Oubliez tout ce que la franchise Bomberman vous rappelle de convivial, de coloré et de chaleureux. Les petits robots aux animations pittoresques et à la mine si innocente ont laissé leur place à des êtres déshumanisés qui se livrent des combats sanglants dans un univers sombre et froid. Un titre qui n'a de Bomberman que le concept initial. Un concept passé du côté obscur...
Que ce soit par provocation, délire ou pari insensé, les développeurs de ce Bomberman Act : Zero ne manquent pas de culot. Revoir à ce point le design et l'ambiance de l'une des plus grandes légendes du jeu vidéo nécessite un certain courage ou mieux, un esprit kamikaze. Troquer les personnages que l'on connaît tous et qui ont su faire face au poids des ans contre de banals humains mutés en androïdes aura pour effet de choquer les fidèles joueurs de la série. Si le jeu n'a foncièrement pas de réelles dissemblances en matière de gameplay, c'est donc bien via son univers qu'il pourra être considéré comme un titre à part entière, d'autant que son histoire est aussi glauque que le reste. Nous incarnons un humain exploité par des forces obscures dans des souterrains et devons lutter pour survivre face à nos semblables, eux aussi munis d'armures futuristes, dans le but de regagner la surface de la terre et d'être considéré comme un super soldat. Une délivrance pour une nouvelle oppression. Un scénario aussi plat que le contenu du jeu qui, en plus de n'apporter rien de véritablement nouveau, se permet d'omettre le multijoueur offline. Un contraste symbolique avec un patrimoine virtuel à qui l'on rend un bien triste hommage...
En solo, le jeu s'appuie sur deux modes différents. Le premier, le standard, est calqué sur le concept originel de Bomberman. Le point de vue est statique et couvre l'ensemble du terrain de combat. Le second utilise une vue subjective qui se déplace en même temps que le joueur. De plus, il est possible de changer les angles de caméras en utilisant le stick analogique droit. Mais dans celui-ci, on dispose d'une jauge de vie qui tolère les blessures, ce qui donne naissance à des parties plus longues. Toutefois, d'un niveau à l'autre, et à la manière d'un survival, les dommages concédés sont conservés. Les traditionnels blocs destructibles et leurs homologues incassables sont toujours de la partie, au même titre que les différents items à récolter ça et là pour venir à bout plus rapidement de ses ennemis. Il est donc possible d'augmenter la portée des explosions, le nombre de bombes que l'on peut poser (jusqu'à 64), la vitesse de déplacement de son personnage ou encore de passer à travers des blocs tendres, de récupérer des points de vie, d'aligner plusieurs bombes pour maximiser leur impact et enfin d'utiliser des bombes télécommandées. Enfin, notez que certains items s'accumulent et leur conservation d'un tableau à l'autre accélère la durée des parties puisque certaines bombes ont des retombées meurtrières s'il nous est possible d'en utiliser de nombreuses simultanément.
Quelques rares subtilités tentent désespérément de faire surface, sans résultat. On pense notamment aux finish des niveaux qui se réduisent petit à petit de sorte à ne laisser qu'une diagonale étriquée comme espace de combat alors que les anciens Bomberman se contentaient de formes rectangulaires. Du coup, la complexité des déplacements fait que les parties s'achèvent très rapidement. Pour le reste, les développeurs ont cruellement manqué d'inspiration, n'utilisant à aucun moment les capacités d'une next-gen pour moderniser le concept ou apporter une touche d'originalité que l'on est pourtant en droit d'exiger. C'est fade, ennuyeux, répétitif, limité, hideux et indigne d'une Xbox 360. Vous pourrez toujours aller faire un tour du côté du Xbox Live afin de goûter aux mêmes désillusions. Les parties n'ont pas plus de saveur et l'interface ne donne guère envie de s'y attarder longuement. Même à huit et en utilisant tous les types de paramètres accessibles (normal ou bataille royale, style, nombre de joueurs, nombre de victoires, durée de la partie, blocs de pression etc.), le Live ne parvient pas à remonter un niveau bien en deçà de l'acceptable. On terminera juste en précisant que ce Bomberman fait honte à la série. On se demande bien ce qu'il a pu passer par la tête d'Hudson Soft, de massacrer sa propre oeuvre de la sorte. Le passage à une nouvelle génération de consoles n'exigeait pas une telle remise en question de la série, avec des personnages aussi sombres et des environnements à ce point repoussants.
- Graphismes5/20
On se demande bien à quoi ont servi les mois de développement aux personnes en charge de produire le jeu. Environnements hideux, personnages sans aucun charisme, textures médiocres, explosions ultra basiques, manque de variété... Un titre aux antipodes des capacités de la console.
- Jouabilité10/20
Pour être accessible et simple à prendre en mains, ça l'est. Mais question diversité, subtilité et variation de gameplay, il n'y a plus personne. En plus de ne pas assumer techniquement le statut de next-gen, le jeu n'a rien d'original à proposer.
- Durée de vie6/20
En solo, il faut savoir se contenter de peu, de très peu même, pour y trouver son compte. Deux maigres modes de jeu qui donnent accès à 99 niveaux quasiment identiques ne variant qu'à de rares détails. En multi, c'est à peine mieux puisque les parties sur le Live n'ont aucune saveur.
- Bande son6/20
Mis à part quelques cris atroces des robots (Humains ? Machines ?), on n'a rien à se mettre sous la dent. D'un autre côté, les morceaux sont en parfaite adéquation avec le reste du jeu : glauques.
- Scénario5/20
Vous vous retrouvez dans de sombres souterrains, exploités par une force inconnue, contraint de vous battre avec des étrangers dans l'espoir de regagner la surface et de devenir un super soldat... Quel producteur de série B est intéressé ?
Mais qu'est devenu Bomberman ? Est-ce un cauchemar ? Une mauvaise plaisanterie ? Un délire entre les développeurs ? Un suicide collectif ? Oublions vite cette douloureuse expérience et tentons de nous convaincre qu'il n'y a jamais eu de Bomberman Act : Zero. Bomberman, ce sont de petits bonshommes colorés qui pleurent lorsqu'une bombe leur pète au nez, rien d'autre.