Dans la lignée de Let's Make A Soccer Team et avec quelques ajouts anecdotiques chipés par-ci par-là, Virtua Pro Football tente sa chance à son tour et ambitionne de séduire les joueurs européens. Adapté de la version nippone répondant au nom de World Football Climax, le jeu de Sega tente de faire illusion en s'appuyant sur des idées a priori sympathiques et originales.
Virtua Pro Football, c'est un combiné de Pro Evolution Soccer Management, de Let's Make A Soccer Team et de Soccer Life. Du premier, il tire ses licences (espagnoles, hollandaises et italiennes) et son interface à peu de différences près. Du second, il reprend les exacts mêmes graphismes et son commentateur Jean Rességuié. Du dernier, il remet au goût du jour la gestion psychologique de la carrière d'un joueur et des répercussions que peut avoir son état mental sur ses performances en match. Voilà donc un mélange bien particulier de trois titres n'ayant jamais réussi à convaincre et possédant trop de tares pour s'imposer comme des références sur PS2, une console qui compte des dizaines de clones de ce type. Alors forcément, vous vous doutez bien que la fusion d'un trio de déceptions ne donne pas naissance à un hit mais bien à un titre qui a du mal à nous convaincre, joueurs européens, alors qu'il saura satisfaire de nombreux fans du genre au Japon. Allez savoir pourquoi...
Si le jeu dispose de différents modes (exhibition, compétitions, entraînement et "modifier"), c'est sur le mode "joueur" que l'on s'attardera immédiatement. Vous l'aurez deviné, c'est le pendant des modes carrière que l'on a parcouru dans de nombreuses autres productions. Ici, vous ne contrôlez pas un club ni même une sélection nationale mais bien un seul et unique joueur professionnel. Vous commencez par choisir son nom, son apparence physique mais également et surtout son poste de prédilection qui sera déterminant quant à la manière dont vous devrez l'aider à évoluer au sein de sa formation. Malheureusement, il est impossible d'incarner un gardien de but. Dommage pour les nombreux fans de ce poste que nous sommes... Il faut donc jeter votre dévolu sur un autre poste : arrière central, arrière latéral, milieu défensif, milieu offensif, ailier, milieu latéral et attaquant. Des positions qui restent un peu trop collées aux appellations de PES, on traduira donc en : stoppeur, arrière latéral, milieu récupérateur, meneur de jeu, ailier, milieu offensif excentré et attaquant. En fonction de ce choix, il vous faudra mettre l'accent sur différents styles d'entraînement destinés à améliorer les attributs généraux de celui que vous incarnez : attaque, défense, capacités (spécialités), physique et mental. En parallèle, chaque séance et match aidera le joueur à progresser sur ses qualités moins intrinsèques et ainsi étoffer son volume de jeu.
Tantôt, les entraînements sont simulés et vous n'avez qu'à choisir son programme, tantôt il vous faut participer à des défis pour franchir les paliers un à un et monter dans l'estime du coach. Mais attention, tout n'est pas question que de talent ou de travail, il faut aussi veiller à la fraîcheur mentale du joueur. Pour cela, rien de tel que des défis réalisés sans souci et des matchs remportés grâce à une ou plusieurs actions individuelles de classe. Si l'inverse se produit, la motivation sera au plus bas et il faudra multiplier les séances d'entraînement ou attendre une mise au point du coach pour repartir de bon pied. Là aussi, le tout est de savoir faire la part des choses et ne pas trop forcer sur la case travail pour ne pas couper les jambes du petit gars. D'autres choix s'offrent à vous comme ceux de prendre du repos à votre domicile, de faire un bilan de santé ou des tests dans une clinique spécialisée ou de sortir tout simplement pour penser à autre chose et revenir plus déterminé que jamais. Enfin, gardez conscience que votre image est très importante et que vos moindres faits et gestes influent grandement sur la jauge schématisant votre ego. Considéré comme la star de votre club, vous serez confronté régulièrement aux questions pièges des journalistes (avec, en général, trois possibilités de réponse) lors de conférences de presse. Mais vos coéquipiers, dû à votre statut, n'hésiteront pas à venir vous demander conseil. Si vous ne répondez pas à leurs attentes, il se peut que vous ne soyez plus épaulé et que vous vous sentiez bien peu entouré sur et en dehors du terrain.
