Plate-forme portable reine pour l'adaptation de jeux de courses automobiles, la PSP voit donc arriver un nouvel émissaire gorgé d'essence portant le doux nom de Street Supremacy. Après avoir connu les joies du Burnout Legends et les tristes effets d'un Juiced pas franchement convaincant, la console de Sony semble chercher un équilibre ludique dans le domaine du sport à quatre roues. Est-ce que le titre de Genki sera ce messie aux reflets chromés ? La réponse se trouve derrière le spoiler.
Suivant la droite lignée de la légendaire série des Tokyo Highway Challenge débutée sur Dreamcast, et continuant son bout de chemin sous le nom Tokyo Xtreme Racer, Street Supremacy est un titre ouvertement urbain, destiné à restituer la fureur des courses sauvages en pleine capitale japonaise. Votre but ultime est donc d'imposer votre style de conduite et par extension votre équipe dans la majeure partie des quartiers de Tokyo. Il vous incombera de montrer à tous vos talents par le biais d'une part de la customisation visuelle de votre bolide et d'autre part par l'amélioration technique de ce dernier. Mais avant toute chose, votre principal objectif reste de vous imposer dans votre propre team qui ne vous fera pas confiance sur un clignement d'oeil ou une invitation au resto. Deux pistes complémentaires s'offrent alors à vous. Dans un premier temps, vous devez prendre part à des compétitions internes en défiant les membres situés au-dessus de vous dans la hiérarchie afin de grimper les échelons. Ensuite et parallèlement, il est impératif que vous participiez à des duels "externes" contre d'autres groupes pour augmenter votre capital rapidement et surtout acquérir un niveau suffisant. En effet, un très maigre aspect RPG vient s'immiscer dans cette atmosphère virile dans le sens où vos progrès seront rétribués en argent certes, mais également sous la forme de points d'expérience nécessaires à une montée de niveau. Cette progression vous permet de débloquer des extensions de vos pièces d'équipements dans le but de les rendre plus performantes ainsi que de concourir contre des adversaires de plus en plus perfides.
Dans les faits, vous n'êtes pas forcément obligé d'atteindre le même niveau qu'un opposant pour espérer le battre, les caractéristiques de votre bolide et le choix de votre "stratégie" de course jouant également, mais la moindre erreur vous empêchera alors toute remontée et vous finirez piteusement à espérer encore le rattraper avec vos 5 secondes de retard. Car Street Supremacy n'est pas un jeu de courses classique comme on l'entend. En effet, il n'est pas ici question de savoir qui va passer la ligne d'arrivée le premier mais bel et bien qui va parvenir à suffisamment distancer l'autre pour l'éliminer du bitume. Pour matérialiser cela, deux barres sont présentes en haut de l'écran, toutes deux teintées de jaunes et de la même longueur. Ces dernières changent de couleur, se tournant vers un rouge vif, dès qu'un écart commence à se creuser. A ce moment-là, la jauge représentant le compétiteur à la traîne diminue plus ou moins rapidement suivant le degré d'éloignement. Une fois celle-ci totalement vide, le pilote est éliminé. Le seul moyen d'espérer survivre est de parvenir à rattraper son concurrent afin de stopper la désagrégation de la barre et tenter de le dépasser pour lui rendre la pareille. Un système intéressant, poussant sans cesse à l'attaque et intégrant une vraie ode à la montée d'adrénaline, mais bien trop limité dans sa version présente pour convaincre. Sempiternellement droites, les routes tokyoïtes n'offrent que très peu d'intérêt, dénuées de vrais obstacles et d'une circulation piégeuse. De fait, les dépassements se font toujours de manière analogue, en attendant tranquillement que son adversaire prenne un virage et que l'I.A lui dicte de ralentir bien trop fortement, vous laissant le champ libre.
