Inspiré de la série animée éponyme, Avatar : Le Dernier Maître de l'Air en est le pendant vidéoludique et se propose de prolonger l'histoire de Aang et de ses compagnons dans un titre orienté RPG. Destiné au jeune public, le soft se veut accessible et facile à prendre en main, ce qui n'est pas déplaisant, même si le résultat ne convaincra que les joueurs occasionnels.
Diffusée actuellement dans notre pays, Avatar est une série animée qui nous vient d'occident et qui raconte l'histoire d'un monde fantaisiste dominé par les éléments naturels. Cet univers, déchiré entre les peuples de l'air, du feu, de la terre et de l'eau, est menacé de sombrer dans le chaos si personne ne parvient à rétablir l'équilibre entre ces éléments contraires. Mais une légende raconte qu'un élu, désigné par le nom d'Avatar, réussira, par sa maîtrise parfaite des éléments, à rétablir la paix au sein des nations rivales. Tout commence donc lorsque Katara et Sokka, deux enfants de la tribu de l'eau, découvrent un mystérieux garçon emprisonné dans la glace depuis plus de cent ans.
Voilà un scénario qui donne envie de s'intéresser à ce titre, et l'on remerciera au passage l'éditeur de nous avoir fourni le premier DVD de la série animée pour nous permettre de la découvrir. Si vous ne connaissez pas encore celle-ci, sachez qu'elle est de qualité, aussi bien dans sa réalisation que dans son contenu scénaristique, et donc susceptible d'intéresser même les adultes. Mais si l'on passe un bon moment devant les épisodes de la série, en est-il de même lorsqu'on s'essaye au jeu ? La réponse n'est pas simple, dans la mesure où le soft comporte un certain nombre de défauts qui contrebalancent la bonne impression qu'il peut donner au départ.
Les premières minutes de jeu nous rassurent, en effet, quant à l'ambition des développeurs qui n'ont pas voulu se contenter d'une adaptation simpliste comme c'est trop souvent le cas des jeux destinés aux enfants. En donnant au soft une orientation proche du jeu de rôle, les responsables du titre lui ont garanti une certaine richesse dans son contenu. Les différents personnages jouables bénéficient tous de capacités évolutives, héritent de nouvelles techniques en gagnant de l'expérience, et disposent d'une arborescence de sorts que l'on peut gérer de manière automatique ou manuelle. Le jeu se rapproche d'ailleurs sensiblement d'un hack'n slash à la Diablo, pas seulement dans ses menus relatifs à la gestion de l'équipement et de l'inventaire, mais aussi dans le traitement de son gameplay. La perspective choisie en vue de dessus permet d'anticiper l'arrivée des vagues d'ennemis pour éviter de se laisser cerner et de se retrouver dépassé par le nombre des adversaires. Malgré tout, s'il est possible de zoomer ou d'éloigner la caméra jusqu'à un certain point, on ne peut pas faire pivoter la vue, ce qui engendre quelques soucis de lisibilité.
Une mini-map est heureusement visible en haut de l'écran et affiche en permanence la position des ennemis, des alliés, ainsi que l'emplacement des prochains objectifs. L'aventure est ainsi partagée entre des combats nombreux assurant une action omniprésente, et des quêtes plus ou moins obligatoires qui vous obligent à interroger les villageois et faire du troc avec les commerçants. Les matériaux récupérés peuvent d'ailleurs être échangés contre de nouveaux objets, l'argent étant plutôt difficile à trouver. Bien que relativement simplifiée, la gestion de l'équipement aurait pu accentuer la profondeur du jeu si l'interface ne souffrait pas de quelques problèmes d'ergonomie. On ne peut, en effet, pas utiliser la croix directionnelle pour naviguer dans les menus, elle sert simplement à passer à un autre personnage, et le stick analogique s'avère assez imprécis lorsqu'il s'agit d'équiper un accessoire ou de prendre une potion.
