En juin 2000, sortait le premier Winback sur Nintendo 64. Mélange d'action et d'infiltration, le titre comptait bien s'imposer comme le Metal Gear de la console en proposant aux joueurs une aventure au rythme soutenu ainsi qu'un mode multijoueur pour quatre petits militaires en herbe. Six ans après, voici que sa "suite" nous arrive sur PS2. Malheureusement, le concept n'évolue pas vraiment alors que la concurrence a, depuis, parcouru beaucoup de chemin.
Trois personnages pour le prix d'un, des terroristes qui aiment terroriser, trente missions avec un air de déjà-vu et un titre qui essaye de faire peau neuve tout en reprenant le concept de son aîné. Operation Winback 2 : Project Poseidon, tout enrobé d'un parfum de nostalgie, réapparaît tel un fantôme surgit du passé. Pourquoi ? Comment ? Nul ne le sait mais le résultat reste le même sachant que ce second épisode sort aujourd'hui sur PS2 en s'adressant aussi bien aux fans de la première heure qu'à celles et ceux qui désirent découvrir un concentré d'action à la sauce hollywoodienne. A ce titre, la séquence d'introduction nous en met plein la vue en nous laissant découvrir ses trois protagonistes vedettes, Craig, Mia et Nick, dans des situations pour le moins explosives. Entre une explosion d'avion de ligne, un gunfight se déroulant dans un métro lancé à vive allure et un défouraillage/désoudage/désossage/décanaillage/fritage musclé, autant dire qu'on ne nous trompe pas sur la marchandise. Winback 2 ne fait pas dans la dentelle et assume ses choix du début à la fin... Malheureusement.
Malheureusement car dès le départ, le bébé de Koei doit traîner comme autant de boulets les nombreux problèmes émaillant sa réalisation. Ainsi, si la jouabilité n'est pas si mauvaise en soi, le fait de devoir constamment recentrer la caméra pour voir ce qui se passe devient vite un vrai calvaire. Heureusement que la difficulté progressive nous permet de nous familiariser avec les commandes qui ne requerront pas beaucoup d'attention de votre part. En effet, hormis quelques mouvements singuliers (se plaquer contre un mur pour vérifier que la voie est libre, s'accroupir afin d'éviter des lasers ou des balles perdues...), on passe le plus clair de son temps à choper des armes pour tirer dans tous les coins. Remarquez, entre un fusil de chasse, une mitrailleuse, un bazooka, un fusil de sniper, il y a de quoi faire. Signalons également le principe de la coopération avec l'ordinateur. En effet, chaque mission débute sur une scission de l'écran nous montrant les deux membres de l"équipe que nous allons diriger. Chacun d'eux prenant un chemin différent, vous devrez dans un premier temps terminer la route A en dégageant le terrain pour votre camarade puis passer à ce dernier qui pourra alors avancer sans trop d'encombres. Cependant la complémentarité des équipiers fait un peu gadget puisque pour terminer un niveau, nous devons obligatoirement résoudre toutes les énigmes, parfois en un temps limité. L'astuce nous permet malgré tout de diriger deux personnages, au look bien tranché mais disposant des mêmes caractéristiques, lors d'un même stage et d'avoir l'impression d'en voir plus, ce qui au final n'est pas vraiment le cas.
Ainsi, si on peut vivre chaque mission à travers deux points de vue différents, la petitesse des environnements nous fait dire que nos héros ressemblent plus à deux souris de laboratoire lâchées dans un labyrinthe dont ils doivent trouver la sortie. L'analogie n'est pas anodine car les quelques puzzles à résoudre se résument le plus souvent à presser un interrupteur pour désactiver des lasers, trouver une console pour débloquer un mécanisme, etc. De plus, la carte en bas de l'écran vous donne votre position ainsi que l'endroit où vous devez vous rendre. Finalement la seule difficulté du jeu provient des tirs ennemis qui peuvent faire mal, surtout si vous n'avez guère de points CRT. CRT ? CRT ! En fait, il s'agit de vos points de vie qui sont transférables du parcours A au parcours B. Pour en récupérer, vous devrez acquérir des objets, délivrer des otages ou respecter les événements temporels. Attention tout de même à ne pas foncer tête baissée au risque de mourir prématurément, ceci vous obligeant à vous coltiner une nouvelle fois la mission en cours.
