La déception. C'est le dernier sentiment qui nous vient à l'esprit lorsqu'on parle de la série des Settlers qui, il faut bien le dire, s'est largement fourvoyée avec L'Héritage des Rois et ses add-on lorgnant beaucoup plus vers la stratégie que vers la gestion. Les fans ont été déçus et nous aussi. Retour aux sources avec The Settlers 2 : 10th Anniversary qui reprend le gameplay du deuxième volet avec un tout nouvel habillage. Le moteur 3D est d'ailleurs plutôt réussi. Bon d'accord, techniquement parlant, ce n'est pas le meilleur sur le plan de la finesse des textures ou du nombre de polygones affichés. De plus, des détails manquent comme l'éclairage des bâtiments de nuit, ou une véritable caméra libre car en l'occurrence, on ne peut que zoomer et faire deux rotations à 90 degrés. Mais bon, on doit bien admettre que le rendu est tout de même vraiment mignon grâce aux couleurs chatoyantes et aux petits Settlers joliment animés.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore le principe de Settlers 2, il semble nécessaire de faire une petite piqûre de rappel. Le principe est simple. En fait, vous allez devoir bâtir votre colonie. Au début de la partie, vous ne disposez que d'un seul bâtiment : le quartier général. A vous de construire le reste. Ce qui fait la particularité de ce jeu, c'est que l'on ne contrôle pas d'unités directement. En fait, vous passerez le plus clair de votre temps à décider où bâtir telle ou telle structure. Et attention car on ne peut pas construire où on veut. La carte est divisée en cases et chaque case peut être constructible ou pas. En outre, on s'aperçoit vite que l'on a accès à trois tailles de bâtiments : les petits, les moyens et les grands. Et rien n'est figé dans le jeu. Une case capable d'accueillir un grand bâtiment ne le sera plus si vous construisez quelque chose juste à côté d'elle, la place qui lui est alors allouée étant plus faible. Bref, c'est à un véritable challenge auquel on est confronté pour placer les nombreux bâtiments nécessaires à sa colonie (cabanes de bûcherons, fermes, mines, boulangeries...). D'autant que toutes vos constructions doivent être reliées par des routes et que les routes occupent évidemment de précieuses cases.

Vous ressentirez donc très vite le besoin d'agrandir votre village. Pour cela, il faut repousser les frontières en construisant des châteaux, casernes et autres tours de garde. Une fois que ce sera fait, les terres environnantes seront accessibles. On progresse d'ailleurs essentiellement comme ça puisque l'exploration ne se fait pas directement avec les unités. Le jeu se focalise sur la gestion et non pas sur la stratégie. En clair, cela veut dire que les combats restent assez limités. Le coeur du jeu reste le côté gestion. Il faut veiller au bon approvisionnement de tous vos bâtiments. Par exemple, les boulangeries réclament de la farine pour fonctionner, farine que l'on peut se procurer au moulin. Mais le moulin lui-même a besoin de blé, il vous faudra donc construire une ferme pour produire cette matière première. Bref, chaque bâtiment a des besoins spécifiques qui s'imbriquent les uns aux autres. C'est un véritable système économique qu'il faut mettre en place.

Un des aspects les plus surprenants du gameplay c'est qu'il est impossible de faire tourner les bâtiments. L'entrée pointera donc toujours dans la même direction. Cette rigidité dans les possibilités de construction a des conséquences puisqu'il faudra multiplier les routes. En effet, impossible d'avoir des rues avec des bâtiments et leurs entrées de part et d'autre. Pour deux rangées de constructions, il faudra donc construire deux routes différentes. Au premier abord, cela peut sembler très contraignant, mais au final, cela rajoute un petit côté réflexion puisqu'il faut essayer de placer judicieusement ses bâtiments pour économiser de la place. Heureusement, il est tout à fait possible d'en détruire un si on veut modifier la disposition de son village et, petite nouveauté de cette édition 10ème anniversaire, la moitié des matières premières utilisées pour la construction vous sera remboursée dans le cas d'une démolition, ce qui n'était pas le cas dans le jeu d'origine.

On remarque aussi quelques améliorations sur le plan de l'interface avec l'apparition de rapports qui s'affichent en haut de l'écran pour nous signaler l'achèvement des constructions, la découverte d'une ressource, l'attaque d'un ennemi... Le confort de jeu est optimisé par les multiples aides contextuelles. Autre nouveauté, les bâtiments militaires peuvent être upgradés sans qu'il ne soit nécessaire de les détruire pour construire le bâtiment supérieur correspondant. Pratique ! Mais la plus grosse innovation concerne évidemment le mode multijoueur qui vient brillamment seconder la campagne solo et le mode libre. Si la version originale permettait de jouer à deux en écran partagé, l'édition dixième anniversaire passe à quelque chose d'un peu plus consistant avec la possibilité de jouer à 6 en LAN ou via internet. Les conditions de victoires sont alors au choix. Vous pouvez décider que le gagnant sera celui qui possédera les 3/4 de la carte, qui arrivera le premier à avoir 100 pièces d'or ou qui tuera ses ennemis. Trois camps sont jouables : les romains, les asiatiques et les nubiens. Hélas, le gameplay est identique quel que soit le peuple choisi, seul le design des bâtiments et la musique jouée pendant les parties varient. Dommage qu'il n'y ait pas des différences plus marquées sur le plan du gameplay entre les factions. Toujours est-il que malgré ses quelques imperfections, The Settlers II : 10th Anniversary est un titre bigrement attachant qui rend avec brio hommage à son illustre aîné.