Pour sa première apparition Next-Gen, la série PES se doit de relever deux défis. Atteindre le niveau technique d'un FIFA et prolonger la courbe d'évolution du gameplay du jeu depuis ses premières armes sur PS2. N'ayons donc pas peur d'affirmer que c'est un nouveau match qui commence entre Konami et EA Sports. Cette fois, Konami prend les devants...
Bis répétita. On ne fera pas de jaloux en reprenant point par point le détail des licences présentes dans le jeu, qui sont rigoureusement les mêmes que sur PS2. Cette année 2006 est donc marquée par l'apparition de la Ligue 1 Orange en intégralité, noms des clubs, emblèmes, maillots et sponsors fraîchement actualisés. Les vingt clubs de l'hexagone n'exigeront plus de votre part une présence assidue dans le mode modifier pour renommer, créer, assembler. Ce ne sont pas les seules équipes à jouir de ce réalisme tant souhaité par les joueurs. En plus de la Serie A, de la Liga et de l'Eredivisie, quelques clubs continuent de profiter ou profitent pour la première fois du travail de Konami : la Juventus, Arsenal, Manchester United, le Bayern Munich, le FC Porto, le Benfica Lisbonne, le Sporting Lisbonne, le FC Copenhague, l'Olympiakos, Rosenborg, le Celtic Glasgow, les Rangers, Djurgarden, Galatasaray et le Dynamo Kiev. Ajoutez à cela quelques clubs ne possédant toujours pas leurs noms officiels comme Anderlecht, le FC Bruges, le Sparta Prague, l'AEK Athènes, le Besiktas, Fenerbahce, Boca Junior, River Plate et les Corinthians de Sao Paulo. Inversement, à part le Bayern cité ci-dessus, tous les clubs allemands ont disparu alors que tous les clubs de Premiere League sont bien au rendez-vous (bien que non licenciés)...
Du côté des équipes nationales, le gros plus est la licence décrochée pour l'Equipe de France mais on notera également l'apparition des véritables maillots pour l'Angleterre, l'Argentine, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas, la République Tchèque et la Suède, venant s'ajouter à la Corée du Sud et au Japon. On remarquera enfin l'apparition des mondialistes (non licenciés) absents de PES 5 que sont l'Angola, le Ghana, le Togo et Trinité-et-Tobago au détriment de la Chine, l'Egypte, du Maroc, du Sénégal et du Venezuela, étrangement absents. Pour ce qui est des différences PS2/Xbox 360, on sera surpris de ne pas disposer d'autant de stades puisqu'on n'en compte que huit contre 33 sur la console de Sony. Le seul stade français représenté est Louis-II et ce manque de diversité est dommageable lorsque l'on sait que nombreux étaient les joueurs PES à espérer profiter de la puissance de la console pour accéder à une modélisation plus poussée, plus détaillée et plus variée des plus grandes enceintes internationales.
L'autre désagréable surprise est de constater, dès les premières navigations, que les deux modes de jeu implantés cette année ne sont qu'une exclusivité PS2. Malheureusement, pas de Challenge International ou de match à sélection aléatoire. Déception aussi, la banalité du mode Entraînement. Alors qu'il est ludique et instructif sur PS2, il se contente du minimum en vous permettant de vous régler sur coups de pieds arrêtés ou de pratiquer un jeu libre, sans aucun challenge ni aucune progression digne de ce nom. Les habitués de la série feront fi de ce manque puisqu'ils n'auront aucunement besoin de réapprendre le gameplay du jeu mais les néophytes ne pourront pas progresser grâce à divers défis puisqu'ils ne sont pas au rendez-vous. En revanche, les coupes et ligues sont bel et bien présentes et complètes, à l'instar de la Ligue des Masters passée par la case lifting avec un plus grand choix de paramètres comme ceux de la difficulté du championnat, de l'évolution ou non des joueurs ou de la flexibilité du marché des transferts. Ce dernier point tend à rendre les mouvements de joueurs entre clubs plus réalistes afin de compliquer la progression de l'équipe que l'on dirige et éviter d'avoir une vingtaine de stars dans son effectif après seulement trois ou quatre saisons. Le reste de la Ligue des Masters est rigoureusement fidèle à la précédente version avec entre autres, les fiches de suivi, les traditionnelles négociations, le réglage de la condition physique ou encore l'analyse du système de jeu de l'équipe adverse.