Je me permets de revenir sur la jouabilité avant d'aborder la dernière ligne droite de ce test. Comme je vous le disais plus haut, vous pourrez souvent vous plaquer contre des éléments pour éviter le feu nourri des ennemis. Bien que la position soit délicate, il sera néanmoins possible de se pencher pour viser vos adversaires. Si vous prenez votre temps, vous pourrez même ajuster votre viseur pour tenter de toucher un membre (bras, jambes, ventre ou tête), cela étant bien pratique pour tuer en un coup ou désarmer un terroriste. Que dire d'autre si ce n'est que la durée de vie reste assez faible vu que la plupart des missions se termine en moins de dix minutes. Aux trente niveaux du mode solo, on rajoutera quand même quatre challenges multijoueurs peu inventifs et très limités puisque basés essentiellement sur les armes disponibles. Au final, Operation Winback 2 souffle, souffre et offre peu de sensations aux joueurs. Comprimé entre une réalisation vieillotte et un manque cruel d'originalité, l'oeuvre guerrière de Koei n'arrive jamais à sortir la tête hors de l'eau. Résultat : on nage à contre-courant en essayant de trouver le bon rythme, ce qui n'arrive jamais.
- Graphismes12/20
On a beau se balader dans des décors éclectiques, la qualité graphique n'en reste pas moins à la traîne, surtout si on compare le titre de Koei à Metal Gear Solid 3 ou Splinter Cell Chaos Theory. De plus, si on peut critiquer l'austérité des environnements (beaucoup d'acier et de béton), les mouvements mal décomposés et un peu simiesques (lorsque les personnages courent) ternissent encore plus la réalisation.
- Jouabilité12/20
Pas d'infiltration au menu et beaucoup d'action. La plupart des "énigmes" se résument à tirer dans des switchs pour ouvrir des portes ou désactiver des systèmes de sécurité. Tout comme dans le premier Operation Winback, la caméra a parfois quelques ratés même s'il est possible de la recentrer rapidement ou de la bouger manuellement. Questions armes, une dizaine de modèles vous sera proposé et pour bien en profiter le lock semi-automatique vous sera d'une grande aide.
- Durée de vie13/20
30 missions à la difficulté progressive. Bien que le jeu reste globalement facile, certains passages sont très chauds. Ensuite, la façon d'appréhender les combats contre les boss est étrange vu qu'il est possible de continuer l'affrontement une fois qu'on perd et ce jusqu'à ce que votre adversaire trépasse. Enfin, un mode 4 joueurs vous permettra de profiter de quatre modes distincts : Deathmatch, Devastation, Combat de sniper et Combat de survie.
- Bande son12/20
Des musiques qui sentent bon les films d'action des années 80 (avec une petite pincée de cuivres et de grosses louchées de percussions) et des doublages anglais moyennement convaincants car un peu trop stéréotypés. Dans l'ensemble la bande-son s'en sort honorablement, sans plus.
- Scénario8/20
Tout comme son aîné, des terroristes détenant une arme menaçant la sécurité mondiale et de l'autre bord les trois membres d'intervention d'une unité d'élite. Pas de quoi fouetter un Chuck Norris, même si les cinématiques décomplexées permettent d'apporter un peu plus de folie au jeu.
Operation Winback 2 arrive légèrement en retard et a beaucoup de mal à tenir la comparaison avec les ténors du genre. C'est d'autant plus vrai que dans quelques mois, nous arrivera Metal Gear Solid 3 : Subsistence. Bien que le jeu de Koei se laisse suivre, avec tout de même une certaine nonchalance, son gameplay vieillot, son côté caricatural et la grande redondance des missions jouent irrémédiablement contre lui. Dommage, surtout quand on pense à son aïeul qui en son temps avait su tirer son épingle du jeu sur Nintendo 64.