Juillet 2005, après d'interminables années d'attente, un développeur se décidait enfin à ressusciter le mythe des Chevaliers du Zodiaque en jeu vidéo. Seulement voilà, le soft s'est avéré franchement décevant, ne réussissant qu'à ternir l'image de Saint Seiya sans aucunement parvenir à rendre hommage à cette oeuvre culte. Avec cette suite, Dimps a pris la peine de revoir sa copie, mais on est encore loin du résultat tant espéré.
Suite à l'échec cuisant du précédent volet, autant dire que les fans désabusés que nous sommes ne se font plus trop d'illusions. Alors à défaut d'avoir la chance de voir un épisode de Saint Seiya faire jeu égal avec un Soul Calibur, le simple fait de retrouver l'univers de Masami Kurumada dans un jeu vidéo est déjà suffisamment tentant pour nous convaincre de replonger une nouvelle fois. Visuellement très perfectible et encore assez bancal au niveau du gameplay, ce nouvel opus de Saint Seiya s'adresse exclusivement aux inconditionnels du manga original qui auront bien du mal à résister à la tentation de faire brûler leur cosmos pour la gloire de la déesse Athéna.
La chapitre du Sanctuaire ayant déjà été traité dans le volet précédent, les développeurs de Dimps ont eu la bonne idée de s'attarder cette fois-ci sur la période Hadès qui couvre les tout derniers volumes du manga et dont les OAV sont encore en cours de réalisation au Japon. On ne peut d'ailleurs que recommander à ceux qui ne connaîtraient pas ce segment de Saint Seiya de réparer au plus vite cet outrage, la saga d'Hadès étant certainement la plus passionnante et la plus surprenante au niveau du scénario. Loin de moi l'envie de spoiler quoi que ce soit, mais la narration est tellement parfaite dans le manga que vous vous gâcheriez considérablement le plaisir en découvrant l'histoire par le biais du jeu vidéo. Les phases de dialogues sont en effet beaucoup trop succinctes pour permettre de comprendre les tenants et aboutissants du scénario, et la mise en scène quasi inexistante ne rend aucunement justice au caractère poignant de certains passages mémorables du manga.
Le premier motif d'énervement à l'encontre du jeu réside ainsi dans son moteur graphique. En plus de nous servir des cut-scenes superficielles et peu explicites, le soft propose une réalisation aussi décevante que dans le premier volet, avec une modélisation très approximative, des brillances exagérées au niveau des armures et des chevelures caractérisées par des textures immondes. Seuls les effets visuels s'en sortent à peu près correctement, les décors étant généralement trop vides pour accrocher le regard. Par ailleurs, la plupart des scènes illustrant les attaques ultimes des personnages sont les mêmes que dans le premier volet, et il en va de même pour les animations. En revanche, on constate avec beaucoup de plaisir que le dynamisme des combats a été considérablement amélioré, autorisant des déplacements rapides autour de l'adversaire pour des joutes qui ressemblent beaucoup plus à celles de la série animée.
L'éventail des attaques disponibles a, lui aussi, été revu à la hausse, nous offrant enfin la possibilité de diversifier les affrontements en recourant à un plus grand nombre de techniques. On retrouve toujours la jauge de cosmos échelonnée en plusieurs niveaux, indispensable pour déclencher les techniques spéciales et les attaques ultimes des chevaliers. Ces dernières peuvent être contrées pour donner lieu à des bras de fer tendus entre les deux belligérants, le défenseur devant valider un certain nombre de touches qui s'affichent à l'écran pendant une durée déterminée. Dans la pratique, on se retrouve plus souvent dans le rôle de l'attaquant, le timing requis pour contrer une attaque ultime étant bien trop restreint pour y parvenir. Petite nouveauté, la frappe du chevalier s'apparente à un duel dans lequel chaque opposant doit entrer une commande d'action parmi une liste donnée (attaque/combo/attente pour l'instigateur de la frappe, et parade/esquive/défense pour le défenseur). C'est exactement le principe du pierre/papier/ciseau et le caractère aléatoire de la manoeuvre fait perdre beaucoup de son intérêt à cette frappe spéciale. Malgré tout, la mise en scène qui en découle est plutôt sympathique, puisqu'elle varie en fonction des coups portés.
La seconde nouveauté essentielle est la possibilité de faire appel au 7ème sens pour améliorer ses capacités pendant un court instant. Le décor est alors remplacé par un amas d'étoiles et de galaxies du plus bel effet, conférant à ces phases de combat un côté apocalyptique appréciable. Le reste n'a pas énormément changé, puisqu'on retrouve toujours les fameuses résurrections qui éternisent toujours autant les combats, Pandore remplaçant cette fois le grand pope du côté des forces du mal. Le fait de recourir au 7ème sens vous laisse d'ailleurs complètement vulnérable durant les secondes qui suivent son utilisation, ce qui en fait une arme à double tranchant. Pour clore ce chapitre sur le gameplay, il faut quand même reconnaître que les modifications apportées rendent les combats bien plus intéressants et dynamiques que dans le précédent volet. Même si les techniques ne vont jamais chercher très loin, on prend plaisir à varier son jeu pour renouveler les affrontements, sans forcément abuser à outrance des attaques spéciales.
