Comme bien d'autres films d'animation avant lui, Monster House ne pouvait pas sortir dans les salles obscures sans déboucher sur une adaptation en jeu vidéo. Proposées par THQ sur consoles de salon et portables, les différentes versions nous arrivent donc en même temps que le film, et nous allons nous intéresser ici à la mouture disponible sur GameCube et PS2.
Pour commencer, Monster House n'est pas un titre qui passionnera les joueurs qui n'auraient pas pris la peine d'aller voir le film éponyme au cinéma. Il est clair qu'il vaut mieux avoir apprécié l'histoire sous sa forme première pour la trouver à son goût sur console, même si le titre n'est pas mauvais en soi. L'inverse est évidemment possible, mais plutôt déconseillé, car le fait de connaître la plupart des événements clés risque de vous gâcher considérablement la découverte du long-métrage. Pour la petite histoire, l'aspect visuel du film de Gil Kenan repose essentiellement sur la technique graphique qui avait été utilisée dans Le Pôle Express, et qui consiste à réaliser les visages des personnages en partant d'acteurs réels. Je remercie au passage Aiste pour ses investigations à ce sujet.
Dans Monster House, un trio d'enfants curieux décide d'enquêter sur un étrange manoir qui serait la cause de fréquentes et mystérieuses disparitions. A l'approche de la fête d'Halloween, il n'est pas question de laisser des dizaines d'enfants s'aventurer seuls dans le domaine de M. Nebbercracker. DJ, Chowder et Jenny vont donc se dévouer pour tenter d'élucider le mystère qui plane sur cette maison en pénétrant à l'intérieur. Le soft nous propose donc de les accompagner dans leur périple, en arpentant une à une toutes les pièces de la demeure. Très vite, nos jeunes amis vont être séparés et devront errer chacun de leur côté dans des directions opposées. Il n'est donc pas question de coopérer, comme c'était le cas dans le dernier jeu Harry Potter, mais plutôt de surmonter la peur de l'isolement et de l'inconnu en s'enfonçant toujours plus loin dans cette maison hantée.
Le jeu se découpe ainsi en différents chapitres qui se succèdent au fur et à mesure que l'on grimpe dans les étages de ce manoir maudit. On alterne donc régulièrement entre les trois personnages, ce qui ne renouvelle pas autant qu'on pourrait le croire l'expérience de jeu puisqu'ils ont tous à peu près les mêmes capacités. Tous sont armés d'un pistolet à eau qu'il faut recharger régulièrement, mais dont la cadence de tir diverge d'un héros à l'autre. En plus de cette arme de pacotille, les enfants disposent chacun d'un arsenal secondaire qui va du lance-pierre aux flashes d'un appareil photo en passant par les bombes d'eau. Quelques mouvements d'esquive sont également autorisés pour éviter les attaques sournoises de vos ennemis, que vous pourrez également repousser violemment s'ils s'approchent trop près de vous.
Mais qui sont ces ennemis qui résident dans le manoir de M. Nebbercracker. Sans vouloir vous gâcher la surprise, on se doute que c'est la maison elle-même qui est possédée, et même si elle n'est pas toujours consciente de la présence des intrus en son sein, la moindre maladresse de votre part est susceptible de la mettre en alerte. Il suffit donc de casser un simple objet décoratif pour la réveiller, ce qui entraîne une riposte violente de sa part. On a un petit peu l'impression que cette demeure souffre et se défend à chaque fois qu'on touche quelque chose, et c'est alors tout l'écran qui prend une teinte macabre pour annoncer l'attaque probable d'un objet du décor. On assiste ainsi à des phénomènes insolites avec des objets qui s'animent pour nous attaquer, des livres qui volent, des boutons de porte qui sautent, ou encore des chaises qui se déplacent comme des araignées.
Quelques rares actions contextuelles ont également été intégrées pour renforcer la mise en scène, d'autant que la maison tremble sans arrêt sur ses fondations, les murs s'effritent et les bruits suspects font sursauter les enfants, à défaut de surprendre réellement le joueur. Les adolescents avancent d'un pas mal assuré, jettent des regards craintifs aux alentours, ou mettent en joue tout ce qui pourrait leur vouloir du mal, comme un téléphone qui a le malheur de sonner, une télé qui s'allume toute seule ou une armoire qui claque brutalement. Même si l'effet obtenu reste plus amusant qu'effrayant, on appréciera que les développeurs aient essayé de soigner l'ambiance du titre de cette façon.
C'est également une bonne idée d'avoir opté pour une perspective à la Resident Evil 4, avec une caméra située juste derrière le personnage et un gameplay proche des FPS. Dommage que le résultat soit gâché par un manque total de précision et de nervosité dans les actions. De la même façon, les ennemis se renouvellent peu et la progression fait preuve d'une trop grande linéarité, ce qui finit par démotiver le joueur. Le chemin à suivre est toujours bien mis en évidence, les énigmes sont sans intérêt et l'action en elle-même n'est pas très amusante. Même les boss déçoivent par leur manque d'originalité, et on regrette que les capacités évolutives des armes se limitent à de simples améliorations de la cadence de tir du pistolet. Par ailleurs, la grande facilité de l'aventure nuit à la durée de vie, et ce n'est pas la présence d'un petit jeu d'arcade anecdotique qui en relancera l'intérêt à long terme. Monster House est donc une adaptation qui vous séduira davantage par son ambiance et son approche inattendue que par l'efficacité de son gameplay.
- Graphismes13/20
Même si la réalisation n'est pas exceptionnelle, les effets de tremblements et d'altération de l'image qui surviennent à chaque fois que la maison se défend sont bien rendus. Le design des personnages est en revanche très spécial.
- Jouabilité10/20
L'idée de faire intervenir un gameplay rappelant un peu celui de Resident Evil 4 était intéressante, mais elle est mal concrétisée. Les lacunes sont nombreuses à ce niveau-là et gâchent considérablement le plaisir de jeu.
- Durée de vie10/20
Très accessible et plutôt facile, l'aventure est également abrégée par une linéarité qui empêchera quiconque de se retrouver bloqué. On avance vite et rien ne pourra donner envie d'y revenir par la suite.
- Bande son13/20
L'ambiance sonore est plutôt soignée, le doublage est assuré par des professionnels et le résultat est intéressant, sans pour autant risquer d'effrayer des enfants.
- Scénario11/20
Le soft semble suivre d'assez près la trame du long-métrage, et quelques cut-scenes permettent de faire avancer l'histoire.
Pour une fois qu'un jeu issu d'une licence cinématographique tente de s'éloigner des sentiers battus en proposant un gameplay plutôt inattendu, on aurait envie de s'en féliciter. Malheureusement, l'idée n'a pas été suffisamment approfondie et trahit de grosses lacunes qui gâchent le plaisir de jeu. L'aventure n'en reste pas moins assez sympathique pour de jeunes joueurs.