Une imprécision qui se retrouve hélas dans les scènes de combat, où l'on a bien du mal à voir ce qui se passe à l'écran. Les ennemis s'agglutinent très vite autour des personnages et le rentre-dedans fonctionne généralement bien mieux que les manoeuvres de parade ou d'esquive, ce qui n'incite pas à la finesse. L'IA est d'ailleurs catastrophique pour les deux camps, puisque vos alliés restent généralement les bras croisés pendant que vous vous battez. Il est heureusement possible de changer rapidement de personnage pour utiliser les talents de chacun, Katara étant la seule à pouvoir régénérer l'énergie de ses compagnons, tandis que les autres sont davantage tournés vers les techniques martiales. Il faudra toutefois traverser un certain nombre d'épreuves avant de réunir tous vos alliés, chacun excellant dans son domaine de prédilection relatif à l'un des quatre éléments naturels. A noter que, tout comme dans la série, l'intérêt de ces combats réside dans l'influence orientale des techniques utilisées, s'inspirant par exemple du style shaolin ou encore du Tai Chi selon les tribus.
Si l'action laisse à désirer, c'est également le cas de l'aventure dans sa globalité puisque les quêtes ne servent que de prétexte à explorer de nouveaux environnements. Malgré tout, certaines phases de jeu tentent de se démarquer en faisant intervenir quelques notions de futivité, puisque les personnages peuvent se rendre invisibles ou même se déguiser pour passer inaperçus derrière les lignes ennemies. Ceci reste toutefois très anecdotique et ponctuel, et ne relance donc pas vraiment l'intérêt de l'aventure. De la même façon, les boss ne font guère preuve d'originalité, faisant simplement office de barrages pour ralentir votre avancée dans les niveaux. La progression se fait, en effet, sans aucun effort véritable, le niveau de difficulté étant plutôt faible pour ne pas rebuter le public ciblé. Ainsi, pas besoin de combattre pendant des heures pour gagner de l'expérience et s'offrir les meilleures armures, puisqu'il suffit généralement de gérer intelligemment les talents de ses personnages pour s'en sortir. Les quelques secrets sont également assez mal dissimulés, des indices vous permettant toujours de les repérer à distance. Il suffit alors de faire appel au petit lémur de Aang pour récupérer les bonus cachés, ou alors surmonter une phase de concentration très basique pour ouvrir un coffre. L'ensemble du jeu est ainsi basé sur cette ossature de gameplay très classique, mais qui aurait mérité davantage de soin pour fonctionner correctement. On espère donc que les développeurs auront le temps de peaufiner tout ça si deuxième opus il y a.
- Graphismes11/20
La 3D fait ressortir le manque de finesse des environnements, même si le style ne rompt pas trop avec le dessin animé. L'ensemble demeure quand même très vide et peu détaillé, et le fait de ne pas pouvoir faire pivoter la caméra entrave la lisibilité.
- Jouabilité10/20
Heureusement que l'orientation RPG est là pour enrichir un minimum le système de jeu qui se rapproche beaucoup d'un hack'n slash à la Diablo, mais en très simplifié. Le mode furtif ne sert qu'à des moments précis et les attaques spéciales manquent de panache. On avance machinalement sans vraiment profiter de l'action, enchaînant des quêtes peu passionnantes.
- Durée de vie10/20
Difficile à évaluer, la durée de vie ne paraît toutefois pas énorme compte tenu du faible niveau de difficulté et de la vitesse à laquelle on franchit les étapes. Les secrets ne sont ni assez nombreux, ni suffisamment bien cachés pour rallonger l'expérience de jeu.
- Bande son13/20
L'ambiance sonore est plutôt réussie, d'autant que les voix françaises sont celles de la série animée.
- Scénario12/20
Le jeu donne envie de découvrir le dessin animé mais ne se suffit pas à lui-même si vous ne connaissez pas du tout Avatar.
Bien que cette adaptation du dessin animé se destine aux plus jeunes joueurs, les développeurs ont eu la bonne idée de ne pas chercher la facilité en s'essayant à une sorte de hack'n slash. Le côté RPG est suffisamment accessible pour ne pas rebuter les enfants, de même que le niveau de difficulté qui permet d'avancer sans trop d'efforts. Dommage que l'action soit aussi approximative et les quêtes aussi conventionnelles, car on s'ennuie un peu trop rapidement.