Certes, cette manière de faire ne fonctionne pas dans cent pour cent des cas mais elle demeure très aisée à exploiter et met largement les autres de côté, utilisables seulement dans des cas désespérés. De plus et même si ce constat change très faiblement sur le long terme, les voitures se révèlent poussives et surtout terriblement raides. L'obligation de piloter par petits à-coups sur le stick réputé analogique est rapidement handicapante, donnant ainsi l'impression de conduire sur une flaque d'huile où le moindre écart symbolise la mort. Un sentiment qui se vérifie dès que l'on actionne un peu trop brutalement le joystick et que l'on termine en moins de deux petites secondes dans le mur d'en face. Le pilotage souffre de ce fait grandement de ce manque de précision et réduit encore un peu une immersion déjà mise en défaut par la construction même du jeu, chaotique à souhait. En effet, tentant de rivaliser avec l'interface catastrophique de ATV Quad Frenzy, Street Supremacy est également un grand amateur de menus à n'en plus finir et à l'utilité discutable. Pour vous donner une petite idée de l'ensemble, sachez que vous débutez dans le garage de votre jolie voiture. Jusque-là rien de bien surprenant. Pourtant, vous devrez passer ensuite par la boutique, histoire de recharger votre nitro, ne se remplissant pas à chaque fin de course, puis aller au Parking afin de choisir une route ou de participer à un duel pour grimper dans la hiérarchie. Une fois la zone définie, vous arrivez sur la sélection de circuit. Là, une fois la direction géographique réglée, vous parvenez enfin à une présentation du quartier (si vous en avez changé préalablement) puis à une petite séquence vous exposant les divers bolides prêts à vous défier. Et pour terminer le chemin de croix, vous débutez votre course après une courte scène cinématique. Tout en sachant que des chargements de trois ou quatre secondes s'interposent entre chacune des étapes.
La moindre participation à une course se résume alors à un véritable calvaire dispensable et dont il est peu évident de saisir l'utilité. Pourquoi ne pas avoir réuni la majeure partie des possibilités en un seul endroit par exemple, au lieu de forcer le joueur avide de compétition à passer pratiquement autant de temps dans des menus, auxquels il ne jette pas même un oeil, que dans la course elle-même ? Une question qui reste malheureusement sans réponse et qui mine réellement le plaisir de jeu. D'autant que le titre comporte des points vraiment positifs. La réalisation tout d'abord, mettant en exergue des véhicules modélisés avec soin et reflétant de manière réaliste les variations de luminosité sur leur châssis luisant dans une fluidité notable. Dans la même veine, le fait de pouvoir régler l'aérodynamisme de son monstre mécanique, ou encore d'avoir le loisir de modifier la garde au sol ou la répartition du freinage ajoute de la crédibilité au soft, ne le cantonnant pas à un simple jeu de tuning basique. Enfin, le système de combat de zone dans l'espoir de prendre des territoires à l'ennemi est une idée ingénieuse bien qu'assez pauvre à l'utilisation. De plus et heureusement, certains évènements assez inattendus réveillent une attention qui a tendance à se laisser porter par l'ennui. Street Supremacy est donc un titre aux qualités certaines, malheureusement mal utilisées. De plus avec ses concurrents sur ce support le titre de Genki souffre de comparaisons peu flatteuses.
- Graphismes14/20
Relativement joli, le soft de Genki offre une modélisation des véhicules très correcte et des décors aux textures convaincantes. Reste que les détails manquent à l'appel, course de nuit oblige, et que l'ambiance nocturne n'est justement pas assez mise en avant. A noter un habillage de grand standing avec des menus au design actuel et bien vu, malgré les chargements qui y sont liés.
- Jouabilité9/20
Bien trop rigide, la jouabilité est un réel problème et muselle le plaisir de jeu pourtant bien apparent à de trop rares moments. De plus que l'on joue au stick ou à la croix de direction le souci reste le même. Le gameplay est quant à lui composé de bonnes idées mais ne parvient pas à les mettre correctement en place, se murant dans ses propres limitations. Enfin, l'interface est utilisée de manière dramatique.
- Durée de vie12/20
Possédant de nombreux défis et nécessitant une montée en niveaux régulière et souvent laborieuse, Street Supremacy vous occupera un bon bout de temps si vous ne vous êtes pas lassé de son côté poussif avant. Pour les plus courageux, un mode multi est disponible, permettant à deux joueurs de s'affronter avec leurs propres véhicules.
- Bande son10/20
Les compositions accompagnant les courses sont assez sympathiques, malgré leur manque de variété évident. A l'inverse les morceaux peuplant les menus sont horriblement répétitifs et énervent au final au bout de quelques secondes. Même constat pour les effets sonores pas vraiment crédibles, surtout dans le cas des crissements de pneus, presque ridicules.
- Scénario/
Non significatif
Nouveau représentant des jeux de courses automobiles sur PSP, Street Supremacy passe donc dans le côté obscur de cette catégorie à fort potentiel concurrentiel. Joliment réalisé et contenant quelques bonnes idées, le soft de Genki s'empêtre pourtant dans ses menus irritants, ses temps de chargements d'un autre âge et surtout sa conduite bien trop raide et avare en sensations. Reste un titre original dans son approche mais sans caractère ni réussite. Dommage.