On a décidé d'accélérer la cadence du côté d'Eidos et de Beautiful Games Studio pour rentrer dans les délais classiques des sorties de jeux de management en n'accusant aucun retard sur Football Manager 2007. Bien leur en a pris pour les fidèles de la série, notamment au niveau de l'actualisation du marché des transferts. Reste à savoir si les nouveautés sont assez nombreuses et significatives pour justifier son achat.
S'il fallait situer L'Entraîneur 2007 dans le marché actuel des jeux de management, on aurait plutôt tendance à le qualifier de titre grand public qui n'omet cependant pas quelques subtilités qui font le réalisme de ce genre de titre. Très proche de son aîné dont il conserve notamment l'interface accueillante et colorée, il s'appuie cette saison sur plusieurs nouveautés que Beautiful Games Studio et Eidos espèrent assez convaincantes pour aider la série à franchir un palier et retrouver un statut qu'elle a perdu ces dernières années. La première de ces nouveautés n'en est pas une, c'est davantage un effort notable fait par l'équipe de développement pour ne plus accuser le retard habituel au moment de la sortie du jeu. Débarqué à chaque fois au printemps, c'est-à-dire dans le dernier tiers d'une saison footballistique, en 2004 et 2005, il nous arrive cette fois très rapidement, aussi rapidement qu'à l'âge d'or du jeu, lorsque Sports Interactive était à l'origine de son développement.
Frustrés que nous étions de ne pas pouvoir diriger une sélection nationale. Frustrés nous ne sommes plus. Cette fonction est enfin accessible et ce, dès la création d'une partie. Mieux encore, si vous le décidez, vous pourrez contrôler la destinée d'un club et d'un pays en tout début de partie. En revanche, si un jeu comme Football Manager reprend fidèlement le calendrier des qualifications à l'Euro 2008, L'Entraîneur ne le fait pas. Donc, si vous décidez d'entraîner l'Equipe de France, vous ne débuterez pas forcément par un déplacement en Géorgie avant de recevoir l'Italie puis d'aller en Ecosse, etc. Un détail cependant puisque l'on connaît la durée interminable des parties dans lesquelles l'ordre du calendrier n'a aucune incidence notable sur son déroulement. D'un autre côté, on retrouve une fonctionnalité absente de FM 2007, celle qui permet de choisir les numéros de maillot des joueurs que l'on sélectionne. Détail aussi, mais à noter tout de même. Le reste du métier de sélectionneur national se fait tout simplement, sans grande interaction avec les médias, à notre plus grande surprise. Souvent la cible privilégiée de tous les spécialistes, le sélectionneur n'a ici aucune pression notable et ses choix ne sont ni commentés ni contestés, ce qui enlève un certain charme à ce job si éprouvant moralement.
Autre nouveauté qui attirera notre attention, le ProZone. C'est une toute nouvelle fonctionnalité qui s'apparente à une sorte de débriefing, idéal pour analyser les performances individuelles de ses poulains une fois la tension du match retombée. En plus de pouvoir visualiser une nouvelle fois le match, on jouit de nombreuses possibilités et de différents outils pour décortiquer tout ce qui peut l'être. Buts, tirs, passes, centres, têtes, coups francs, corners, touches, jeu avec le gardien, dégagements, six mètres, courses, tacles, fautes et cartons sont analysés séparément et pour chacun des joueurs que l'on aura préalablement sélectionné. A l'instar des séances vidéo par lesquelles les entraîneurs et/ou les adjoints passent de plus en plus dans la réalité, on peut suspendre les rediffusions à n'importe quel moment, rembobiner et accélérer, afin de trouver des réponses aux questions que l'on se pose sur des buts souvent encaissés, des actions mal construites ou des occasions manquées. Evidemment, on peut également choisir de ne visionner qu'une partie du match en choisissant la période qui nous intéresse et dans laquelle un maximum d'enseignements peuvent être tirés, que ce soit en terme de réussite ou faillite collective ou individuelle.
