Sorti récemment sur les écrans de la France entière à grands renforts de marketing écoeurant, X-Men volume 3 reprend l'un des passages les plus sombres du comics original en y intégrant des éléments légèrement différents, qui, selon les fans, portent cruellement atteinte à l'oeuvre première. C'est donc auréolé de cette casquette de petit rebelle que le long-métrage de Brett Ratner arrive sur une DS qui s'y attendait tout de même un tantinet. Que vont donc devenir les fières griffes de Wolverine et les murs de glace d'Iceman sur les petits écrans de la portable de Nintendo ? Je vous laisse le découvrir. En tout cas, c'est officiel. C'est déjà ça de pris.
Reprenant le statut de base de distribution massive de coups divers appartenant à ses grands frères, cet opus d'X-Men lorgne tout de même davantage du côté du hack'n slash futuriste et surtout tactile. En effet, DS oblige, le jeu tire parti pratiquement exclusivement du maniement du stylet. Un point fort positif, notamment lorsque l'on se rend compte du grand nombre de softs qui se voient volontairement affublés d'une pseudo compatibilité tactile, se résumant dans la plupart des cas à une sélection dans les menus. Néanmoins et malgré cette envie visiblement profonde de se démarquer par ce biais, le titre d'Activision tombe dans le travers inverse. A trop utiliser la technologie assez révolutionnaire de la portable de big N, on finit par terminer sa course dans un mur d'orgueil. Effectivement, si on ne peut que louer le parti pris de départ, il est évident qu'un lourd problème de déséquilibre est venu se greffer sur ce corps déjà un peu malade. Dans les faits, le gameplay d'X-Men : Le Jeu Officiel se compose d'une gestion de la croix directionnelle ou des quatre boutons principaux dans le cas d'un gaucher pour avancer et d'une omniprésence du stylet dans tous les autres cas. Outre le fait d'obliger le joueur à s'atrophier les muscles de la main soutenant la console, ce système laisse également libre cours à des pulsions sauvages, voire autodestructrices. Pourtant, tout commençait à merveille.
En effet, tenant vaillamment le stylet du bout des doigts, il est fort aisé de se laisser prendre au jeu durant les premières minutes. Tandis que vous tentez de progresser en économisant la force de votre poignet, vous découvrez avec bonheur le fonctionnement général pratiquement semblable à un diablo-like, dans le sens où vous devez, avant toute action, cibler l'un de vos ennemis en le pointant avec le stylet. Un peu à l'image de l'utilisation de la souris dans le genre de soft précité. Une fois cela fait, votre personnage se jette sur sa proie, vous obligeant simplement à le diriger dans la bonne direction. Un système d'assaut se situant entre l'automatique et le manuel qui semble laisser à première vue une relative liberté de mouvement et surtout paraît fondé sur un équilibre judicieux entre le faible côté intuitif du système et le nombre d'assaillants arrivant à l'écran. On se dit alors que voilà enfin un titre comprenant les attentes du joueur lambda et assumant pleinement ses choix. Une certitude qui s'évanouit rapidement à partir du troisième niveau, exposant dans une sorte de fureur ce que va être votre vie dans les heures qui vont suivre. Le chaos fait une entrée fracassante et laisse s'exhaler un déséquilibre tant au niveau des protagonistes que vous avez l'opportunité de diriger, que dans la construction même du soft. Ces pauvres innocents au nombre de quatre se nomment Magneto, Logan, Iceman ou encore Diablo. Un quatuor bizarrement choisi, censé pourtant mettre un terme aux agissements du comité anti-mutants et d'un ennemi bien plus discret et ombrageux. De fait, cet éclectisme permet de varier l'approche des divers niveaux, mais surtout des schémas de jeu. Une idée digne d'intérêt, mais qui se fond dans une mise en place catastrophique des rapports entre les mutants.
