Hommage à peine déguisé aux façades cartonnées des trains fantômes, avec marchmallow et toiles d'araignée factices incluses, la devanture d'une hideuse bicoque nous accueille à l'écran titre et promet des sales quarts d'heures réjouissants. Face à un film pétri d'ambitions (on a entendu parler, entre autres, de renouveau du film d'animation pour enfant), il est facile de percevoir l'adaptation vidéoludique sur GBA comme un tour de manège forain et parodique. Gagné : c'est bien ce créneau que THQ choisit d'entrée puisqu'il s'agit d'un hack'n slash rudimentaire, avec une très légère touche d'aventure.
Apparemment, le film de Gil Kenan, chapeauté par Zemeckis et Spielberg, réussit à vous glacer le sang dans son dernier quart d'heure. Il n'en sera jamais ainsi dans l'antre sur GBA, rendu avec pas mal de peine. Cadrée par une vue en plongée comme dans Link To The Past, cette Monster House n'a rien de franchement sinistre, la faute à des couleurs vives et lumineuses. Les tons obscurs du film ont été lourdés et font place à une colorisation permanente, de surcroît assez primaire : un peu d'orange, de mauve, de jaune. Il ne fait aucun doute que ce parti pris est destiné à rendre lisible l'action, au détriment de l'ambiance nocturne pourtant annoncée sur le packshot. Le dessin des décors et des objets est assez gras, on est loin de la précision de Nos Voisins Les Hommes, pour prendre un exemple récent. Bon, les trois personnages jouables, DJ, Chowder et Jenny, sont reconnaissables, c'est sans doute l'essentiel. Leur histoire est celle de l'enfance confrontée à une légende urbaine cruelle. Le loup ici, c'est donc cette maison au bois gris, laissée vacante par son propriétaire depuis peu. Quand ce dernier, un vieux grand-père tout aussi austère, était encore là, elle se contentait de confisquer les jouets de tous les gosses du coin. Maintenant qu'elle a quartier libre (arf), sa gourmandise semble bel et bien s'étendre aux humains. Les trois kids, armés de pompes à eau, sont les seuls à pouvoir entreprendre un sauvetage qui va s'étendre aux 5 étages de la baraque. Dans Monster House, la majorité des pièces fonctionnent comme les salles des donjons du premier Zelda. En vase clos, vous devez disposer de plusieurs vagues successives d'ennemis, récupérer une clé, ou actionner des interrupteurs pour vous fournir un accès vers la suite. Certaines pièces sont liées entre elles par un mécanisme quand d'autres requièrent l'utilisation d'une lampe torche pour pouvoir voir quelque chose.
Hantée, le logis est loti de zoomorphismes baroques très savoureux. Sans égaler la folie d'un Beetlejuice ou la loufoquerie du prochain Contact et son centre commercial maudit, Monster House remplit correctement le cahier des charges. Les chaises font les taureaux, des lustres sphériques singent les chauves-souris, des bouquins papillonnent dans les airs comme de mauvais vautours. Pour contrer ce bazar mortel, votre arsenal mouillé est aussi efficace que l'aspirateur de Luigi. Chacun des gamins, que l'on choisit à l'aide de la gâchette gauche, fait cracher l'eau d'une manière différente : tir simple et puissant, concentré et multiple ou rapide et léger. Dans tous les cas, le réservoir de votre pompe peut se vider et vous devrez alors trouver des billes d'eau en détruisant les pots de fleurs aux alentours. Pour neutraliser les saletés possédées pendant ce temps-là, la raison impose de revenir sur DJ, le héros, afin d'utiliser le flash de son appareil photo, qui immobilise les monstres quelques temps. La prise en main de cette version GBA manque de cohérence et de souplesse. Par défaut votre avatar marche et se tourne sur les quatre axes à une vitesse un peu frustrante. Pour l'exciter très légèrement, il faut agir avec deux touchés rapides sur la croix D. Mais ce n'est qu'un coup de boost et pas un passage en mode course. Le mode combat consiste quant à lui à maintenir la gâchette droite pour fixer son personnage sur l'axe en cours. Problème, la manipulation du boost est toujours active et gêne considérablement la visée d'un ennemi à un autre. En fait, il aurait été plus intelligent de fixer une vitesse de course plus agréable en mode déplacement et de la restreindre à la marche avec la gâchette droite enfoncée. Enfin, ce n'est que mon avis, hein...
10 étages, c'est beaucoup. Que THQ ait opté pour une typologie de jeu assez arcade est louable mais dangereux en terme de renouvellement. Cette version, toujours signée A2M tient bien mieux la route que sa congénère sur DS. Les apparitions des améliorations pour votre personnage comme votre pompe à eau sont mieux disposées même si on en a fait le tour à la moitié du jeu. L'éventail est peu original mais utile : des armes secondaires, des déclencheurs d'effets de zone un peu dans la lignée du flash de DJ et un déguisement pour devenir invisible. Bien exploitées, elles viennent servir la cause d'un level design qui s'offre quelques séquences d'infiltration, de puzzles ou de sprints, ce qui coupe joliment l'élimination en série des adversaires. Par effet de contraste, les affrontements deviennent rapidement des corvées et empêchent ce Monster House sur GBA de satisfaire le divertissement suffisamment longtemps.
- Graphismes7/20
Pour soutenir la lisibilité de l'action, cette adaptation fait le dos rond à une ambiance nocturne et inquiétante. A contrario, les décors sont lumineux et hauts en couleurs. Le rendu est mitigé, la 2D bave un peu, le titre peine énormément à s'approprier une ambiance visuelle. Par contre, les animations sont très coulantes et bien décomposées.
- Jouabilité10/20
Sur un rythme assez paisible, le gameplay use de codas reconnus, du shoot à la loaded sur fond d'exploration et de mécanismes à la Link To The Past. Il n'égale aucun des deux titres dans leurs domaines respectifs et souffre d'un manque de renouvellement à partir de la moitié du jeu. Dommage, mais ça reste toujours mieux que la version DS.
- Durée de vie7/20
THQ a choisi de produire un seul mode solo et de le bourrer au maximum, c'est finalement sans doute sa principale erreur. Le choix est doublement malheureux puisque la durée de vie n'est pas des plus conséquentes pour autant. Un joueur rompu à cette typologie assez arcade disposera des 10 étages en 5 bonnes heures.
- Bande son6/20
Quelques notes de piano suspendues dans un écho digitalisé forment l'unique thème musical, réinterprété de diverses manières selon l'endroit où se trouve le joueur. Ce recyclage est gonflant, et la piètre qualité de la restitution sonore ne permet de toute façon pas de prendre du plaisir à l'écoute.
- Scénario/
-
Sans totalement démériter, A2M et THQ n'ont pas réussi à rendre à leur maison hantée la consistance et l'allure d'une vraie foire aux monstres. Quelques problèmes d'ergonomie et l'absence de regains d'intérêt à partir de la moitié du jeu rendent cette adaptation dispensable. Monster House sur GBA est toutefois meilleur que la figuration DS, car on l'épuisera moins rapidement. L'état des comptes est tout de même négatif.