Nombreux sont les éditeurs à vous proposer d'enfiler le costume de manager. Codemasters est l'un d'entre eux et signe à nouveau pour une saison supplémentaire avec F.C. Manager 2007, un titre qui mise beaucoup sur son moteur 3D et son site internet virtuel nommé Football One. Une approche assez large du métier de manager général qui n'avait pas su nous convaincre l'année dernière. Quid de cet opus 2007 ?
Lorsque l'on n'est pas vraiment connaisseur en la matière, il est très difficile de se perdre au milieu de jeux de management aux appellations plus ou moins similaires et pas franchement explicites. On pardonnera donc les confusions diverses mais il est nécessaire de différencier le jeu en question de Football Manager, le protégé de Sega. F.C. Manager fait partie des derniers outsiders arrivés sur le marché (même s'il reprend en réalité la licence Roger Lemerre, plus vraiment d'actualité depuis le mondial 2002) et fête sa seconde année d'existence sous la houlette d'une équipe de développement de Codemasters. Après une première mouture rapidement en difficulté puisque très limitée et bâclée au niveau de son moteur graphique, ce qui est parti pour devenir une série est attendu au tournant en ce début de saison. Saison qui sera forcément fatale aux jeux de gestion moyens et inférieurs lorsque l'on connaît la domination quasi hégémonique d'un Football Manager depuis plusieurs années. Impossible dans ce cas-là de se faire une place au soleil sans quelques atouts originaux et exclusifs dans sa hôte. F.C. Manager parie, en ce sens, beaucoup sur son moteur 3D et sur Football One, une mine d'informations présentée de manière interactive.
Football One, c'est une sorte de site internet virtuel qui, en complément de l'écran messages, pourra être une source régulièrement consultée durant le jeu afin de se tenir informé des derniers résultats des championnats européens, des derniers transferts et des news les plus importantes en fonction de l'actualité. A ce sujet, on retrouve des conférences de presse et des résumés de matchs en vidéos. Original, intéressant, me direz-vous. Chaotique vous répondrai-je. Bien que sympathiques dans l'idée, ce ne sont que de pseudos sujets journalistiques visuellement indignes de la machine et quasiment inaudibles. La voix off qui sert de commentateur (alors qu'en direct, les matchs sont vierges de tout commentaire complémentaire) est paumée, robotisée et loin d'être en phase avec le concept de Football One. Le contenu de Football One se limite donc à cela et à un fil infos pas toujours bien légitime dans son choix de priorités puisqu'il pourra mettre en avant le résultat d'un championnat issu d'un pays n'ayant aucun lien avec le vôtre et aucune incidence sur le calendrier de votre équipe. C'est interactif, c'est exclusif à F.C. Manager mais ce n'est pas ce qui pourra convaincre en priorité de l'utilité d'un tel achat. Enfin, on notera que les présentations de joueurs importants à la presse sont toutes identiques et que la modélisation de ceux-ci ne laisse aucunement deviner de l'identité du footballeur en question, ce qui fait quand même un peu tache.
Si l'on se tourne cette fois davantage vers les championnats proposés, on constate que cette version finale ne contient rien de plus que la version preview passée entre nos mains le mois dernier. Les ligues disponibles se limitent donc à l'Allemagne, l'Angleterre, l'Ecosse, l'Espagne, la France, l'Italie, les Pays-Bas et le Portugal où apparaissent deux ou trois divisions en fonction du championnat. Pourtant, une quarantaine d'autres championnats sont de la partie mais de manière secondaire et donc, non jouables. Il est donc possible de consulter un minimum d'informations et les effectifs de centaines de clubs du Monde entier. De plus, cette fois, et contrairement à la version preview, la Juventus évolue bien en Serie B, et comme nous l'avaient promis les développeurs, démarre avec son handicap de 17 points, à l'instar de la Fiorentina (19 points), la Lazio (11 points) et du Milan AC (8 points) en Serie A. Niveau actualisation des transferts, on est plutôt agréablement surpris puisque les effectifs des équipes premières sont à jour à quelques exceptions près. Evidemment, les mouvements de dernière minute (Pedretti et N'Diaye à Auxerre, Dalmat et Wendel à Bordeaux, A.Diarra et Kovacevic à Lens, M.Diarra au Real, M'Bami à Marseille, Le Tallec à Sochaux pour ce qui concerne la L1) n'ont pu être inclus à temps mais l'inverse paraissait totalement improbable.
