développeurs un certain effort dans la conception graphique du jeu, moins à la traîne que par le passé, même si la finesse de certains lieux est compensée par le manque flagrant d'environnements disponibles. Les déplacements en ville, notamment, ont un côté pittoresque qui surprend agréablement, même si on déchante très vite en constatant leur taille extrêmement réduite et le manque de liberté qui nous est offert en terme d'exploration. Le village ne comporte qu'une poignée de quartiers composés uniquement de boutiques dans lesquelles vous pouvez dépenser vos deniers dans du matériel souvent très inutile. Les phases à pied s'effectuent à la troisième personne, mais il est heureusement possible de grimper sur son destrier dès lors qu'on quitte la ville pour arpenter les chemins alentours. Un plan très succinct nous indique alors l'emplacement de certains lieux utiles pour faire avancer le scénario à certains moments du jeu, mais ces phases vaguement tournées vers l'aventure sont encore bien trop approximatives pour se révéler efficaces.
L'essentiel du jeu réside toutefois dans les concours, ou plutôt dans les trois principales épreuves d'équitation que sont le dressage, le cross et le saut d'obstacles. Là encore, très peu de choses ont changé côté gameplay, puisque les flèches du clavier suffisent toujours à orienter la direction du cheval et à modifier son allure, tandis que vous n'avez qu'à anticiper l'instant qui précède un saut pour franchir les obstacles. Le dressage a, en revanche, été modifié de façon franchement réductrice, vous demandant simplement de valider les flèches qui s'affichent à l'écran sans avoir à tenir compte de figures quelconques. Les efforts de mise en scène ne compensent pas cette frustration de se sentir passif les trois quarts du temps, même si la présence de nombreux ralentis et changements d'angles de vue met bien plus en valeur la compétition que ce n'était le cas auparavant. Il est néanmoins regrettable qu'on ne puisse pas se lancer dans de vrais concours indépendamment du scénario. Pour finir, on précisera que, comme sur DS, il est possible d'élever soi-même un poulain en s'occupant de lui de A à Z, ce qui est toujours bon à prendre. Malgré tout, on espère que l'équipe de développement n'a pas l'intention de se reposer sur ses lauriers en comptant uniquement sur la renommée de la série pour vendre son jeu sans chercher à renouveler sa copie un minimum, mais nous en reparlerons le moment venu.
- Graphismes12/20
La réalisation est sans doute le critère qui a bénéficié du plus de soin de la part des développeurs, les décors étant bien plus jolis que dans les opus précédents. Malgré tout, les animations laissent à désirer, surtout lors des chutes, même si la mise en scène des épreuves est plus dynamique qu'avant.
- Jouabilité8/20
Grosse déception à ce niveau-là, puisque le gameplay prend une orientation de plus en plus passive et ennuyeuse. Le dressage perd tout son intérêt, tandis que le cross et le saut n'ont pas du tout évolué. On se demande si Lexis Numérique connaît le sens du mot ludique.
- Durée de vie10/20
La gestion libre du planning permet d'avancer dans le jeu en personnalisant ses activités, même si les phases les plus fastidieuses viennent rompre un rythme de progression déjà beaucoup trop lent. Même les scènes tournées vers l'aventure restent encore très perfectibles. On regrette qu'il soit impossible de participer à de vrais concours indépendamment du mode Aventure.
- Bande son10/20
Le thème du jeu vous restera forcément dans la tête étant donné que vous n'entendrez que lui tout au long de vos parties. Bon point quand même pour les voix françaises.
- Scénario11/20
Compte tenu du public visé, l'orientation scénaristique choisie n'est pas mauvaise en soi, mais la façon dont l'histoire évolue n'est pas très convaincante et se fait au détriment des épreuves hippiques.
Certes, il y a quelques bonnes choses dans ce septième épisode d'Alexandra Ledermann sur PC, mais il s'en dégage une impression de déjà-vu qui risque de lasser sérieusement les habitués. Même si les développeurs ont su conserver les bonnes idées du volet précédent, ils n'ont pas réussi à renouveler le contenu autant qu'il le fallait, le gameplay étant toujours aussi passif et ennuyeux. A quand un épisode d'Alexandra Ledermann qui soit enfin amusant à jouer ?