Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Genre incontournable de l'ère moderne, le GTA-Like ne cherche pas souvent midi à quatorze heures et Saint's Row n'échappe pas à cette règle en se posant comme un véritable calque de la série de Rockstar. Ce qui ne l'empêchera guère de briller.
Autant vous prévenir tout de suite, le nom de GTA risque d'être aussi fréquemment cité que celui du jeu testé dans l'article qui suit. Si la plupart des softs qui tapent dans la catégorie de GTA s'éloignent rarement de plus de quelques brasses des standards imposés par son troisième volet, Saints Row est probablement celui qui ressemble le plus à son illustre modèle. Une fois de plus, c'est donc dans la peau d'un apprenti gangster qu'on évoluera. Fraîchement recruté, votre avatar que vous aurez créé avec une liberté assez étonnante, n'aura de cesse de faire augmenter son respect au sein de son nouveau gang de rue, menant pour lui une véritable guerre de territoire dans la ville fictive de Stillwater. Contre vous, 3 autres bandes peu enclines à vous laisser dominer la ville. On ne reviendra pas sur l'habituel couplet expliquant la liberté de mouvement offerte, tout le monde sait à quoi s'en tenir désormais quant au fait de pouvoir se promener comme bon nous semble en volant n'importe quelle voiture.
La progression dans le jeu est ici relativement classique et se divise en deux grandes sections. D'un côté, vous avez le gros morceau, les missions de conquête qui visent à mettre à mal les gangs adverses et donc à faire siens les nombreux quartiers de la ville. On notera que contrairement au fameux Grand Theft Auto, rien ici ne vous empêche de vous rendre dans un quartier ennemi et la ville vous est donc ouverte d'emblée. Vol de marchandises, destruction de bâtiments, simple rixe de rue, il y en a pour tous les goûts et à l'image de GTA, le choix vous sera donné puisque 3 de vos amis des Third Street Saints seront là pour vous confier chacun une mission différente, chacune liée à une cible précise. Mais avant de pouvoir se lancer dans une tâche si glorieuse, il faudra prouver sa valeur. Pour se voir confier une mission, il conviendra de faire augmenter son respect en conséquence, d'où l'utilité des "activités".
Il existe toutes sortes d'activités (17 pour être exact) qui ont 3 buts : gonfler son respect, gonfler son portefeuille et se divertir entre les missions. Cambriolage, escorte de strip-teaseuse travaillant en limousine, fraude à l'assurance (en se jetant devant une voiture pour simuler l'accident), détournement de convoi, courses sauvages et j'en passe. Parmi elles, certaines sont même permanentes. Qu'est-ce à dire, se demande le lecteur candide que vous êtes. Qu'une fois lancées, elles durent tout le long de la partie, comme la récupération de voitures spécifiques pour un garage clandestin ou l'exécution de contrats de tueur à gages. Le respect obtenu en fin d'activité permettra ensuite de débloquer les missions suivantes et de faire avancer notre conquête de territoire. L'argent pour sa part servira à nous relooker, à se nourrir, à s'armer ou encore à entretenir les voitures que l'on aura placées dans notre garage privé. Tout ceci passant par la fréquentation de boutiques réparties au sein du jeu. Si cela vous rappelle quelque chose, c'est normal.
Simple comme bonjour donc de faire sienne la bonne ville de Stillwater. Bien que cela soit sans compter avec les tentatives de reconquêtes menées par les autres gangs qui donneront lieu à de véritables guerres de rue auxquelles vous serez contraint de participer. Une façon de pimenter un peu la progression qui ne va pas sans quelques coups de nerfs de temps à autres tant la chose peut parfois se révéler disons dérangeante, au sens propre, puisqu'il faudra se plier à cette contrainte jusqu'à en avoir terminé. La reconquête effective ne pouvant pas se produire, votre échec ne fera que vous obliger à recommencer. Exactement comme pour les autres missions, d'ailleurs, puisqu'on retrouve cette vieille crispation héritée de vous savez qui. Lorsqu'on meurt, il faut se refarcir la mission. Le bon point étant que dans Saints Row, on nous laisse la possibilité de la reprendre du début et pas depuis un improbable hôpital situé à l'autre bout de la ville.
Jeu en main, il est donc impossible de ne pas retrouver les sensations de GTA tant les deux titres se ressemblent. Mais on note quelques différences. Notamment le fait de pouvoir se faire accompagner par une poignée d'alliés qu'il suffit de héler dans la rue une fois qu'on a atteint un certain niveau de charisme. En matière de prise en main, la donne est la même, à l'exception de la gestion des armes qui se révèle vite bancale dans Saints Row. Pour changer d'ustensile, il faut ouvrir un menu en arborescence circulaire et naviguer à l'aide du stick. Pendant ce temps, on ne peut plus rien faire et le jeu ne se fige pas. Inutile de préciser que si on se retrouve à court de munitions au milieu d'une bande ennemie, la situation devient vite critique, le temps de trouver une arme alimentée, on reste planté entre les balles. Franchement idiot comme choix.
