En attendant la conversion du jeu sur Wii, on termine provisoirement notre tour d'horizon des diverses adaptations des Rebelles de la Forêt par cette version PSP qui se démarque suffisamment des autres pour mériter un nouveau test. Assez proche des moutures sorties sur consoles de salon, cet opus ne nous aura, en revanche, pas plus emballés. Non pas que nous soyons devenus difficiles, mais on a la sentiment que le sujet n'aura pas vraiment inspiré les développeurs du soft.
Tout, ou presque, ayant été dit sur les Rebelles de la Forêt dans les précédents tests, inutile de vous planter le décor. Comme la quasi totalité des films d'animation à gros budget qui sortent dans les salles obscures, Les Rebelles de la Forêt hérite en toute logique d'une conversion en jeu vidéo sur tous les supports existants, et c'est avec un brin de méfiance que le joueur curieux va tenter d'en évaluer le potentiel. Un peu plus ambitieuse que la conversion DS, cette version PSP nous offre une liberté de déplacement totale dans des décors en 3D assez bien réalisés et surtout très colorés. Visuellement, ça n'est pas la panacée non plus, surtout au niveau des animations, mais le jeu s'en sort plutôt convenablement, et se rapproche sensiblement de la mouture PS2. La progression n'est toutefois pas la même, et souffre ici d'un manque de rythme aussi flagrant que désagréable.
Le déroulement du soft est en effet constitué d'une succession interminable de petites missions sans grand intérêt, qui donnent davantage l'impression de devoir tuer le temps parce qu'on est coincé en forêt plutôt que de participer à une véritable histoire. Je peux d'ailleurs vous donner quelques exemples assez flagrants, piochés au hasard parmi la foultitude de choses insignifiantes qu'on vous confiera. Alors que la nature sylvestre nous incite à gambader dans les feuilles mortes en quête d'aventure et de découverte, vous serez contraint de collecter des noisettes pour nourrir les écureuils, de chercher des vers de terre destinés aux moufettes, ou pire, d'aller démolir les toilettes des chasseurs pour les inciter à quitter les lieux s'ils ne veulent pas souiller la forêt. Puisque le ton est donné, on s'attend au moins à rire des facéties des deux compères qui font office de héros. Mais eux-mêmes ne semblent tirer aucun amusement de cette balade forcée en territoire hostile.
Il faut dire que rares sont les créatures qui ne leur veulent pas du mal à ces deux fauves domestiques, le cerf étant presque plus agressif que l'ours, malgré son caractère de joyeux luron. Le cas de l'ours Boog est d'ailleurs assez surprenant, puisqu'à part pousser des grognements ridicules, la seule idée qui lui vient à l'esprit pour repousser ses assaillants est d'empoigner son acolyte pour s'en servir comme massue. Le pire étant que c'est le cerf Elliot lui-même qui recommande à l'ours d'user de cette stratégie, comme si toute trace d'instinct sauvage et de fierté les avaient complètement abandonnés. Ainsi, la plupart des techniques qu'on vous demandera d'employer pour progresser font intervenir des actions combinées entre deux personnages. Si l'idée est plutôt plaisante, vous allez voir qu'elle aurait pu être bien mieux exploitée.
En plus d'Elliot, Boog est aussi à même de saisir d'autres animaux de petite taille pour improviser de nouvelles techniques de combat. En sautant sur sa tête, une simple moufette peut ainsi devenir un vaporisateur toxique capable de faire crever un buisson d'aubépines et de gazer un chasseur. Plus surprenante encore, la technique de l'écureuil consiste à tirer les oreilles de l'ours pour le faire charger comme un bélier afin de défoncer les barrières. Dans le même esprit, les canards peuvent faire office de bombardiers et les castors générer des mini séismes. Quant au cerf, il suffit de le lancer sur des cages pour les faire tomber, entre autres possibilités. En gagnant le respect des différents habitants de la forêt, le duo va ainsi pouvoir s'attacher leur aide pour surmonter les pièges tendus par les chasseurs, principale menace du jeu. On regrettera que les ruses employées pour les repousser soient aussi redondantes, d'autant que le plus simple est souvent de les passer à tabac en utilisant le cerf comme massue pour s'en débarrasser.
Le problème majeur, en plus du manque de renouvellement des situations proposées, réside d'ailleurs dans le côté approximatif du gameplay, notamment au niveau des phases d'action directe. On a beau se tenir à distance pour recourir à la ruse, il arrive fréquemment qu'un chasseur vous prenne pour cible et vide son fusil sur vous sans que vous ayez la possibilité de réagir. L'imprécision du gameplay ruine ainsi tout plaisir de jeu, d'autant qu'on finit vite par en avoir assez de tourner en rond dans les mêmes environnements pour accomplir des tâches ridicules dignes de Franklin sans que l'humour ne parvienne à prendre le dessus. La présence de quelques épreuves spéciales n'y change de toute façon pas grand-chose. Qu'il s'agisse de la descente en chariot, de la chasse aux vers de terre ou de la course d'écureuils, toutes ces activités s'accomplissent comme des devoirs qu'il faut terminer pour passer à la suite. De la même façon, les quelques mini-jeux proposés, même s'ils sont jouables à plusieurs, n'ont rien de franchement captivant, et ne nous donneront guère envie de passer davantage de temps sur cette adaptation moyenne des Rebelles de la Forêt.
- Graphismes12/20
Si les décors sont plutôt bien réalisés, on ne peut que regretter de ne pas pouvoir les explorer librement, sans être dans l'obligation de faire des allers-retours fastidieux. A force de tourner en rond, on réalise que les environnements auraient gagné à être beaucoup plus variés.
- Jouabilité9/20
Sans aucune inspiration, le jeu fait intervenir sans arrêt les mêmes ruses, celles-ci étant d'ailleurs très peu nombreuses au final. Et quand on en vient au corps-à-corps avec les chasseurs, on se rend compte que le gameplay est beaucoup trop imprécis pour tenir la route.
- Durée de vie12/20
L'aventure comporte quand même 40 missions à mener à bien, ce qui vous demandera beaucoup de patience et d'indulgence si vous voulez en voir le bout, et plus encore pour déverrouiller tous les bonus. Des mini-jeux à 4 joueurs sont également proposés.
- Bande son10/20
Quelques musiques et bruitages corrects assurent une ambiance sonore minimaliste qui ne transmet aucun sentiment particulier.
- Scénario9/20
Si le film se résume à ce qu'on trouve dans le jeu, ce dont je doute, celui-ci doit être à mourir d'ennui. Votre rôle se cantonne ici à accomplir une succession interminable de tâches insignifiantes, sans que l'histoire ne parvienne à se lancer.
Tout aussi limitée et peu inspirée que les autres adaptations du jeu, cette version PSP des Rebelles de la Forêt génère vite l'ennui car elle oublie de nous faire vivre une histoire et se contente de nous confier des missions aussi peu gratifiantes que monotones. Nul doute que le long métrage méritait mieux et que les jeunes joueurs qui s'y essaieront seront fortement déçus.