Pour résumer la situation, Wolverine attaque au corps-à-corps et peut se régénérer, Iceman peut tirer à distance, Diablo ressemble en grande partie à ce bon vieux Logan mais peut arrêter le temps afin de passer dans le dos de ses ennemis et Magneto peut déplacer des objets par le biais du stylet. Un ensemble de possibilités alléchantes mais qui souffrent d'une mise en commun pas franchement idéale, notamment dans les nombreuses phases mettant en scène l'arrivée de hordes d'ennemis au statut différencié. Car il est important de noter que chaque opposant s'avère sensible à un type d'attaque, suivant sa protection. En fait deux genres se détachent vraiment, ceux dénués de signes particuliers, craignant les assauts d'Iceman et de la majorité des autres membres de l'équipe dans une moindre mesure, et ceux entourés d'une aura rouge, contrant les jets de glace et ne s'avérant faibles que face aux griffes de Logan ou aux poings de Diablo. Un équilibre qui s'écroule quelque peu quand Magneto rejoint votre troupe, pouvant lancer sur n'importe quel ennemi les divers objets présents dans une pièce en leur occasionnant énormément de dégâts. De fait, vous aurez tendance à mettre de côté Iceman et Logan, ce dernier handicapé par son absence idiote de protection, pour privilégier Diablo et le surpuissant Magneto. Mais le problème le plus envahissant reste la confusion totale surgissant dès que plus de trois opposants se jettent sur vous.
Vous devez alors tenter d'apercevoir votre personnage dans le flot de pixels s'agitant, ne pas pointer son corps sous peine de déclencher son pouvoir de mutant sans le vouloir, changer de protagoniste afin de tenter de pallier le déséquilibre relatif à ceux restants, et dans tout cela essayer de comprendre comment vous avez pu mourir en moins de huit secondes sans vous en apercevoir. Un résumé assez fidèle de ce qui se passe la majeure partie du temps dans le soft, aboutissant forcément à des crises d'énervement notables. D'autant que les objectifs varient en une seule mission du très simple à l'horriblement difficile et que ces dernières ne durent souvent pas plus de trois minutes, en se répétant à outrance, tant dans leur thématique que leur déroulement. Un défaut de construction évident donc, portant un coup d'estoc au jeu, sorte de Botte de Nevers mettant un terme à tout plaisir ludique. Car si le soft se révèle divertissant les premières heures, ce principe de jeu malhabile et contraignant l'handicape grandement à long terme. Triste adaptation du long-métrage visiblement également attristant, X-Men : Le Jeu Officiel l'est peut-être un peu trop et se perd en superficialité. Si le tout part d'une bonne idée et d'une vraie exploitation de la DS le résultat n'est que trop faible pour convaincre et s'évapore dans une licence facile. Dommage.
- Graphismes9/20
Loin d'être convaincant, l'aspect graphique du titre d'Activision semble tout droit sorti d'un titre GBA bénéficiant d'une petite optimisation pour la 3D. De fait, que ce soit au niveau des effets lumineux, de l'animation globale ou de la finesse des sprites, X-Men sonne faux et creux. Et si les décors font preuve d'une certaine recherche, les scènes cinématiques s'avèrent pixélisées à outrance.
- Jouabilité8/20
Si les commandes se prennent en main assez lentement, il faut tout de même rendre hommage à l'idée de départ très intéressante, notamment dans l'utilisation complète des fonctionnalités de la DS. En revanche, la suite est bien moins attirante, notamment dans la mauvaise utilisation de cette idée, venant épauler un équilibrage calamiteux de la difficulté et une redondance des schémas de jeu assez affolante.
- Durée de vie12/20
Si vous désirez augmenter les statistiques de tous vos mutants en collectant les points nécessaires à la fin de chaque stage, vous pourrez d'avance réserver quelques après-midi. Dans le cas contraire, le titre semble se terminer assez rapidement et ne propose pas grand-chose de plus une fois ce cap passé.
- Bande son14/20
Les différents thèmes diffusés lors de votre aventure s'avèrent de bonne qualité, collant parfaitement à l'action et aidant clairement à une immersion difficile. Même si ces derniers souffrent un peu du processeur sonore de la DS ils parviennent tout de même à susciter un certain plaisir. En revanche, les effets sonores manquent quant à eux de puissance.
- Scénario/
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Si les prémices du soft laissaient espérer l'arrivée d'une adaptation de licence sympathique, la réalité dépasse la fiction cinématographique et brise tous les rêves des joueurs espérant retrouver leurs héros favoris dans des atours charmeurs. Même s'il est intéressant de découvrir une trame parallèle et de bénéficier de la présence de Magneto, absent des autres versions, la mauvaise construction du titre et ses lourds problèmes de cohésion ne vous permettront pas de tenir bien longtemps, même en étant un fan pur et dur. Espérons qu'un jeu utilisant l'âme Marvel à bon escient vienne remplacer rapidement tout ceci.