Si vous êtes un collectionneur avisé, vous ne devez manquer sous aucun prétexte la perle du studio Phoenix, seul développeur capable de rivaliser avec Davilex dans la production de titres infâmes et peu recommandables. Car quand Phoenix essaye de copier Mario Kart, le résultat est assez effrayant.
La stratégie du développeur hollandais étant de produire un maximum de titres en un minimum de temps, on ne s'étonnera pas de voir naître des mini-séries au sein même de leur logithèque. Super Kart GP fait ainsi partie de la famille des Myth Makers, un groupe de titres ayant tous en commun de faire intervenir une bande de personnages récurrents. Si vous ne les connaissez pas déjà, vous devrez prendre le temps de vous familiariser avec les faciès repoussants de Zeek, Zolestine et compagnie, afin de choisir lequel d'entre eux vous souhaiterez incarner. La fille en costume de lapin, le faux Père Noël, le psychopathe à tête de citrouille ou encore le bonhomme de neige et ses bottes vertes en caoutchouc ? Le choix est rude mais n'a finalement que peu d'incidence sur leur maniement durant les courses.
Les trois quarts du jeu étant verrouillés en début de partie, vous serez dans l'obligation de remporter les quatre premières courses du mode Grand Prix en 50cc avant d'avoir le privilège d'accéder aux suivantes. Si l'éventail des courses peut sembler assez large de prime abord, il faut quand même savoir que les circuits sont réutilisés plusieurs fois dans des conditions différentes, de jour ou de nuit par exemple, voire à l'envers. Qui plus est, la plupart des courses se ressemblent trop et trahissent un manque évident d'inspiration. Les plus originales ainsi que celles qui proposent un revêtement différent compensent leur regain d'intérêt par une jouabilité encore plus désastreuse que durant les courses les plus simples, ce qui, au final, fait plutôt pencher la balance du côté ratage complet.
Vous voilà donc lancé dans la toute première course du soft, et c'est seulement après 10 secondes de jeu que le doute s'installe. Tout semble tourner au ralenti, à tel point d'ailleurs que vous avez l'impression d'aller moins vite que lorsque vous vous déplacez en marchant dans n'importe quel jeu de plates-formes. Plus concrètement, le joueur a largement le temps de lâcher la manette pour éternuer trois fois en plein virage tellement les karts avancent lentement. Le calvaire s'avère tellement insupportable pour boucler les trois tours requis qu'on finit par se dire qu'il y a forcément un moyen de remédier à cela. La solution, elle réside dans le choix du niveau de difficulté qui, dans Super Kart GP, n'influe pas seulement sur l'IA des adversaires mais aussi sur la vitesse des courses. C'est d'autant plus bête que le soft vous permet aussi de choisir votre catégorie de moteurs (50cc, 100cc, 150cc), bien qu'elle soit verrouillée en tout début de partie. Pour résumer, le seul moyen de ne pas frôler la crise de nerf en jouant est d'éviter à tout prix les modes Beginner (trop lent et trop facile) et Advanced (trop difficile), pour opter sur le mode Experienced qui offre un compromis relativement correct entre les deux.
Cela dit, même une fois ces problèmes résolus, vous verrez que le gameplay est déjà tellement bourré de défauts que rien ne vous donnera envie de débloquer l'intégralité du contenu du soft. Les contrôles des différents karts sont plutôt rigides, dans le sens où ils n'offrent aucune possibilité de dérapages ou autres subtilités du même genre. On pilote les engins en se contentant de ne manquer aucune flèche accélératrice et en passant sur les options pour agresser ses opposants. Les power-ups donnent tous une impression de déjà-vu, aucun d'entre eux n'étant réellement novateur. Seule petite trouvaille, le fait de pouvoir optimiser l'efficacité des options en récupérant un maximum d'étoiles disséminées sur le terrain. Pour en revenir au gameplay proprement dit, la vue interne se révèle encore moins jouable que la vue classique, et la possibilité de passer en mode rétroviseur est plutôt anecdotique. On aurait largement préféré bénéficier d'une touche pour afficher le tracé du circuit, ce qui n'est pas prévu ici.
Par ailleurs, on sent que les concepteurs du jeu ont rajouté quelques raccourcis de dernière minute, sans essayer de les camoufler le moins du monde, ce qui fait qu'on les décèle au premier tour de piste. Inutile de s'éterniser plus longuement sur ce sous-produit. Comme tous les titres Phoenix que nous avons eu le malheur d'avoir entre les mains, Super Kart GP est un massacre en termes de réalisation et de gameplay, une preuve de plus qu'on ne pourra jamais obtenir un produit de qualité en seulement quelques mois de développement. Le mieux à faire, dans le cas où vous vous retrouveriez avec ce titre entre les mains, c'est de lui faire subir le même sort que le valet de pique lorsque vous jouez au pouilleux : vous en débarrasser !
- Graphismes3/20
La réalisation est à l'image des autres softs du développeur : un hymne à la laideur. Pas étonnant quand on voit le temps dont ont bénéficié les concepteurs pour concevoir ce titre.
- Jouabilité3/20
La plupart des circuits sont proprement injouables et brillent par un level design mal pensé. Parmi tous les modes de difficulté proposés, un seul vous permet de jouer dans des conditions décentes, avec un kart qui ne roule pas trop lentement.
- Durée de vie4/20
Si vous arrivez à convaincre quelqu'un de jouer avec vous à Super Kart GP, vous pourrez participer à des parties à 4 joueurs en écran splitté. En solo, la durée de vie est d'autant plus réduite qu'on retrouve souvent les mêmes courses dans des conditions différentes.
- Bande son1/20
Le bruit du moteur couvre complètement les musiques, mais on ne perd pas grand-chose de toute façon, vu leur qualité. Le problème c'est que ce bruit de moteur est également insupportable.
- Scénario/
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Super Kart GP mérite-t-il vraiment les trois points qui lui sont attribués ? A l'heure où les clones de Mario Kart se comptent par dizaines, le titre de Phoenix parvient à faire pire que tous les autres et mérite amplement sa place parmi les produits les plus atroces du développeur hollandais.