Dans And 1 Streetball, on oublie la NBA. Dans And 1 Streetball, on prend un short qui descend jusqu'aux chevilles, un regard méchant, des airs de caïd, un surnom ridicule et une démarche censée forcer le respect. Enfin, dans And 1 Streetball, on "casse les chevilles" à son adversaire direct en multipliant des mouvements aussi frimeurs qu'inutiles. Bienvenue dans une autre dimension.
La saison de NBA est terminée. Place aux matchs de rues, à l'air libre, aux démonstrations techniques, aux gestes spectaculaires, parfois improbables, à la provocation, à l'humiliation même... Place à un basket né, ne l'oublions pas, il y a quelques années dans un NBA Street made in EA qui avait su surprendre et passionner. Koby Bryant et Tony Parker laissent leur réputation de stars à Hot Sauce (Phillip Champion) et Helicopter (John Humphrey), des joueurs charismatiques qui n'ont pas peur des moqueries en choisissant des pseudos un peu faciles, à la manière de leurs potes "The Agressor" ou "The Assassin", très chaleureux. Dans une ambiance rythmée par des musiques rap et des petites phrases assassines (décidément !), les matchs n'ont qu'un but : distraire la foule afin de devenir la nouvelle idole, le streetballer le plus respecté des Etats-Unis. Pour ça, rien de tel que des mouvements techniques, fluides et déstabilisants se terminant par une réussite sous le panier, histoire d'enfoncer le clou.
L'idée d'humilier revient sans cesse dans ce type de jeu. A croire qu'on ne peut prouver son talent qu'une fois son vis-à-vis ridiculisé. Soit. Si le football a son petit pont, le basket de rue a son "cassage de chevilles". Malgré l'ambiance un peu malsaine des rencontres de rues, n'y voyez pas un terme à prendre au sens propre. Pour casser les chevilles à un joueur, il suffit de le faire tourner en bourrique, d'enchaîner les "moves I-Ball" afin de le déstabiliser jusqu'à lui faire perdre l'équilibre. Il existe trois types de moves I-Ball. Le premier nécessite l'utilisation du stick analogique droit, le second des deux sticks et le troisième des deux sticks et de la touche sprint (gâchette droite). Avant de pouvoir humilier notre marqueur, il faut parvenir à remplir la jauge correspondante en réalisant tous les gestes techniques possibles et inimaginables que le rythme de la NBA ne nous permet pas d'effectuer. Dribbles, jeu avec le ballon, alley-hoop solo, frime... Tout est bon pour gagner des points et enflammer le public. Public, qui, de manière originale, participe au jeu. En effet, plus vous êtes convaincant, plus la foule applaudit et nourrit une seconde jauge tout aussi importante que la première. Celle-ci, une fois pleine, vous fait gagner un micro. A partir de là, deux nouvelles possibilités vous sont offertes.
La première d'entre-elles consiste à activer le mode "En feu". Les attributs des joueurs montent temporairement en flèche et les paniers à trois points deviennent un jeu d'enfant ! Rien de vraiment nouveau puisque les amateurs de NBA Jam sur 16 bits se souviennent de la même fonction qui permettait de shooter de loin plus facilement à partir du moment où l'on enchaînait trois paniers consécutifs. Là aussi, on retrouve un ballon rougissant ne demandant qu'à cramer le filet du panier. La seconde est l'utilisation d'un "move perso". Un éditeur présent dans les options donne accès à une combinaison de mouvements déjà existants que l'on peut mêler à notre guise afin de créer des gestes uniques, appelés donc move perso. Ces deux subtilités sont des ajouts sympathiques qui viennent diversifier le gameplay et servir en quelque sorte de fatality, du moins pour l'action en cours. De plus, même si la bande-son est malheureusement exclusivement en anglais, on prend plaisir à écouter les blagues un peu foireuses de Duke Tango, le commentateur se trouvant dans les alentours, contribuant lui aussi à cette atmosphère si particulière, bien loin des parquets NBA.