Mais finalement, en terme de contenu, la vraie déception est la parodie du mode modifier qu'on met à disposition des joueurs. Il s'avère quasiment inutile puisque n'offrant que les fonctions suivantes : modifier le nom des joueurs, leur position, leurs capacités, leur taille, leur âge, le pied le plus fort, leur tolérance à la blessure et leur type de progression en Ligue des Masters. Impossible de changer le physique des joueurs, de les transférer d'un club à l'autre, de modifier la composition des équipes nationales, de régler les formations utilisées par défaut, de changer les maillots, noms et emblèmes des clubs et pays non licenciés, d'actualiser le nom des stades, de créer des modèles de chaussures, etc. En résumé, ce qui permet à PES de ne pas trop pâtir du manque de licences s'effondre subitement. Dans le coeur des joueurs, cela fera sans doute la différence. Dans le meilleur des cas, si Konami se décide à proposer des mises à jour téléchargeables via le Xbox Live, une partie des joueurs, celle qui ne possède pas d'abonnement Online, sera laissée de côté... Plutôt impensable et difficilement justifiable.
Si le gameplay n'est pas fondamentalement différent de ce qu'on a pu voir sur PS2, il possède tout de même quelques dissemblances qui demanderont un temps d'adaptation. Premièrement, le rythme de jeu est légèrement plus rapide, les passes s'enchaînent plus vite et ne demandent pas la précision chirurgicale indispensable sur PS2. On notera également une difficulté inférieure dans la mesure où les transmissions de balle sont moins capricieuses et les passes en profondeur plus souvent réussies. Le tout est donc plus assisté et sans aucun doute moins simulation que sur PS2. De plus, on a parfois l'impression étrange que les joueurs glissent sur la pelouse et ont beaucoup moins d'appui que sur PS2. La gestion des contacts s'en ressent et est moins marquée et décisive dans cette version Xbox 360. La différence de gabarits a moins d'impact sur la manière dont peut progresser le possesseur du ballon, moins harcelé et plus apte à prendre la défense de vitesse. Des défenses qui souffrent elles aussi du syndrome PES 6 et s'avèrent particulièrement gaffeuses. D'un autre côté, d'importants progrès sont à noter en termes d'animation et de décomposition des mouvements des joueurs, ultra réalistes et plus variés que jamais.
La jouabilité à proprement parler n'est pas la même que sur PS2. Les aficionados des croix directionnelles auront quelques difficultés à utiliser celles de la manette Xbox 360, assez rigides et pas forcément adaptées aux exigences de rapidité et de précision d'une simulation. Quoi qu'il en soit, on se répétera lorsque le moment viendra d'aborder le niveau de l'IA et de la sélection intempestive des mauvais joueurs au mauvais moment. Il est d'ailleurs fortement conseillé de ne surtout pas jouer en sélection auto ou semi-auto pour éviter de voir les défenseurs centraux s'écarter de la course du possesseur du ballon pour la simple raison qu'il a été sélectionné par l'IA et qu'il stoppe net le mouvement qui était le sien en tant que joueur libre. Jouer en manuel est indispensable afin d'anticiper le moindre mouvement de l'attaquant. Cette anticipation-là n'a jamais demandé autant de concentration et de précision. En résumé, pour ne pas prendre des tonnes de buts, il faut savoir défendre et prévoir ce que choisira de faire le possesseur du cuir. Une seule erreur, une trop forte pression sur une touche ou l'ébauche d'un tacle mal préparée et c'est un boulevard qui va s'ouvrir à l'attaquant. On est souvent confronté à ce genre de situation dans l'axe puisque les latéraux ont, à l'inverse, appris à mieux se placer et à fermer les ailes pour éviter les trop nombreux débordements.
