Nouveau film d'animation de la Warner avec des vrais bouts de Fourmiz dedans, Lucas Fourmi Malgré Lui ne pouvait passer outre une adaptation en jeu vidéo. C'est donc le studio A2M (à ne surtout pas confondre avec AM2) qui se charge de cette adaptation juteuse. Une logique marketing qui aboutit souvent à des monstres informes qui font peur aux enfants. Mais cette fois-ci, tenez-vous bien, le jeu serait presque bon dites donc ! C'est sur cette petite mise en bouche que nous allons plonger dans les tréfonds de la fourmilière et tenter de faire rentrer le jeune Lucas chez lui. C'est qu'il se fait tard quand même.
Un manque d'honnêteté. C'est souvent ce que l'on reproche à des productions vidéoludiques uniquement basées sur la notoriété de l'oeuvre dont elles s'inspirent. Leur marque de fabrique est habituellement de bombarder massivement le joueur d'extraits du film d'animation en question afin de le persuader qu'il revit les aventures des héros qu'il a vus et aimés. Un procédé avançant masqué d'une grande cape qui ne sévit heureusement pas vraiment dans le titre de Midway. En effet, vous avancerez plutôt librement sans être forcé de contempler des scènes qui n'apportent rien dans le scénario global. Ici, votre première tâche est de vous divertir et de ce côté-là, le soft parvient à tenir une partie de ses promesses. Vous mettant dans le peau du jeune héros de cette fresque à six pattes, le jeu se découpe en missions que vous débloquerez au fur et à mesure de votre avancée. Un principe éculé certes mais qui évite des grandes zones de vide ludique à l'image de certains titres de plates-formes non maîtrisés. Autant choisir une relative aisance pour ne pas se perdre et tenter de proposer une certaine variété au joueur. De ce point de vue, Lucas Fourmi Malgré Lui réserve quelques bonnes surprises, notamment dans la variété des actions possibles. Même si le tout est cruellement scripté, vous aurez l'occasion unique de vous servir de vos compatriotes fourmis pour résoudre les maigres énigmes dispersées dans votre quête.
Dès que vous apercevez un rond de couleur scintillant, il vous est possible d'effectuer un mouvement particulier en contactant les autres insectes de votre colonie par télépathie. De fait, vous pouvez leur demander soit de construire un pont avec leur propre corps, soit de vous propulser dans les airs en formant une catapulte, ou encore de concevoir une sorte de longue ligne pliable (comme une sorte d'unique jambe) afin de traverser des précipices en passant de plate-forme à plate-forme. Des idées assez inspirées qui permettent de dynamiser le gameplay et de ne pas tomber dans de l'exploration basique à grands renforts de mécanismes basiques. Malheureusement cette bénédiction s'éteint quelque peu au bout de trois heures de jeu lorsque l'on se rend compte que ce procédé se répète trop régulièrement et semble s'adapter à toutes les circonstances. Une faiblesse imaginative qui n'enlève pas le plaisir pris par ces petites touches d'originalité mais qui fait un peu douter de la suite du programme. Dans la même veine, le système de mission, proposant au départ des épreuves variées incluant des phases de courses, de recherches d'objets ou de sauvetages se transforme petit à petit en une habitude et semble coincé dans un cycle qui n'en finit pas. Mais encore une fois le jeu est construit de telle manière que cette redondance, bien présente il ne faut pas se le cacher, disparaît légèrement devant un level design bien pensé et poussant à la découverte. De plus, notre ami Lucas dispsose d'un système d'armement assez intéressant, dont l'efficacité varie suivant le type d'ennemi. Par exemple, il sera bien plus aisé de vaincre un pince-oreille à l'aide du lance-soie, alors que ce dernier ne sera d'aucune utilité contre un bête scarabée un peu violent.
