A l'instar des romanciers les plus productifs, Ubisoft nous sort chaque année les nouvelles aventures de notre ami Sam Fischer spécialiste ès infiltration. Allons-nous avoir droit à la même chose que pour les précédents épisodes sans aucune créativité et un arrière goût de réchauffé ? Ce ne serait qu'une demi-vérité car le jeu reprend effectivement les bases du succès de la série mais en intégrant des nouveautés plus qu'intéressantes et alléchantes pour nous fans de furtivité. Pour ne pas vous faire languir plus longtemps, jetons-nous les yeux fermés dans les méandres des complots terroristes annihilés par l'équipe spéciale des Splinter Cell.
A l'heure du matraquage sur les possibilités admirables des consoles nouvelle génération, nos chères consoles old-gen ne sont pas en reste et bénéficient tout de même de développement de grands jeux. Passant outre la faiblesse de la console, les développeurs ont su garder le meilleur de la série avec Splinter Cell Double Agent. Le jeu nous dévoile les derniers retranchements de la machine avec une qualité graphique certaine nous tirant quelques larmes devant tant de beauté. Les décors jouissent de nombreux détails sans souffrance de calcul même si le tout reste parfois inégal. Des tuyaux rouillés luisant et reflétant la lumière des flammes de la prison d'Ellsworth nous démontrent la maîtrise du studio. A contrario une Islande couverte de glace avec un effet de miroir sans aucun travail sur les détails pèse sur l'ardoise de la conception. Deux équipes se confrontaient-elles pour la réalisation du soft ? En résumé, nous avons droit au moteur de Splinter Cell Chaos Theory, donc une valeur sûre, avec quelques modifications bénéfiques. Question animation, c'est irréprochable. Sam se meut tel un félin et saute sur ses proies pour fendre les chairs de son couteau. Toute la gamme de mouvements est de retour, les plus simples (étranglements, interrogatoires, siffler ses assaillants...) comme les plus acrobatiques (noyades, projections d'ennemis par dessus les balustrades, grand écart mural...). D'ailleurs, par rapport à la transposition next-gen, on trouve ici plus de mouvements, bizarre n'est-ce pas ? Toutefois les ennemis ne profitent pas réellement du même travail fait sur Fisher et jurent avec l'ensemble de l'esthétisme par des mouvements parfois saccadés et une modélisation douteuse mais identique aux épisodes précédents. Autre détail, les jeux de lumières sont tout bonnement immersifs avec des ombres portées soignées et des éclairages travaillés aux petits oignons.
Ce qui est primordial pour la réussite d'un jeu d'infiltration, c'est la maîtrise du gameplay de A à Z. Et sur ce point, Ubisoft a su faire la différence, imposer ses références et améliorer son expérience depuis le début de la série. Vous aurez un panel étendu et déjà connu de mouvements pour venir à bout des différents ennemis que vous rencontrerez et le tout maîtrisé totalement et intuitivement via la manette. Mais une cerise vient délicatement agrémenter ce gameplay déjà rodé : un scénario enfin digne de ce nom. C'est vrai que les premières minutes de transcrivent pas forcément le dur labeur accompli par les scénaristes. On se dit : tiens, nous avons déjà vu cela maintes et maintes fois dans les épisodes précédents. Pourtant, une fois le premier niveau passé, le scénario s'enclenche et balance une grande claque aux joueurs habitués à ne jamais prendre le temps de s'attarder sur le sujet. Voici un petit résumé de l'affaire de Splinter Cell Double Agent. Suite à une mission en Islande visant à déjouer les plans d'une nouvelle organisation terroriste américaine, la JBA (John Brown Army), Lambert dévoile à Sam que sa fille chérie est morte. Sombrant dans l'alcool et la violence, notre héros quitte Echelon 3 et commet un crime qui l'envoie directement en case prison. Là, il rencontre un certain Jamie Washington, membre actif de la JBA. Les deux se lient d'amitié et s'évadent, sans plan tatoué sur le corps je vous rassure. Sam est donc enrôlé dans cette armée possédant une terrible arme de destruction massive : le mercure rouge. Aurait-il trahi sa patrie ? Non, car notre héros garde tout de même contact avec Lambert et Splinter Cell. Il joue tout simplement les agents doubles pour acquérir une couverture, infiltrer la JBA et annihiler les plans machiavéliques de cette organisation. Mais alors, sa fille est-elle vraiment morte ?
