Déjà paru début 2005 aux Etats-Unis, Dangerous Water débarque enfin chez nous. Cette simulation fait très fort puisqu'elle permet de passer aux commandes de quatre engins très différents : avion, hélicoptère, bateau et sous-marin. Et attention, car si j'utilise le terme de simulation, ce n'est pas pour rien. En effet, les joueurs qui aiment les jeux aux commandes intuitives orientés arcade peuvent passer leur chemin car ce Dangerous Waters met l'accent sur le réalisme avec une prise en main vraiment délicate.
Les amateurs de simulation sont vraiment des joueurs à part. Ils forment presque une véritable caste et ont leur propre vocable. Ils jonglent avec aisance avec les termes de TACCO et autres TMA. C'est donc à eux et rien qu'à eux que s'adresse Dangerous Waters, qui est en fait la suite de Sub Command, sorti en 2001. Néanmoins, cette fois-ci, on ne contrôle pas seulement des sous-marins mais aussi, et comme on l'a déjà précisé dans l'introduction, des avions, des hélicoptères et des bateaux. Les connaisseurs reconnaîtront différentes unités américaines : frégate lance-missiles de classe Oliver Hazard Perry (FFG-7), hélicoptère multirôle MH-60R, avion P3-C Orion, sous-marin de classe Seawolf (SSN 21) et Los Angeles (SSN 688I). Pour ce qui est des russes, on peut commander les sous-marins furtifs Kilo, Kilo SS, Akula I SSN et Akula II SSN. Enfin, la Chine est représentée par ses Kilo et Kilo SS.
Il y a vraiment de quoi faire avec tous ces engins. Et croyez-moi, les modèles physiques et le comportement de chacun d'entre eux a été fidèlement reproduit. Remarquez, ce n'est pas étonnant quand on sait que Sonalysts, le studio de développement qui s'est occupé de Dangerous Waters, travaille avec la marine américaine depuis près de 30 ans et lui fournit des logiciels pour l'entraînement des troupes. Bref, le jeu constitue une des simulations les plus réalistes qu'il nous ait été donnée de voir. C'est d'ailleurs sa plus grosse qualité, une qualité qui se transformera en défaut pour tous ceux qui apprécient les titres à la prise en main intuitive. Ici, c'est loin d'être le cas puisqu'on a accès à toutes les commandes des machines représentées. On passe donc le plus clair de son temps à scruter les écrans de contrôle et à toucher aux nombreux boutons et leviers des consoles de commandes qui sont, évidemment, tous fonctionnels.
Il faut au bas mot plusieurs heures pour apprendre à maîtriser toutes les subtilités du pilotage des sous-marins, bateaux, hélicoptères et avions. Hélas, le jeu ne fait rien pour nous y aider. Il n'y a pas de tutoriel interactif et le manuel français du jeu n'est qu'un résumé en 110 pages de la véritable notice anglaise présente sous la forme de fichier pdf sur le DVD et qui compte, elle, pas moins de... 558 pages ! A ce titre, Silent Hunter 3, son principal concurrent, se révèle un peu moins austère et légèrement plus "accessible" (si tant est que l'on puisse parler d'accessibilité pour ces deux simulations pures). Dans Dangerous Waters, il est possible de switcher entre les différents postes. Si vous êtes dans un sous-marin, vous pouvez ainsi contrôler la navigation puis passer au poste de commande des torpilles... En multijoueur, dans le mode "équipage", cette multitude de postes que vous pouvez tenir peut être paramétrée de façon à ce que chaque joueur ait un rôle bien déterminé. Par exemple, si vous contrôlez la tourelle d'un bateau, vous ne pourrez pas avoir d'influence sur la direction que prend le navire car c'est une autre personne qui s'en chargera. Bref, gagner dans ces conditions sera le fruit d'un véritable travail d'équipe. Intéressant. Bien sûr, on retrouve aussi des modes plus classiques où vous êtes seul aux commandes de votre unité (aidé de l'IA pour certaines tâches si vous le désirez) et où vous luttez contre d'autres joueurs ou contre l'IA. Le nombre de joueurs supporté au maximum est de 30, soit largement plus que dans Sub Command.
Du côté des modes solo, là aussi, le contenu est riche. Hormis les missions séparées et le mode escarmouche, le gros du jeu reste la campagne. Dans celle-ci, vous pourrez incarner différents protagonistes : les Etats-unis, les russes loyaux ou rebelles et enfin les chinois. Mais le plus intéressant, c'est que la campagne est dynamique. En fait, selon les choix que vous ferez en cours de partie, les alliances pourront varier. Bref, si vous recommencez la campagne pour une deuxième fois et que vous ne faites pas les mêmes choix, vous n'aurez pas les mêmes alliés. Grâce à cette fonctionnalité, la rejouabilité est très importante. Et quand bien même vous n'en auriez pas assez, il vous restera toujours l'éditeur de missions qui vous permettra de créer vos propres cartes et scénarios. Il n'est pas forcément très facile à utiliser, mais il est complet puisque c'est grâce à cet outil que Sonalysts a développé le jeu. Au final, Dangerous Waters est un excellent titre pour les amateurs de simulations. Se déroulant sur un théâtre d'opération moderne, il permet de piloter quatre types d'engins très différents ce qui lui assure une variété de situations bienvenue. Tout juste pourra-t-on regretter une réalisation graphique en demi-teinte et une prise en main très délicate qui aurait gagné beaucoup s'il y avait eu un didacticiel complet et interactif.
- Graphismes13/20
On passe le plus clair de son temps face à des écrans de contrôle. Bref, ne vous attendez pas à quelque chose de spectaculaire. Silent Hunter 3 est un peu mieux réalisé et moins austère.
- Jouabilité16/20
Le jeu est très fidèle à la réalité. Il prend en compte des paramètres aussi variés que les courants, le vent... Bref, c'est très complet, très réaliste mais aussi très difficile à prendre en main pour qui n'a pas déjà des notions en matière de pilotage d'avion, d'hélicoptère, de bateau et de sous-marin. Pour ne rien arranger, le manuel français n'est qu'un résumé en 110 pages de la véritable notice de 558 pages présente sous la forme d'un fichier pdf qui est hélas resté dans la langue de Tom Cruise.
- Durée de vie18/20
La durée de vie est vraiment excellente grâce à la variété et au nombre important de missions proposées (dont certaines sont générées aléatoirement). De plus, on a droit à un éditeur de scénarios et à un mode multijoueur intéressant. De quoi ravir les inconditionnels du genre.
- Bande son14/20
C'est correct, sans plus. Disons que la bande-son, composée essentiellement de bruitages et de remarques vocales, n'est pas désagréable, mais elle n'arrive pas non plus à franchement impressionner les joueurs que nous sommes.
- Scénario/
Attention ! Même si ce jeu est de très bonne qualité, il ne s'adresse qu'à un type de public bien particulier : les fanas de simulation. En effet, sa complexité le réserve à une élite, d'autant qu'il n'y a pas de véritable tutoriel interactif pour faciliter la prise en main. Cependant, permettant de piloter aussi bien des avions, que des hélicoptères, des bateaux ou encore des sous-marins, Dangerous Waters bénéficie d'une excellente diversité de missions ainsi que d'une bonne durée de vie grâce à son éditeur de scénario et à son mode multijoueur.