Il faut donc savoir jongler entre les instruments à votre portée tout en prenant bien en compte l'environnement et les passages parfois habilement dissimulés. Une profondeur de jeu peut-être minime, mais qui convient très bien au jeune public pour lequel est destiné le soft. Dans cette même volonté de s'adapter à des joueurs "juniors", le titre multiplie les univers enchanteurs, jouant évidemment sur le rapport aux objets différents. Les boîtes de gâteaux deviennent des cathédrales, les chapeaux de cow-boy des montagnes insurmontables. Une atmosphère féerique renforcée par des petits détails visuels à l'image de vaporeux nuages enveloppant les vallées, de graines flottant lestement au gré du vent, ou de petits éléments lumineux s'élevant de la végétation. Si la réalisation graphique manque un peu de finesse, ce travail sur l'ambiance suffit à donner envie de s'investir et à profiter de panoramas parfois vraiment agréables. Néanmoins, en cherchant en un peu sous la couverture végétale, on se rend compte que le soft d'A2M réutilise de nombreuses idées de Zelda : Ocarina Of Time, tant dans la mise en place des "énigmes" que dans le système de combat, basé sur un principe de "lock" on ne peut plus similaire. Sans accuser le jeu de plagiat, cette ressemblance s'avère toutefois troublante, tout en offrant au joueur un plaisir de jeu facilement accessible. Au final donc, et malgré ces défauts de fond, Lucas Fourmi Malgré Lui s'avère plaisant et surtout possédant de véritables possibilités ludiques et d'émerveillement qui pousseront sans doute les plus jeunes à s'y essayer pour une fois sans crainte. En revanche, à la vue de son prix bien trop élevé pour sa qualité globale, il est conseillé d'attendre une baisse de tarif pour vous plonger sous la terre.
- Graphismes13/20
Certains environnements se révèlent vraiment jolis et diffusent une féerie réelle, notamment grâce à l'utilisation de petits artifices comme un travail sur la luminosité ou des éléments animés bien choisis. La réalisation globale, sans être digne d'éloges, conserve une vraie honnêteté et offre une modélisation assez correcte. L'animation est quant à elle limitée et souffre d'une sorte de raideur.
- Jouabilité11/20
Le jeu se manie plutôt bien, même si l'on peut regretter un système de sauts automatiques assez pénalisant lorsque l'on ne peut pas vraiment savoir où l'on va atterrir et quelques petits soucis avec la progression une fois accroché à une paroi. Mis à part cela, vous foulerez les divers niveaux avec aisance tout en profitant de bonnes idées de gameplay, malheureusement un peu redondantes à long terme.
- Durée de vie11/20
Se terminant en une huitaine d'heures grand maximum, le titre de Midway ne poussera toutefois pas à se réinvestir dans l'aventure une fois celle-ci close. Néanmoins, le temps de jeu assez correct permettra aux jeunes joueurs de ne pas s'ennuyer sans toutefois tomber dans le manque de densité. Un bon équilibre malgré un manque de modes annexes.
- Bande son10/20
Le problème de l'environnement sonore de ce soft vient en fait essentiellement des doublages, bien trop peu convaincants pour aider à l'immersion. Les différentes voix, si elles s'adaptent bien à chaque personnage manquent vraiment d'implication et de variations. La bande-son quant à elle reste de bonne qualité avec des thèmes manquant un peu de variété mais aux sonorités intéressantes.
- Scénario10/20
Assez simpliste, le scénario est basé sur le destin de Lucas, parachuté dans l'univers des fourmis après avoir fort mal agi à leur égard. Il devra alors les comprendre et les aider pour revenir chez lui. Un apprentissage devant le mener à avoir un regard plus fin sur ce qui l'entoure. La mise en scène des phases scénarisées reste assez succincte.
Très correct pour un jeu licence, habituellement sans scrupules, Lucas Fourmi Malgré Lui est un titre qui n'est pas sans défauts, loin de là, mais qui a le mérite d'être honnête et de proposer un plaisir de jeu non feint. De plus, le bonheur de la découverte est bel et bien là, donnant au joueur l'envie de poursuivre. Attendez toutefois de le trouver à un prix un peu moindre, car s'il est sympathique, ses 45 euros le sont moins.