Connaissant un succès qui ne se dément pas outre-Atlantique, la série des Nancy Drew en est déjà à son quatorzième volet avec Danger au Coeur de la Mode, et ce n'est pas fini ! Cet opus n'est néanmoins que le troisième a être distribué dans nos contrées. Que vaut-il comparé à ses deux prédécesseurs et aux autres jeux d'aventure disponibles sur le marché ?
Alors que le deuxième épisode (Le Mystère de l'Horloge) nous aura laissé un peu sur notre faim, Danger au Coeur de la Mode a pour mission de redorer le blason de notre jeune détective préférée. Cette fois-ci, l'aventure se déroule à Paris dans le milieu de la haute-couture et plus particulièrement dans celui de Minette, une styliste qui a depuis peu une attitude étrange. En effet, elle se cache en permanence derrière un masque de carnaval. Crise identitaire ? Problème physique ou autre ? Ce sera à Nancy de le découvrir. Notre héroïne va être contactée par un des gros clients de Minette qui s'inquiète au sujet des délais de livraison qui pourraient ne pas être respectés si la créatrice ne travaille pas d'arrache-pied sur sa nouvelle collection de printemps.
Ni une ni deux, Nancy s'envole pour Paris et va devenir l'assistante de Minette afin de mener son enquête incognito. Dès le début de ses pérégrinations, elle s'aperçoit que quelque chose ne tourne pas rond chez la styliste : celle-ci a des colères inexpliquées, renvoie sans raison son personnel, bref, il faut agir et vite. Ce scénario n'est pas sans rappeler celui du Manoir de Blackmoor et de Linda Penvellyn, une jeune mariée qui, rappelez-vous, refusait de se laisser approcher pour une raison mystérieuse. Mais les points communs s'arrêtent là puisque Danger au Coeur de la Mode est nettement moins sombre que le premier volet de la série. Autant vous le dire aussi tout de suite, les énigmes que l'on rencontre sont pour la plupart un peu moins intéressantes et moins difficiles. On est parfois bloqué, mais plus parce qu'on n'a pas bien parlé et téléphoné à tout le monde qu'à cause d'un puzzle retors. Cela décevra certainement les inconditionnels des jeux d'aventure qui termineront assez vite le soft.
A propos de la progression, il semble nécessaire de signaler qu'à un moment, vous aurez pour mission de faire écrire à quelqu'un un petit mot. Celui-ci est écrit en français dans vos objectifs, mais c'est bien en anglais que vous devrez l'obtenir. Un petit détail certes, mais un détail un peu gênant qui risque de faire bloquer de nombreuses personnes à cet endroit. Il aurait mieux valu laisser cette énigme en anglais ou alors la traduire intégralement en français, parce que là, c'est un peu bancal et c'est le genre de chose qui énerve au plus haut point une fois qu'on s'est rendu compte de son erreur. Ce qui énerve aussi dans le jeu, c'est la façon dont on doit gagner de l'argent. En effet, vous aurez besoin de quelques euros pour acheter différents items indispensables à votre progression : boucles d'oreille, tenue de plongée... Pour avoir les fonds nécessaires, il vous faudra peindre des tableaux comme dans un livre de coloriage d'enfant. L'épreuve consiste en fait à cliquer sur la couleur souhaitée pour la poser dans telle ou telle case pré-dessinée, l'objectif étant de reproduire à l'identique les couleurs du modèle. Ce n'est pas du tout difficile, mais c'est assez lassant lorsqu'on doit recommencer l'opération plusieurs fois pour avoir assez d'argent. Des méthodes plus variées de gagner sa vie auraient été les bienvenues.
La linéarité est peut-être un peu plus présente que dans les autres opus de la série et nous impose un nombre d'allers-retours assez conséquent entre des niveaux assez petits et peu nombreux. Pour tout vous dire, l'essentiel de l'aventure se déroule dans six lieux seulement. Pour se déplacer de l'un à l'autre, il vous faudra utiliser le métro parisien. Vous n'avez cependant aucune chance de vous perdre pusiqu'une carte apparaît et qu'il vous suffit de cliquer sur la destination voulue pour y être immédiatement transporté. Cela donne un peu le sentiment d'un potentiel gâché. Une ville si immense s'offre à nous et le jeu nous bride à quelques petits lieux... On aurait aimé avoir plus de libertés, plus de niveaux différents pour limiter le nombre d'allers-retours. Bon, ne soyons pas trop mauvaise langue puisque l'histoire se déroulant dans l'univers de la mode se laisse suivre et que l'on a toujours envie de terminer le jeu pour connaître le fin mot de l'histoire, mais il semble évident que Danger au Coeur de la Mode est un peu inférieur au Manoir de Blackmoor. C'est ce dernier que l'on vous conseillera en priorité si vous souhaitez découvrir Nancy Drew.
- Graphismes9/20
Les jeux de la série des Nancy Drew n'ont jamais brillé sur ce plan et ce n'est pas Danger au Coeur de la Mode qui change la donne. Certains décors sont plus réussis que dans les précédents volets, mais la résolution est toujours bloquée à 640x480 et il serait grand temps pour les développeurs de changer de technologie.
- Jouabilité11/20
On retrouve le gameplay typique des jeux Nancy Drew avec ses forces (simplicité de prise en main) et ses faiblesses (nombre d'allers-retours très important). Pour ce qui est de Danger au Coeur de la mode, on peut aussi regretter des énigmes assez faciles et une gestion de l'argent décevante car il n'y a qu'une seule manière de gagner sa vie : copier des peintures. Cela peut s'avérer être une activité assez répétitive puisqu'on doit renouveler l'opération plusieurs fois au cours de nos pérégrinations.
- Durée de vie10/20
On avance assez vite puisque rares sont les énigmes véritablement difficiles. Les 25 heures de jeu annoncées sur la jaquette sont une estimation des plus optimistes.
- Bande son14/20
Un effort a été fait sur ce plan. Les doublages français sont très bons et la musique elle aussi est sympathique, quoique ça manque un peu de variété au niveau des thèmes.
- Scénario12/20
Le scénario nous laisse un peu sur notre faim et se révèle moins prenant que celui du Manoir de Blackmoor.
Danger au Coeur de la Mode est moins convaincant que La Malédiction du Manoir de Blackmoor à cause d'un certain déficit d'ambiance, d'une durée de vie faiblarde et d'une linéarité un peu plus prononcée. Reste un titre que vous pouvez acheter si vous aimez le genre, mais ne vous attendez pas à une révolution ou à un grand jeu, car c'est juste un titre moyen qui est loin de casser trois pattes à un canard.