Huit ans. Et oui, ça fait déjà près de huit ans que Caesar 3 est sorti. Or, sa suite ne débarque qu'aujourd'hui. Inutile de dire que les fans de la série étaient sur les dents et qu'ils attendaient beaucoup de ce nouveau city-builder se déroulant à l'époque de la Rome antique. Maintenant qu'il est disponible en magasin, on peut même dire qu'ils en attendaient peut-être un peu trop. Non pas que ce quatrième volet soit mauvais, mais il a vraiment beaucoup de mal à se démarquer de la concurrence à cause de mécanismes de jeu un peu trop classiques. Voyons ça plus en détail.
Pour les rares personnes qui ne connaîtraient pas encore la série des Caesar, rappelons qu'il s'agit en quelque sorte d'un genre de Sim City se déroulant à l'époque de la gloire de Rome. En effet, le jeu consiste à bâtir sa cité en satisfaisant les besoins de ses citoyens en nourriture, eau, vêtements et biens divers. Pour cela, il faut mettre en place toute une série de services qui sont intimement interdépendants. Par exemple, pour avoir une armée capable de défendre votre ville, il vous faudra construire une caserne, mais pas seulement puisqu'il faudra aussi équiper vos hommes d'armes ce qui vous obligera à bâtir une forge. Cette forge elle-même aura besoin de matières premières provenant d'une mine de fer. Bref, il faut vraiment veiller au bon approvisionnement de tous vos services.
Pour que tout fonctionne bien, de la main d'oeuvre est nécessaire. Il en existe de deux types : les plébéiens et les équites, chacun vivant dans un type d'habitation différent. Les premiers travaillent dans tout ce qui concerne la récolte des ressources (sable, bois, nourriture...), leur transformation en biens de consommation dans les industries, les marchés et d'autres services annexes. Les besoins de ce type de population sont très modestes. Il leur suffit d'avoir de l'eau et de la nourriture pour être satisfaits. Le second type de travailleur est un peu plus exigeant et réclame en plus des biens sus-cités de le nourriture plus variée, de l'eau de bonne qualité et quelques autres objets (poterie...). C'est en fait la classe moyenne de votre cité qui travaille dans les domaines de la santé, de l'éducation, de la religion... Bien évidemment, ce sera à vous de payer plébéiens et équites sur les deniers de la ville. Il faut donc bien vous garder de mettre en place des services inutiles qui pourraient coûter cher à vos finances sans vous apporter de bénéfices notables.
Dès lors, vous vous demandez certainement comment faire pour gagner de l'argent, argent qui, je le rappelle, est indispensable pour construire les bâtiments et payer les travailleurs. Eh bien c'est en accueillant des patriciens, la classe noble. Vivant dans des demeures luxueuses, ils ne travaillent pas mais ils paient un impôt. Evidemment, leurs besoins sont autrement plus importants que ceux de la classe ouvrière et pour qu'ils viennent s'installer dans les villas que vous aurez construites pour eux, il faudra leur fournir du divertissement, des biens de luxe et veiller à ce que leurs habitations soient très bien situées en plaçant des éléments de décoration (arbres, haies, statues...). Si vous ne parvenez pas à satisfaire les demandes de telle ou telle catégorie de population, c'est bien simple, il y aura de l'exode et votre ville pourra littéralement se vider de ses habitants. Le principe de jeu est donc vraiment très classique et ne se démarque en rien des autres titres du genre et c'est bien là le problème : Caesar 4 est loin d'être mauvais, mais il n'a pas beaucoup de personnalité et ressemble à n'importe quel autre city-builder.
Si au niveau du gameplay, le jeu est d'un classicisme flagrant, c'est un peu la même chose pour ce qui est du contenu. On a droit à une campagne plutôt longue, mais sans grand génie à cause d'objectifs très basiques (atteindre un certain nombre d'habitants, produire telle ou telle ressources en quantité, avoir les faveurs de Rome en obéissant à ses ordres...). Néanmoins, les débutants apprécieront le niveau de difficulté très progressif de l'ensemble qui permet d'apprendre à jouer sans mettre le nez dans le manuel. De plus, on dispose à tout moment de conseillers qui nous disent ce qui ne va pas dans notre ville (par exemple que le chômage est trop élevé). Attention cependant, car le jeu n'est pas si facile que ça passé les missions d'entraînement. Il faut vraiment mettre en place un aménagement de qualité pour remplir ses objectifs et modifier continuellement l'organisation de sa ville pour peaufiner les services apportés à ses citoyens.