Le gameplay comporte donc des idées intéressantes mais pas vraiment novatrices. Mais son véritable défaut, c'est le niveau de l'IA. Même en mode facile, le CPU maîtrise absolument tous les coups possibles et inimaginables et ne vous laissera jamais assez de marge pour apprendre durant les matchs. Sa réussite est véritablement affolante et sa capacité à bien défendre décourageante. La difficulté est donc très mal calibrée, malgré la présence de trois niveaux différents qui ne servent finalement pas à grand-chose. Les premières minutes passées sur ce titre sont donc des désillusions, des défaites et des humiliations jusqu'à ce qu'on ait le petit plus de réussite permettant de faire la différence. La lecture du manuel, le passage par l'entraînement et l'apprentissage offert par le tutorial sont indispensables (fait rarissime). On le constate notamment en un-contre-un où l'erreur est forcément fatale face à un CPU affûté et capable d'enchaîner les move I-Ball à une vitesse vertigineuse. Pour le reste, les animations sont plutôt fluides et variées mais la circulation de la balle souffre un peu du manque de mobilité des joueurs, pas vraiment en condition physiquement pour multiplier les allers et retours d'un panier à l'autre.
Outre l'entraînement, le tutorial et l'éditeur de mouvements (déjà abordés ci-dessus), le jeu dispose d'un mode carrière (appelé ici "mixtape tour and 1"). Très classiquement, il vous demande de créer un joueur (masse musculaire, taille, poids, pilosité, coupe de cheveux, couleur de peau, poste, attributs, etc) et de participer à des un-contre-un afin de gagner un peu de notoriété et attirer l'oeil des recruteurs d'une équipe locale de streetballers. Après y être parvenu, vous passez à la vitesse supérieure et entrez dans l'univers impitoyable de And 1. L'occasion de gagner de l'argent et d'améliorer sensiblement et progressivement les compétences de votre protégé. L'autre mode principal du titre s'appelle "parties pickup" et fait place à des affrontements en cinq contre cinq. Moins immersives mais également plus simples à aborder, ces rencontres sont avant tout un entraînement aux matchs en mode carrière puisque l'on peut décider d'affronter les meilleurs joueurs du circuit, quel que soit leur poste, ou de s'équiper d'une dream-team imbattable. Une fois le jeu terminé, rien ne vous empêche d'aller faire un tour sur le Online et de grimper dans le classement des meilleurs joueurs. Que dire du nouveau titre d'Ubisoft ? Tout d'abord qu'il n'innove pas vraiment, ensuite que sa réalisation graphique n'atteint pas la référence NBA Street et enfin que son gameplay ne penche bizarrement pas assez vers l'arcade. On a parfois l'impression de jouer avec le frein à main...
- Graphismes12/20
Bien loin de NBA Street, la réalisation graphique a décidé de faire dans le sobre et le réaliste. Du coup, les couleurs sont un peu plus ternes et sont dans la continuité de l'ambiance régnant sur les terrains. L'animation des joueurs est de bonne qualité, fluide, mais parfois un peu lente. L'ensemble aurait été plus convaincant avec davantage de couleurs.
- Jouabilité9/20
L'impression de ne pas maîtriser vraiment les mouvements du joueur fait que l'on perd très vite patience. Cela est nettement dû à un CPU constamment sur ses appuis, solide comme un roc, très difficile à déborder et rarement fui par la réussite. La difficulté est particulièrement mal calibrée et le rythme des matchs est parfois lent. En tout cas, pas assez rapide pour du basket de rue. Le plaisir n'y est pas.
- Durée de vie11/20
Le mode carrière comporte quelques idées pas toujours bien exploitées. En solo, le jeu devient vite banal et très pénible à maîtriser. Les possibilités d'éditions, aussi nombreuses soient-elle ne parviennent pas à relever le niveau. Pourtant, on dispose de plus de 70 joueurs, 130 mouvements différents et 22 localités, en vain. Le mode Online permettra de voir le jeu sous un angle un peu moins plat...
- Bande son12/20
Exclusivement en anglais, la bande-son partagera selon les goûts. Il est évident qu'un amateur de rap s'y retrouvera alors que les autres déchanteront très vite sous la répétition des morceaux proposés. Le speaker présent lors des matchs apporte quant à lui une touche sympathique. Cela reste tout de même assez morose malgré un public présent par intermittence.
- Scénario/
Ubisoft et Black Ops se sont trompés avec And 1 Streetball. En souhaitant aborder l'univers des rencontres de rues de manière un peu plus réaliste, ils ont partiellement dénaturé le principe même de ce type de jeu qui est d'apporter une bonne dose de fun. Un gameplay approximatif et une IA inégale ne font que confirmer cette impression. NBA Street n'avait pas de concurrent à sa mesure. Il n'en a toujours pas.