Comme sur PS2, les attaquants profitent des errements défensifs adverses pour mitrailler le gardien de tirs en tous genres. Sur Xbox 360, on constate régulièrement des erreurs de timing sur coups de pieds arrêtés au moment de se disputer une balle aérienne. Les attaquants se placent naturellement beaucoup mieux et beaucoup plus vite que les défenseurs, ce qui multiplie les chances de faire trembler les filets, notamment sur corners coupés au premier poteau par une tête décroisée. Les meilleurs canonniers n'auront pas besoin de se retrouver forcément dans l'axe du but ou sans aucune opposition pour mettre en difficulté le portier adverse. Plus que jamais, la relance doit être en tout cas rapidement exécutée sous peine d'être contrée et de ne pouvoir éviter l'inévitable. Ce genre de but gag se répétera le temps que vous renonciez à relancer toujours court et proprement.
Le jeu ruisselle des petits plus déjà constatées sur PS2. On pense notamment aux gestes techniques que sont la V-Feint, la Mathhews, la protection du ballon ou à d'autres subtilités dans le contrôle du ballon et l'alternance de vitesse de dribble. Il est également désormais possible de jouer les coups francs indirects rapidement afin de profiter du placement effectif au moment de la faute pour relancer en direction d'un coéquipier démarqué. Les passes gagnent elles aussi en réalisme puisqu'elles sont moins assistées et plus variées. On peut quasiment envoyer le ballon n'importe où en usant des passes longues, parfois flottantes. Malgré tout, les transversales, très utiles, sont trop souvent réussies, quel que soit le joueur et le pied qu'il utilise. On aurait aimé un peu moins de précision dans ce domaine pour coller davantage à la réalité. De leur côté, les arbitres sifflent beaucoup moins de fautes et laissent régulièrement jouer l'avantage sur de petits contacts. Paradoxalement, ils distribuent plus de cartons et n'hésitent plus à prendre davantage en compte le préjudice causé par la faute (dernier défenseur, antijeu, obstruction) que la gravité du tacle. Cependant, que l'on soit défenseur ou attaquant, un tacle viril en retard ou par derrière sera automatiquement sanctionné par une exclusion.
- Graphismes13/20
Techniquement, le jeu déçoit. Bien loin d'un FIFA sur le même support, PES a décidé de faire dans la sobriété. Sans doute un peu trop même puisque le jeu n'impressionne graphiquement à aucun moment. En revanche, pendant les phases de jeu, le public est bien plus réaliste et animé. Jolis, les gros plans et les ralentis sortent du lot jusqu'à ce qu'on s'aperçoive que certains visages de joueurs n'ont pas profité du passage PS2 vers Xbox 360 pour gagner en réalisme.
- Jouabilité16/20
Un peu moins simulation que sur PS2, le gameplay se veut moins exigeant et plus assisté tout en restant bien loin d'un FIFA. On note un rythme de jeu plus élevé, des passes plus rapides et des duels un peu moins marqués entre attaquants et défenseurs. Plus accessible donc mais certainement moins passionnant pour les habitués de la simulation pure et dure d'autant que le pad Xbox 360 n'atteint pas l'ergonomie d'une Dualshock si l'on choisit d'utiliser les croix directionnelles.
- Durée de vie12/20
Si les licences ont emboîté le pas de la version PS2, le reste du jeu n'a pas réussi à suivre. Les deux nouveaux modes de jeu ont été oubliés, l'entraînement bâclé, le mode modifier complètement détruit et le PES Shop a disparu. Cela fait tout de même beaucoup. On pourra se rabattre sur le Xbox Live pour se consoler...
- Bande son14/20
Les commentaires sont les mêmes que la version PS2, c'est-à-dire médiocres. En revanche, la présence des supporters est beaucoup plus marquée. On entend également des voix en provenance des bans, en fonction de l'action qui se déroule. Indéniablement, les oreilles prendront plus de plaisir sur cette version.
- Scénario/
Incomplète, techniquement décevante et dotée d'un gameplay moins pointilleux que sur PS2, la version Xbox 360 nous laisse un peu sur notre faim. La magie PES opère tout de même et le plaisir de jeu est là grâce à une jouabilité agréable et accessible et un Xbox Live qui permettra peut-être de mettre à jour la base de données. Un essai transformé de justesse pour un titre qui nous a habitué à davantage de rigueur dans le passé.