Voilà une bien belle trame mais qu'apporte-t-elle réellement au soft ? En plus des phases d'infiltration, le jeu se veut bien plus cinématographique et implique davantage le joueur dans l'intrigue. Effectivement, selon les actions que vous entreprendrez et les choix que vous ferez, vous basculerez soit vers le côté obscur et deviendrez un partisan de la cause JBA, soit vers le côté lumineux et sauverez une nouvelle fois l'humanité tout en gagnant les félicitations de la NSA. Le tout sera symbolisé par une jauge que vous observerez dans les moments clés (généralement des actions contextuelles comme à la suite d'un piratage où vous pourrez envoyer les informations à la NSA ou à la JBA) et à la fin du niveau, dans le tableau de débriefing comptabilisant le nombre de morts, qui influencera au passage votre destinée. En plus du gameplay solo, vous aurez la possibilité d'être assisté d'un acolyte dirigé par l'IA qui vous épaulera dans des phases de grimpette durant l'aventure. Concernant l'IA, le jeu comporte malheureusement quelques bugs comme le fait d'être tout simplement invisible pour certains ennemis. Dans le même ordre d'idée, la console devient plus agressive d'un chargement à l'autre, et ce, sans réelle explication. Pour conclure sur le gameplay, la position de la caméra dans les endroits confinés se révèle problématique pour la visibilité. Bien heureusement, le simple fait de la contôler librement et de ne jamais avoir d'ennemis dans ces moments précis, ne nuit pas à la qualité de jeu.
Rajoutez en plus des phases de piratage, de crochetage de serrures, et vous obtiendrez un cocktail détonnant et saisissant dans la case infiltration. Petite différence par rapport à son homolgue Xbox 360, le HUD est toujours présent vous permettant de savoir si Sam est bien caché dans l'ombre, s'il ne fait pas trop de bruit en se déplaçant et autres indications pour vous aider à la progression. L'agent spécial sera muni d'une montre lui servant d'inventaire et de cartes virtuelles (pas des plus lisibles mais bon). Profitant dans l'épisode dernier du savoir-faire d'Amon Tobin et de ses qualités musicales au combien reconnues, la relève n'a rien à envier. Les musiques électro donnent énormément d'ampleur aux scènes cruciales et impliquent un peu plus le joueur. Finalement, le plus gros point noir de Splinter Cell Double Agent concerne sa durée de vie bien trop courte puisqu'on termine l'aventure en une petite dizaine d'heures. Cependant, profitant d'un scénario avec plusieurs branches d'intrigues, le titre possède un fort taux de rejouabilité pour découvrir les trois fins possibles. De plus, le jeu bénéficie une nouvelle fois d'un mode multi online permettant de rivaliser dans des joutes secrètes en spy vs spy ou spy vs terroristes. Le bonheur, quoi.
- Graphismes17/20
Ubisoft a repris toutes les qualités du moteur graphique de Splinter Cell Chaos Theory en le retravaillant pour nous offrir des jeux de lumières et des reflets du plus bel effet. Le plus intéressant, c'est que le tout ne ralentit pas une seconde et nuit nullement au plaisir de jeu. De plus, n'ayant les mêmes capacités que les consoles nouvelle génération ou les PC, le level design reste de qualité et nous immerge dans l'ambiance de l'infiltration.
- Jouabilité17/20
C'est du Splinter Cell à l'état brut que dire de plus. Un panel de mouvements exhaustif pour se faufiler entre les gardes et tuer ses assaillants. Des gadgets par dizaine pour éliminer les terroristes ou pirater des informations. Une maniabilité identique avec des petits problèmes de caméra mais rien de bien méchant. Et rajoutez à tout cela un système de choix entre les deux camps influençant la trame du scénario, vous obtiendrez un Splinter Cell des plus aboutis pour conclure la série avec brio.
- Durée de vie13/20
Avec seulement une petite dizaine d'heures, le jeu est très vite terminé. Cependant, le fait de pouvoir découvrir trois fins différentes vous poussera à rejouer pour les débloquer et connaître le destin de Sam influencé dans ses choix. Pour la partie online, vous prenez les éléments de la version précédente et vous obtiendrez la même chose sans grande surprise.
- Bande son16/20
Comment succéder à l'excellent travail d'Amon Tobin et pouvoir réaliser une bande-son avec autant de soin ? Objectif de mission réalisé pour la relève qui nous offre des musiques électro apparaissant à des moments cruciaux du jeu pour nous faire frémir de plaisir et pour nous impliquer plus dans l'infiltration. Pour les dialogues, le staff des doubleurs a travaillé durement pour nous narrer une aventure passionnante. Côté bruitage rien à changer et on ne s'en plaindra pas vraiment.
- Scénario17/20
C'est le point fort de Splinter Cell Double Agent. Véritablement travaillé avec soin par les scénaristes par rapport aux épisodes précédents, la trame vous tiendra en haleine jusqu'au bout de l'aventure. Comme pour un bon roman policier, vous avancerez pour connaître le fin mot de l'histoire tout en choisissant votre destinée.
Mission accomplie par le studio d'Ubisoft qui a su réellement retravailler sa licence pour ne pas nous sortir une vulgaire suite avec des arrières-pensées lucratives. Reprenant le succès de l'épisode précédent par son moteur graphique et son gameplay, les développeurs ont su ajouter de vraies nouveautés pour attiser notre intéret de joueur dont une véritable révolution dans la série, un scénario soigné. Prenant, saisissant, stressant, Splinter Cell Double Agent est un vrai roman d'aventure teinté de thriller qui se dévore à pleines dents sans ennui et sans baisse de régime.