En somme, Saints Row a clairement de quoi séduire les amateurs de la discipline et leur offre en prime une réalisation des plus sympathiques. Immeubles et voitures profitent de modèles 3D et de textures détaillées qui nous changent vraiment des moteurs poussifs de la majorité des GTA-Like (à commencer par celui de Rockstar lui-même). Certaines voitures couvertes de taches de rouille font brillamment la démonstration de cet état de fait. De plus, la ville est faite de courbes, de ruelles en pentes, de grands axes routiers genre freeway, une somme de chemins très variés qui ajoutent à la crédibilité de l'ensemble. On notera de surcroît que le jeu intègre le moteur physique Havok, ce qui n'est pas étranger à son aspect "vivant". Les morceaux de décors pouvant faire les frais de vos embardées voleront avec plus de crédibilité, de même que les pièces de votre voiture qui en subira les conséquences avec une localisation des dégâts assez complexe. La gestion des intempéries est également à souligner, particulièrement celle des orages violents du plus bel effet. Certes, la Xbox 360 ne crache pas encore ses tripes, mais tout ceci n'en est pas moins fort joli. Ce qui nous fera d'autant plus déplorer la somme de bugs. Sur la version test fournie par THQ, tout va à peu près bien tant qu'on joue en mode normal, mais une fois passé en HD, à 720p, le clipping se met à faire rage, les voitures surgissent du néant, tout comme les bâtiments les plus volumineux. Quant au framerate, il souffre de légères irrégularités peu agréables. On peut pardonner, en revanche, il est à souhaiter que les autres bugs soient limités à la version review, parce que voir un pan de décor disparaître, ça énerve un max, il faut bien le dire.
Voilà qui nous emmène donc sur le chemin des reproches adressés au titre. A commencer par la taille de la ville. Officiellement sa taille réduite entend limiter les trajets trop longs en voiture, louable intention mais il n'empêche qu'on arrive parfois à se sentir un peu à l'étroit dans Stillwater. Point de vue circulation, on ne peut pourtant pas dire que le trafic routier soit démentiel, allant parfois jusqu'à se montrer limite rabougri. Au registre des lacunes, on se plaindra d'un manque surprenant, celui des deux roues, totalement absentes du jeu. Non seulement on ne peut pas utiliser une moto, ni même un vélo, mais ces moyens de transports n'existent carrément pas. Enfin, difficile voire impossible de ne pas pester contre la gestion de la caméra. Si mon camarade Rivaol s'en plaignait à tous les étages dans sa preview, je me limiterai pour ma part à conspuer sa gestion à bord d'un véhicule puisqu'elle ne se recentre pas automatiquement lorsqu'on roule.
On le voit, la perfection n'est pas si aisée à atteindre. Malgré tout, Saints Row reste le premier GTA-Like next-gen et en l'absence de concurrence, on ne voit vraiment pas pourquoi on bouderait son plaisir dans la mesure où, en dépit de quelques problèmes techniques, le titre de Volition conserve le caractère addictif du genre.
- Graphismes15/20
Physique, niveau de détails des modèles 3D et des textures, on est gâté pour un GTA-Like. Evidemment, on n'attendait pas moins pour un jeu Xbox 360 (peut-être même plus) mais pour une fois qu'on voit un jeu du genre simplement beau, on est heureux. L'ennui, c'est que la version test n'est pas exempte de clipping et de bugs divers que l'on redoute de voir arriver dans le commerce.
- Jouabilité16/20
On court peu de risques avec un jeu qui repompe les mécaniques de GTA et qui le fait bien. Avec sa taille réduite, la ville offre cependant moins de possibilités que San Andreas, ce qui est un dommage pour un titre "next-gen". Point de vue prise en main, on ne pleurera que sur la caméra un peu indigente en voiture.
- Durée de vie16/20
De quoi se tenir occupé pour un bout de temps, Stillwater est en effet plus petite que San Andreas, mais avec 16km carrés et un bon nombre de missions principales et secondaires, vous n'en verrez pas le bout en deux jours. [Saint's Row propose un mode multijoueur impossible à tester avec la version review.]
- Bande son17/20
On retrouve le système de la radio pour ce qui est de la musique, ce qui permet d'offrir un panel assez vaste de styles musicaux. Le doublage en V.O. des cinématiques est tout à fait réussi et les speeches in-game tiennent la route. Notez bien que les dialogues valent à eux seuls la classification 18+, vous voilà prévenu, c'est cru, très cru.
- Scénario13/20
Une histoire de gangs supplémentaire qui ne fera pas sauter au plafond mais qui suffit à donner des prétextes aux différentes missions. On n'en demande pas plus au scénario.
Quelque part, on aurait tout de même souhaité que Saint's Row en fasse plus, plus sur le contenu afin d'égaler ou de dépasser les autres jeux du genre (superficie, nombre d'activités, présence des deux roues etc.), plus aussi sur la technique car s'il reste fort esthétique, on sait que la console aurait pu aller un peu plus loin et surtout se départir du clipping. Nonobstant, Saint's Row est addictif, souple, et même séduisant. Alors que les amateurs du GTA-Like ne se posent pas trop de questions, ils tiennent un bon représentant.