Le terrain, parlons-en. Tout d'abord, notons que l'on ne participe pas à tous les matchs de la saison et qu'aucun réel calendrier ou classement n'est disponible. En fait, vous ne faites que quelques apparitions et ne disputez au début qu'une partie des rencontres pour aider votre équipe à prendre un ou trois points en fonction du score au moment de votre entrée sur le gazon. Statistiquement, il n'y a donc aucun moyen de connaître la progression du club dans le classement, tout est très théorique. On passe beaucoup plus de temps à faire en sorte que le joueur évolue bien et s'entraîne régulièrement. Pour ce qui est des matchs donc, on ne retrouve pas le concept de Libero Grande puisque l'on dirige chacun des onze joueurs (même si l'objectif est de bien faire figurer son protégé) et l'on choisit la tactique à employer avec une partie des options trouvées dans PES. Le vrai plus de ce titre est de pouvoir, en possession du ballon, déclencher à tout moment des "un-contre-un" en appuyant sur R2. A partir de là, on dispose d'un laps de temps réduit avant l'intervention de notre adversaire direct pour le dribbler et choisir le geste technique qui le déstabilisera. Un didacticiel se tient à notre disposition pour détailler chacun des mouvements qu'il est possible d'effectuer : feinte de départ sur un côté, dribble, petit pont... C'est sans aucun doute un plus mais qui n'est pas exploité comme il se doit, devenant très vite lassant et répétitif.
La base de données quant à elle, se rapproche de celle de Let's Make A Soccer Team. On retrouve trois pays licenciés : l'Espagne, l'Italie et les Pays-Bas en plus des non-licenciés que sont l'Allemagne, l'Angleterre et la France. Chaque nation dispose des clubs évoluant dans les deux premières divisions de la saison 2005-2006 mis à part l'Angleterre qui propose les quatre (!) premières divisions nationales. Ajoutons à cela une soixantaine de clubs issus de partout dans le monde et environ 80 sélections. Il y a de quoi faire mais encore une fois, la réalisation graphique médiocre du jeu remet tout en question et les licences n'y feront rien. Les visages des protagonistes sont bien loin de copier fidèlement ceux des véritables joueurs... Vous l'aurez compris, là aussi, le jeu manque de profondeur même si l'on peut toujours se reporter sur des matchs à deux ou à quatre ou s'amuser à créer ses propres compétitions, le plaisir n'y est pas et la copie rendue s'éloigne singulièrement de ce qu'est capable de proposer une PS2 en pleine possession de ses moyens. Que l'on soit connaisseur ou non, amateur du genre ou non, difficile ou non, il paraît bien improbable que l'on parvienne à accrocher de longues heures à Virtua Pro Football qui est à ranger à côté des titres sans grand relief et moroses pour une utilisation aussi bien en solo qu'à plusieurs.
- Graphismes5/20
Même constat que pour Let's Make A Soccer Team. C'est techniquement très pauvre, vide, terne et grossier. Certaines textures sont à la limite de l'acceptable et l'animation des joueurs nous ramène aux premières productions PS1. Seuls les un-contre-un sont au niveau...
- Jouabilité10/20
C'est très répétitif et l'on passe beaucoup de temps dans les menus à veiller au fameux équilibre motivation/condition physique du joueur. Sur le terrain, les possibilités ne sont pas très nombreuses et les joueurs particulièrement rigides. Au moment des frappes, le ballon part comme une fusée et rebondit de la même manière sur les gants des gardiens. L'IA est quant à elle très faible et il faut parfois savoir se débrouiller seul, surtout en défense où les latéraux se prennent constamment pour des ailiers.
- Durée de vie10/20
Outre cette impression de refaire toujours les mêmes actions, on note un manque de diversité qui fait cruellement défaut au jeu. Certes, plusieurs idées sont sympathiques mais deviennent vite des gadgets mal inclus dans ce titre à mi-chemin entre gestion et simulateur de vie.
- Bande son6/20
Jean Rességuié est une nouvelle fois l'unique commentateur des rencontres et ne réalise aucun miracle. On aurait apprécié que les différents intervenants (entraîneur, joueurs, journalistes, supporters) soient autre chose que des ventriloques. Musicalement parlant, cela reste dans la tradition des jeux nippons, à savoir discret mais lassant.
- Scénario5/20
Le tout est très mal équilibré. Même en seconde division, dans un club modeste et à peine âgé de 20 ans, sans aucune expérience, on est l'objet de multiples convoitises de la part des médias. Du coup, il n'y a pas vraiment d'évolution puisqu'on atteint le rang de star quasiment immédiatement.
Sega aura bien du mal à imposer ses productions nippones au public européen. A ce stade-là, on attend beaucoup plus d'un jeu PS2, aussi bien en terme de contenu que de niveau technique. C'est un nouveau pari manqué même si le jeu apporte un peu de fraîcheur dans les un-contre-un qu'il propose. C'est loin d'être suffisant.