Pour ce qui est de l'aspect militaire, Caesar 4 permet de créer plusieurs types d'unités en fonction des forts que vous avez construits. La création est néanmoins automatique, pour peu que vous disposiez d'assez d'armes pour équiper vos troupes. Une armée est très utile pour défendre sa ville contre des envahisseurs potentiels. Les combats se déroulent d'ailleurs à la manière d'un jeu de stratégie en cela que vous pouvez faire sortir manuellement vos troupes de leurs forts et choisir à quel endroit de la carte vous souhaitez qu'ils se rendent. Pour améliorer les compétences de vos hommes, vous pouvez les envoyer dans un centre d'entraînement et ainsi leur faire gagner un peu d'expérience avant le combat. Cependant, il faut rappeler que les batailles sont assez basiques dans leur déroulement et qu'elles ont un aspect tactique quasi nul. Normal, car Caesar 4 est avant tout un jeu de gestion et non pas de stratégie. Pour défendre votre ville bien aimée, vous pouvez aussi construire des fortifications et des tours de défense. Et si vous n'aimez pas les combats, vous avez la possibilité d'acheter la paix. En effet, à chaque attaque de barbare, une fenêtre vous propose d'éviter la bataille en échange d'une certaine somme d'argent.
A côté de la campagne solo, on retrouve quelques scénarios qui peuvent être joués indépendamment, mais aussi un ersatz de mode multijoueur qui se résume en fait à faire des parties en solo donnant la possibilité de comparer ses scores à ceux d'autres joueurs sur le net. Signalons aussi la possibilité de créer ses propres scénarios grâce à l'éditeur fourni. Un éditeur qui n'est d'ailleurs pas exempt de reproches sur le plan de la stabilité car nous avons eu affaire à quelques bugs et retours Windows. Autre problème de Caesar 4 : il nécessite une configuration musclée pour tourner convenablement. Pour tout vous dire, c'était à la limite du fluide avec une ville de 3000 habitants sur un P4 3,2 GHz, 2 Go de RAM, Geforce 7800 avec les détails élevés, mais pas tout à fait à fond. Evidemment, plus la ville grossit et plus les exigences matérielles augmentent ce qui vous obligera certainement à baisser les détails graphiques pour garder un framerate acceptable. Au final, le bilan général de ce quatrième volet n'est pas aussi bon qu'on aurait pu l'espérer. Certes, son gameplay classique est efficace, mais on aurait aimé que les développeurs innovent un peu plus et donnent une véritable personnalité à leur bébé. En l'espèce, ce n'est pas le cas et on se retrouve avec un bon jeu, mais très loin d'être révolutionnaire.
- Graphismes14/20
Les décors sont plutôt jolis, mais les animations laissent à désirer. Sur ce plan, Civcity Rome est plus soigné. Attention aussi à la configuration dont vous disposez car plus la taille de votre cité augmente, et plus le jeu est gourmand.
- Jouabilité14/20
Les habitués du genre retrouveront très vite leurs marques. Au premier abord, c'est un avantage, mais cela devient un inconvénient car les développeurs n'ont pris aucun risque et n'innovent en rien. Bref, c'est à un gameplay parfaitement réglé auquel on a droit, mais c'est du vu et revu.
- Durée de vie14/20
La campagne solo est assez longue et elle est d'une difficulté très progressive ce qui fait que même les débutants pourront apprendre à jouer pas à pas. On regrette en revanche le faible nombre de cartes spécifiquement prévues pour le mode scénario (ce qui vous obligera à utiliser l'éditeur de cartes pour y remédier) et l'absence de véritable mode multijoueur, ce dernier se résumant à une comparaison de ses scores avec les autres joueurs sur le net.
- Bande son14/20
Le doublage français est très correct, mais les musiques sont un peu trop répétitives pour être plaisantes.
- Scénario/
Caesar 4 est un city-builder tout à fait convaincant, c'est incontestable. Il parviendra à plaire à un large public grâce à sa campagne à la difficulté progressive et à son gameplay simple et efficace. Oui mais voilà, ce n'est pas le méga-hit attendu car il ne se démarque absolument pas des autres titres du genre à cause de ses mécanismes de jeu trop classiques. En outre, une meilleure optimisation du moteur 3D n'aurait pas été de trop pour que l'on puisse jouer de façon fluide sur des configurations modestes.