De son côté, l'interface, tout en n'ayant pas foncièrement changé pour ce qui est du choix de couleurs, se veut plus accessible et moins brouillonne que la précédente. A l'aide de nombreux raccourcis, il est plus simple de trouver l'écran recherché et de naviguer rapidement d'un menu à l'autre sans se sentir perdu à la moindre fausse manipulation. Les informations sont claires, espacées et rigoureusement classées même si tout cela sent le pompage massif de l'interface de Football Manager. D'ailleurs, ce sentiment est quasiment présent à chaque écran puisque de nombreuses options reprennent les exacts mêmes termes dans le même ordre et aux mêmes endroits le contenu de FM. Un manque de personnalité cruel qui fera de L'Entraîneur un jeu en panne d'inspiration et incapable de passionner à long terme sans copier les idées du voisin. Autrement dit, se contenter de faire ce que fait une référence ne fait pas du jeu une autre référence, bien au contraire. Cette absence d'effort est dommageable à partir du moment où les jeux de management ne s'appuyant pas sur un moteur 3D ont déjà de nombreuses ressemblances inévitables. Une fois ce point noir digéré, nous pouvons nous concentrer en profondeur sur le marché des transferts, talon d'Achille de L'Entraîneur 2006.
L'adjectif qui correspondra le mieux à ce marché est irréaliste. Les joueurs sont sous-évalués et beaucoup, mais alors beaucoup trop faciles à convaincre. Se contentant d'exigences salariales, ils feront souvent l'impasse sur les intérêts sportifs et de plan de carrière qu'ils auront en rejoignant votre club. Je prendrai l'exemple du FC Nantes, qui dispose d'un budget incroyable de 30 millions d'euros consacré au recrutement. Même si l'on constate cela en mode "Mécène", il est difficile de justifier un tel gonflement des finances quand on connaît les données du marché des transferts moderne. Après quelques négociations des plus basiques, vous n'aurez aucun mal à vous attacher les services de joueurs comme Abidal, Boumsong, Ilan ou Sablé pour ne citer qu'eux. En effet, en cherchant mieux, il est sans doute possible de monter une armada de stars dans un club de milieu de tableau. Les autres clubs ne sont pas sans reproche puisqu'ils lâcheront leurs meilleurs éléments pour des sommes modiques, sans se soucier de l'énorme satisfaction que vous retirerez de telles opérations. Une véritable déception qui faussera l'intérêt du jeu et la longévité des parties puisqu'on a tendance à ignorer les centres de formation inutiles et à profiter de la gentillesse des autres équipes pour recruter rapidement une dizaine de bons joueurs sans se soucier des finances du club, parfois dix fois plus gonflées qu'en réalité. Un second point noir qui sera fatal à L'Entraîneur 2007 trop simple et à des années lumières de reproduire fidèlement le football tel qu'il est aujourd'hui lorsque l'on est propulsé à la tête d'une équipe, qu'elle soit médiatisée ou non. Un coup d'épée dans l'eau.
- Graphismes12/20
Les poignées de porte (ou joueurs de baby-foot) ont une nouvelle fois la lourde tâche de schématiser les joueurs dans les retransmissions des matchs qui n'ont pas changé cette année. De son côté, l'interface est toujours colorée (quelle que soit la skin utilisée) et se veut de plus en plus accessible.
- Jouabilité13/20
L'irréalisme du marché des transferts a tendance à faire passer les nouveautés en second et à décourager au bout de quelques mois de coaching. Si le jeu est plus complet et s'appuie sur une interface plus ergonomique, il pèche une nouvelle fois par son manque d'originalité. Dommage, car la fonctionnalité ProZone est une bonne idée.
- Durée de vie12/20
On retrouve les 26 championnats de la saison dernière et une base de données acceptable sans plus. L'historique des joueurs est cependant très incomplet et le jeu vraiment répétitif. Du coup, on a beaucoup de mal à se passionner pour de longues et banales parties malgré les nombreuses heures de jeu offertes par L'Entraîneur 2007.
- Bande son/
Allezzzzzzzzzz ! Ahhhhhhhhhh ! Ouaiiiiiiiiii ! Ouhhhhhhhhhh !
- Scénario/
Le manque d'originalité et l'irréalisme du jeu suffiront à décourager les plus connaisseurs et à agacer les habitués de la série. Pas vraiment passionnant malgré deux ou trois idées et nouveautés intéressantes, L'Entraîneur semble s'embourber et ne plus parvenir à remonter un pente de plus en plus raide. Un jeu qui conserve malgré tout un gros potentiel, mal exploité.