Dernier-né du studio d'animation américain Nickelodeon, Avatar, Le Dernier Maître De L'Air semble fonctionner plutôt bien dans son giron télévisuel. Preuve en est le développement de moult titres, destinés à la majorité des consoles sur le marché. En effet, il est rare de voir des produits vidéoludiques développés dans le cadre de séries moyennement appréciées. Personne n'a jamais entendu parler d'un jeu vidéo dédié aux Bisounours, n'est-ce pas ? En tout cas, et malgré l'habitude des adaptations de licence à hauts risques ludiques, Avatar surprend. Et pas qu'avec ses grandes oreilles.
Prenant le parti risqué de donner aux joueurs l'occasion de diriger un jeune moine bouddhiste affublé d'une flèche bleue sur le crâne, THQ a réussi à pousser le vice jusqu'à en faire un RPG pur souche avec discussions enflammées et quêtes diverses et variées. Une seconde raison de se couper du tout public qui fonctionne heureusement relativement mal. En effet, ce titre, malgré son type qui en rebutera sûrement plus d'un, parvient à fédérer à grands renforts de simplicité et de petites idées sympathiques. Car Avatar est typiquement un jeu auquel on s'attache. Non pas pour sa trame éculée ni pour ses mécanismes archaïques, mais bel et bien pour son caractère affable, voire son côté naïf et presque apaisant. Utilisant un univers végétal dans lequel les hommes affichent un respect décomplexé pour la nature et ses légendes, le soft tente le coup de l'ambiance masquant les carences du fond, avec une certaine réussite. De fait, on prend un réel plaisir à déambuler dans des montagnes grisonnantes, au creux de forêts éparses ou au bord de rivières sauvages. Basé sur le principe classique, mais toujours aussi prenant de la quête initiatique, la trame sert on ne peut mieux une atmosphère mystique où le moindre détail appelle à l'évasion. Ce qui ne veut pas signifier, loin s'en faut, que la progression est un modèle de joie à long terme, vos divers cheminements étant désespérément et pauvrement scriptés. Soutenus par une réalisation vraiment honnête, ces promenades champêtres sont également l'occasion d'accueillir avec plus ou moins de bonheur un gameplay qui sent bon le placard à RPG 16 bits. Effectivement, ne vous imaginez pas découvrir une nouvelle facette du jeu de rôle ou une profondeur de jeu digne de Vagrant Story. Non, Avatar fait dans l'ancien, le solide, le sûr.
Dans les faits, on pourrait rapprocher le système de combat de celui du premier Star Ocean, dans le sens où les pugilats se révèlent dynamiques et surtout libérés. Se déplaçant à découvert, sans le honteux stratagème des batailles aléatoires, les ennemis doivent être percutés pour que qu'un duel se déclenche, au sein d'une zone d'affrontements classique. Néanmoins, au lieu de vous cantonner au tour par tour, vous devrez utiliser vos réflexes pour batailler en temps réel contre vos opposants. Apportant un grain d'interactivité supplémentaire et surtout dynamisant le gameplay, ce choix ludique s'intègre fort bien dans le titre tout en comportant des défauts majeurs. En effet, les options de combat se révèlent bien trop faibles, incluant une attaque normale, un coup spécial et deux types de défenses. Le minimum syndical donc, au service d'une jouabilité pas vraiment convaincante. Bien trop raides, les différents personnages ont des difficultés maladives à se placer dans les diagonales. De fait, il est aisé de rater son assaut si sa cible se trouve justement dans une telle position. De plus, les adversaires entament bien trop rapidement la jauge de vie des individus de votre équipe, ce qui vous pousse d'une part à les surveiller sans cesse à cause de leur intelligence déficiente et d'autre part à admirer avec bonheur les rouages mal pensés de l'utilisation des objets en pleine bataille. Si vous avez par mégarde omis de placer vos rares et assez chers items de soin dans votre petit sac en toile, vous ne pourrez tout bonnement pas les utiliser. Il est donc nécessaire, à la fin de chaque affrontement, de modifier ce même sac. Une manoeuvre qui hache dramatiquement la progression, évoluant sur les même turpitudes que l'utilisation maladroite de l'écran tactile.
