CivCity Rome est une sorte de Civilization à l'échelle d'une ville, ou tout du moins, c'est comme cela que les développeurs présentent leur bébé. Il s'agit donc d'un city builder où vous devez bâtir une ville en partant de zéro. C'est un jeu à part entière qui reprend quelques éléments de la fameuse série de Firaxis tels que la grande place laissée à la recherche, les merveilles, la civilopédia... Hélas, nous allons voir que CivCity Rome est loin d'avoir l'envergure de son illustre aîné.
C'est Firefly Studios (Stronghold...) qui a assuré l'essentiel du développement de ce spin off à la série des Civilization. Cependant attention, car si CivCity Rome s'inspire bien de Civilization par certains de ses aspects, il s'en éloigne fortement car vous ne pouvez pas développer votre ville sur plusieurs milliers d'années. En effet, on reste à l'époque de la Rome antique. Le jeu ressemble donc plus à Caesar 3 ou à Glory of the Roman Empire. Tout commence par l'établissement d'un forum sur la carte, forum qui sera votre centre-ville. Ensuite, vous pourrez construire des maisons pour accueillir vos citoyens, maisons qui évolueront au fur et à mesure que vous subviendrez aux besoins de plus en plus nombreux des habitants. En effet si au départ, ils se contenteront de peu (de l'eau et un peu de viande), si vous souhaitez améliorer leurs demeures, il va falloir fournir tout un tas de produits et de services (distractions, temples, thermes...). L'avantage de développer les maisons est important : vous percevrez plus de taxes d'un palais que d'une simple cabane.
L'argent provient d'ailleurs essentiellement des impôts que paient vos citoyens. Il est très important puisqu'il est nécessaire pour construire les différents bâtiments et infrastructures (routes...) mais aussi pour payer les salaires des travailleurs. S'il est impossible d'augmenter ou de baisser les taxes, vous pouvez en revanche agir directement sur les salaires en montant ou en baissant la rémunération générale. Evidemment, vous ferez des économies en les baissant, mais vous vous attirerez aussi les foudres de vos citoyens qui n'apprécient pas trop d'être sous-payés. A l'inverse, si vous augmentez les salaires, cela vous coûtera très cher mais améliorera le bonheur des habitants. Le bonheur est une notion essentielle de CivCity Rome. Gradué sur une échelle de 100, il représente l'attractivité de votre ville. S'il tombe trop bas, votre population aura envie de s'exiler. Il faut donc veiller à le maintenir à un niveau acceptable. Pour cela, vous pouvez agir sur les salaires, comme nous l'avons vu, mais aussi sur le temps de travail et sur les rations distribuées (si vous rationnez la nourriture, vos réserves augmenteront, mais le bonheur baissera). Il faut agir pendant toute la partie sur ces trois paramètres pour trouver le bon dosage.
Indirectement, des aspects comme le taux de chômage affectent aussi le bonheur. Et ce n'est pas tout puisque certaines recherches (telles que la philosophie) peuvent vous octroyer un bonus temporaire de bonheur. Pendant qu'un tel bonus est actif, vous pourrez baisser les salaires et instaurer un rationnement plus strict ce qui vous permettra d'augmenter votre compte en banque et vos réserves sans risque d'exode. Mais il faudra penser à rétablir la situation une fois que le bonus ne sera plus actif si vous ne voulez pas voir le bonheur de vos habitants baisser de façon drastique. La recherche tient une grande place dans le jeu et ce ne sont pas moins de 70 technologies diverses et variées qui peuvent être découvertes. Pour cela, c'est très simple puisqu'il suffit de choisir sur une liste l'élément que vous souhaitez rechercher. Il faut bien choisir selon la mission que vous aurez à accomplir car chaque recherche prend du temps et vous pouvez n'en lancer qu'une seule à la fois. Par exemple, si votre but est d'exporter une certaine quantité de pierres, il sera judicieux de rechercher une technologie permettant d'améliorer la production des carrières.
Ca tombe très bien que je vous parle de l'exportation de denrées, puisque c'est l'occasion de vous toucher un mot du commerce. Le commerce s'effectue avec les cités voisines. Vous avez en effet accès à une carte des environs sur laquelle vous pouvez voir les autres villes et surtout ce qu'elles vendent et achètent. En créant une route commerciale et un marché, vous pourrez acheter les biens dont vous avez besoin et vendre ceux que vous surproduisez. C'est d'ailleurs un bon moyen de gagner de l'argent. La carte des environs a une autre utilité : elle permet de voir les armées ennemies progresser. Et oui, car il peut y avoir des combats dans CivCity Rome. Une fois que vous aurez bâti un fort et des centres de production d'armes, vous aurez des troupes que vous pourrez envoyer à la rencontre des envahisseurs pour les arrêter. Hélas, les combats sont très simples puisqu'ils sont automatiques. En gros, c'est la plus grosse armée qui gagne. Si vous n'interceptez pas vos ennemis, ils viendront dans votre cité et détruiront des bâtiments... à moins que votre petite ville chérie ne soit bien défendue avec des fortifications et des troupes prêtes à accueillir les assaillants comme il se doit. Mais là aussi, c'est assez simpliste. Vous ne déplacez pas chaque soldat un à un mais des cohortes entières. Il vous suffit de cliquer sur les unités ennemies pour donner l'ordre d'attaquer. Bref, on est très loin d'un véritable jeu de stratégie sur le plan des possibilités tactiques.