Le reste du temps, le réalisme fait cruellement défaut, à tous les étages et en particulier au moment des transferts. Si la négociation des contrats est assez complète, on remarque qu'il est beaucoup trop facile de faire venir des joueurs huppés dans son club, même modeste, et à moindres frais. Pour commencer, les joueurs sont sous-valorisés et la négociation de leur transfert ne demande pas à ce que l'on enchérisse beaucoup sur leur prix de départ. Ainsi, vous pourrez par exemple vous offrir de très bons joueurs de L1 pour des sommes comprises entre deux et six millions d'euros, sans avoir à insister plus que de rigueur auprès du club auquel est lié le joueur désiré. Les prix étant nivelés et pas vraiment représentatifs de la cote réelle des joueurs (en fonction de leurs performances récentes, de leur âge, de leur marge de progression ou de la durée du contrat qui les lie à leur club), l'IA n'hésite pas à proposer des sommes élevées pour vos joueurs et aura très rarement le culot d'avancer une première offre inférieure au prix de départ de votre joueur. En quelques mois, vous pouvez donc, en ne ménageant pas vos efforts, monter une équipe dix fois plus compétitive qu'elle ne l'est au départ du jeu. Les joueurs n'ont eux aussi, pas souvent la notion de plan de carrière et acceptent trop vite votre offre si le salaire de base proposé est suffisamment élevé. Quand on connaît l'importance du marché des transferts dans un jeu de management, ceci devient un gros point noir qui rebutera nombre de connaisseurs, avides de longues et délicates négociations.
Graphiquement parlant, le jeu n'a guère évolué. Pas assez en tout cas pour qu'on se réjouisse de la réalisation très moyenne, voire médiocre par moments, sans compter les saccades que l'on ne compte plus et de la modélisation catastrophique des visages des joueurs. Certes, on aperçoit les entraîneurs faire les cent pas, les joueurs sur le banc de touche et quelques objets dispersés par-ci par-là, mais la technique manque et les moyens mis en place ne permettent à aucun moment de plonger le joueur dans l'ambiance d'une rencontre de coupe ou de championnat. Les joueurs, très banals et incroyablement animés, proposent un jeu d'une qualité exécrable et indigne du niveau professionnel. Ils sont incapables d'enchaîner trois passes consécutives et d'appliquer un système de jeu quelconque. Souvent, ce sont sur des actions personnelles pathétiques que sont inscrits les buts, notamment grâce à des gardiens aussi doués de leurs mains que peut l'être un kayakiste sans rame. Les changements tactiques n'y feront rien, on perd vite patience et l'utilisation des raccourcis pour les consignes collectives n'ont pas plus d'effet bien que l'idée soit là aussi tout à fait respectable. Le jeu manque donc de profondeur, de moyens, de réalisme et surtout de réelles convictions. Malgré un statut grand public, il n'arrivera sans doute pas à passionner de nombreux joueurs, en dépit une interface de plus en plus lisible. Trop de tares le classent dans la catégorie des jeux très moyens, incapables de bouleverser la hiérarchie.
- Graphismes7/20
Joueurs méconnaissables, tons de couleurs ternes, ambiance dans les stades inexistante, maillots dignes du niveau amateur, textures médiocres et j'en passe et des meilleures. Le jeu n'a pas le niveau de la machine. S'appuyer sur un moteur 3D, c'est bien, le faire avec les moyens adéquats, c'est mieux, d'autant que l'animation est dans les choux du début à la fin.
- Jouabilité8/20
Niveau navigation, tout ou presque se passe avec les touches R et L. Bien que très nombreux et éparpillés en d'inutiles sous catégories, les onglets font du bien à l'interface qui propose des couleurs agréables. Un temps d'adaptation est tout de même nécessaire. Durant les matchs en revanche, malgré quelques maigres possibilités tactiques, on se retrouve plus souvent spectateur qu'acteur indirect de confrontations de deux équipes de onze incapables.
- Durée de vie6/20
Au total, s'il y a cinquante championnats, seuls huit sont jouables, ce qui fait donc peu par rapport à certains concurrents, déjà bien en avance à ce niveau-là. Le véritable souci provient de la lassitude grandissante au fil des mois et de l'incohérence de certaines données, notamment concernant le marché des transferts. On retrouve la possibilité de télécharger la mise à jour définitive des transferts sur le Online en plus du mode 2 joueurs.
- Bande son5/20
On s'attendait à une révolution sonore, on se trompait. Le jeu manque cruellement de vie et l'absence de commentaires accentue cette impression. Les réactions du public sont irrégulières et rarement en phase avec l'action. On attend toujours les chants de supporters originaux...
- Scénario/
Bis répétita. Peu évolué, graphiquement peu soigné et irréaliste sur de nombreux critères, F.C. Manager 2007 ne créera pas la surprise. Son moteur 3D ne fait donc pas de merveilles, pas plus que les quelques bonnes idées mal développées qui interviennent au fil des saisons. Dommage car les transferts ont été soigneusement actualisés dans l'ensemble. Peut-être pour une prochaine fois.