Effectivement lorsque vous êtes en plein pugilat, il vous est impossible de fournir un élément de soin à l'un de vos coéquipiers "normalement". Vous devez précisément prendre un item avec la pointe du stylet et le déposer sur l'icône du personnage en question. Une gymnastique assez complexe lorsque l'on doit parallèlement se mouvoir sur la zone de combat et surtout avoir un regard attentif sur tout ce qui se passe à l'écran. Heureusement, vous avez l'occasion de déclencher une pause pour attribuer les divers objets mais, encore une fois, cela coupe l'intensité des batailles. De fait, si elles restent intéressantes de par leur concept même, elles perdent nettement en accessibilité. Malgré cela, la possibilité de switcher d'un intervenant à l'autre à volonté ou l'utilisation bien pensée des pouvoirs spéciaux réinjecte un peu d'intérêt dans ces phases. Des interludes combatifs qui ternissent donc un ensemble très correct, notamment au niveau de la progression générale, exposant des donjons à la durée équilibrée et des petits rebondissements rappelant à l'ordre l'immersion. De plus, l'honorable réalisation, mélangeant une 2D assez détaillée et des environnements en 3D complète offre un rendu proche de ce qu'avait pu montrer Breath Of Fire 4 il y a de cela quelques années. Loin d'être indispensable, Avatar est donc une entrée en matière douce pour les jeunes non-initiés du RPG, possédant une vraie part de rêve. Néanmoins, attention aux accrocs ludiques qui laisseront de nombreuses personnes sur le bord du chemin.
- Graphismes14/20
Offrant un mélange 2D/3D passant plutôt bien, Avatar propose dans la foulée des environnements variés et dans l'ensemble naturels, qui donnent au jeu le souffle aventureux des RPG old school glorifiant l'écologie. En revanche, il est dommage que les sprites représentant les personnages ne soient pas plus détaillés, malgré une animation correcte.
- Jouabilité10/20
Se heurtant à de nombreux problèmes, notamment dans la gestion des objets ou simplement du rythme, le gameplay d'Avatar est loin d'être satisfaisant. Néanmoins, ces défauts s'atténuent avec la pratique, même si l'on ne se trouve jamais vraiment à l'aise. Heureusement, le dynamisme des affrontements rehausse un peu le tout, associé à une progression certes linéaire mais agréable.
- Durée de vie12/20
Paraissant plutôt court, Avatar est bel et bien un RPG soft. La progression générale est plutôt rapide, même si les quelques boss que vous rencontrerez vous donneront parfois du fil à retordre. Et c'est là l'un des déséquilibres de ce titre. En effet autant l'ensemble est très accessible et vous permet d'avancer vite et agréablement, autant certaines batailles vous bloqueront pendant de longues minutes de level-up intensif.
- Bande son12/20
Les thèmes dispensés par le jeu de THQ sont globalement agréables, jouant la carte des mélodies traditionnelles asiatiques dans une optique de calme contemplatif. Malgré tout, le processeur sonore de la DS ne leur rend pas vraiment hommage. Enfin, il est dommage de ne pas avoir proposé plus de phases doublées.
- Scénario11/20
Le scénario se révèle vraiment très classique, mais laissera tout de même un peu de côté les personnes ne connaissant pas la série originale. En effet, de nombreuses références sont contenues dans la trame.
Archétype du jeu attachant pour son ambiance enfantine et son univers cohérent et chaleureux, Avatar n'en est pas pour autant réussi. En effet, faisant face à de nombreux problèmes de gameplay au niveau des combats, le soft masque un tantinet son atmosphère prenante et ses quelques bonnes idées. Néanmoins, il reste une relative bonne entrée en matière pour de jeunes joueurs désireux de s'initier au RPG.