Le gameplay de CivCity n'est donc pas mauvais, il est juste très classique. C'est essentiellement sur le plan du contenu que le titre déçoit, surtout lorsqu'on connaît la durée de vie d'un Civilization et que l'on comptait bien avoir affaire à un titre à la forte rejouabilité. En l'espèce, ce n'est pas le cas. En fait, on n'a accès qu'à deux modes de jeu : la campagne et le mode "jeu libre". Dans la campagne, vous devrez prendre en charge successivement plusieurs villes. C'est en fait une suite de missions à accomplir. Typiquement, vous aurez des objectifs du genre "livrer 60 lots de marbre à Rome". Quant au jeu libre, c'est une sorte de mode bac à sable. Hélas, il n'y a pas de possibilité de générer de cartes aléatoires comme on peut le voir dans d'autres city builders et dans Civilization 4. Ici, vous n'aurez que neuf cartes sur lesquelles vous amuser. C'est beaucoup trop peu, surtout que l'on ne peut rien paramétrer, pas même les conditions de victoire. Sur chacune des cartes, vous devrez en effet effectuer certaines tâches fixées d'avance pour l'emporter. Certes, il y a bien un éditeur de maps, mais là, je trouve tout de même que les développeurs se reposent un peu trop sur la communauté des joueurs pour pallier au manque de contenu de leur titre. C'est flagrant et c'est le plus gros problème de CivCity Rome qui n'a donc pas une durée de vie colossale.
Hélas, le contenu n'est pas le seul défaut du jeu. On regrette aussi que l'accélération du temps n'aille pas au delà de X3. A de maintes reprises il faut donc attendre qu'un bien soit en quantité suffisante dans un entrepôt avant de pouvoir passer à la mission suivante. Dommage que l'on ne puisse pas aller plus vite. Autre petit point frustrant : pendant la campagne, et même lorsqu'on garde sa ville et ses recherches, on ne conserve pas l'argent accumulé d'une mission sur l'autre. Je vous avoue que c'est assez frustrant lorsqu'on s'est évertué à développer une activité profitable et que l'on perd tout en changeant de mission. Dernier défaut : la finition est loin d'être parfaite. Tout comme Civilization 4 à sa sortie, on rencontre quelques bugs. Je vous rassure, rien de vraiment grave, mais de petits problèmes qui gâchent un peu la vie du joueur. Entre autres exemples, on peut citer des problèmes de pointage lorsqu'on met une autre résolution que le 1024x768 ou un cadre noir sur l'éditeur de niveau en 1280x1024. Ce sera certainement corrigé par un futur patch, mais c'est toujours désagréable d'avoir affaire à un jeu pas vraiment finalisé. Au final, CivCity Rome n'est pourtant pas un mauvais soft, c'est juste un petit city builder sympathique qui manque cependant cruellement de contenu pour se faire une place au soleil. On est très loin de la richesse d'un Civilization 4 et des meilleurs city builders.
- Graphismes14/20
Si au début des parties, les graphismes restent assez sommaires, plus la cité grandit et plus on s'aperçoit que les ombres et les animations sont soignées. Cependant, Glory of the Roman Empire reste plus joli.
- Jouabilité14/20
Le gameplay est parfaitement réglé et nous gratifie de quelques idées intéressantes comme la gestion du temps libre des citoyens. Néanmoins, on a plutôt affaire à un city builder très classique qu'à un véritable Civilization à l'échelle d'une ville. Enfin, on peut regretter que certains aspects du jeu (tels que les combats) n'aient pas été plus complets en matière de fonctionnalités, cela aurait pu enrichir le gameplay de façon conséquente.
- Durée de vie11/20
C'est certainement sur ce point que les développeurs de CivCity Rome déçoivent le plus. En effet, il ne se sont vraiment pas foulés. Certes, il y a un éditeur de cartes, mais l'absence de générateur de maps aléatoires, de mode multijoueur et l'impossibilité de régler les conditions de victoires des parties en bac à sable sont problématiques pour l'intérêt du jeu sur le long terme.
- Bande son15/20
La musique est sympa, les effets sonores sont variés et très bien réalisés et pour couronner le tout, les voix françaises restent crédibles. Bref, la bande-son est de qualité.
- Scénario/
Lorsqu'on a l'ambition de créer un Civilization à l'échelle d'une ville, on a le devoir de ne pas décevoir les fans. Pour ce qui est de CivCity Rome, le pari n'est qu'à moitié gagné. Non pas que le jeu soit mauvais, car cela reste un bon petit city builder, mais on attendait tout de même mieux. Le contenu surtout, n'est pas à la hauteur avec un nombre de cartes plutôt faible et l'impossibilité de paramétrer finement les parties (on ne peut pas régler les conditions de victoires, il n'y a pas de générateur de maps aléatoires...). Au final on obtient un titre correct, au gameplay bien réglé, mais qui n'a pas l'envergure du grand Civilization 4 ou des meilleurs city builders du marché. Les amateurs du genre peuvent néanmoins se laisser tenter.