Avec pas moins de 49 personnages jouables annoncés sur la jaquette du jeu, il fallait s'attendre à ce que Dimps nous refasse le coup des Budokai en comptabilisant plusieurs fois les mêmes combattants. Ainsi, tous les chevaliers d'or et de bronze se déclinent dans plusieurs versions différentes selon les armures qu'ils portent (les armures fissurées, celles de la première série animée, les surplis d'Hadès ou encore les armures d'or). Les chevaliers d'argent ne jouant aucun rôle dans cette période de Saint Seiya, on ne retrouvera pas ceux qui étaient présents dans le précédent volet, en dehors de Marine et Shina. Au bout du compte, les seuls personnages vraiment inédits de cet opus sont Sion (le maître de Mû), Orphée de la Lyre, ainsi que les trois juges des enfers Eaque, Minos et Radamanthe. On regrettera quand même que les chevaliers propres au chapitre Inferno ne soient pas plus nombreux, l'absence de Rune du Balrog, de Pharaon du Sphinx, et des 108 spectres d'Hadès étant assez injustifiable.
On note par ailleurs l'absence totale de phases de beat'em all, ce qui n'est pas plus mal quand on sait à quel point celles-ci étaient loupées dans le premier Saint Seiya. Exit également le mode Grand Pope, au profit des modes Hadès (Story), 1000 Jours (Versus), Légende (Arcade), Combat éternel (Survival), Combat éclair (Time Attack) et Repos des Chevaliers (Bonus). Ceux-ci sont à débloquer au fur et à mesure, et vous permettent de déverrouiller la totalité des personnages et des suppléments cachés dans le jeu. Dommage que les choix de répliques qui nous sont proposés parfois dans le mode Story ne servent qu'à obtenir des avantages futiles pour le combat à suivre, car on aurait préféré trouver quelques embranchements possibles au niveau du scénario. Les puristes regretteront aussi que les noms des attaques aient été traduits en français au niveau des sous-titres, alors que ça n'était pas le cas dans le manga, mais c'est un détail. Pour finir par une note positive, sachez que les responsables de la localisation ont entendu notre appel en conservant les voix japonaises originales, et mêmes si les musiques ne sont pas celles de la série, elles restent parfaitement dans l'esprit de bravoure qui caractérise Saint Seiya.
- Graphismes10/20
La réalisation n'a subi quasiment aucune amélioration et reste encore très largement perfectible, seuls les effets relèvent le niveau. Les quelques artworks présents nous font regretter que les cut-scenes soient faites avec le moteur du jeu plutôt qu'en animation 2D.
- Jouabilité12/20
On note quand même quelques progrès au niveau du gameplay, les combats étant beaucoup plus dynamiques que dans le précédent volet. Des possibilités ont été rajoutées, ce qui permet de diversifier un peu les affrontements, mais les techniques ne vont jamais très loin.
- Durée de vie12/20
Une fois le mode Story terminé, on n'y revient pas forcément, mais il faudra passer un peu de temps dans les autres modes pour débloquer tous les personnages. Dommage que l'on trouve autant de doublons sur les 49 chevaliers proposés, et que les personnages propres à la saga Hadès n'aient pas été davantage mis en valeur.
- Bande son13/20
Même si on ne retrouve pas les musiques de la série, celles qui sont proposées collent parfaitement à l'esprit de Saint Seiya et contribuent au dynamisme des affrontements. De plus, les voix japonaises ont été conservées.
- Scénario14/20
Encore une fois, le scénario suit de près celui imaginé par Kurumada, mais la narration et la mise en scène ne rendent vraiment pas justice à cette histoire qui reste sans doute la plus réussie sur l'ensemble du manga. Je vous conseille donc vraiment de lire les derniers volumes dédiés à Hadès pour profiter pleinement du scénario, en attendant l'arrivée des OAV.
Compte tenu du mythe que représente Saint Seiya pour beaucoup de joueurs, on attendait tellement du premier volet que la déception n'en a été que plus douloureuse au vu du résultat final. Autant dire que plus personne n'attendait grand-chose de cette suite, et c'est finalement avec un certain plaisir qu'on prend part à ces joutes sans prétention dans l'univers imaginé par Kurumada. En attendant un épisode qui parvienne enfin à rendre hommage à ce monument du shônen manga, Saint Seiya : Hadès a au moins le mérite de nous replonger dans cette oeuvre qui continue de fasciner les générations malgré le passage des ans.